Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
chiche-face qu'il f˚t, consacra deux millions et demi de livres à son embellissement. Il est vrai que Louis XIII, qui y était né, consacra beaucoup moins de pécunes à Fontainebleau, car quoiqu'il aim‚t fort la splendide résidence, il préférait Versailles pour la raison que Versailles n'était situé qu'à cinq lieues de Paris, ce qui n'imposait pas un si grand déplacement que Fontainebleau qui se trouvait, comme disait mon Alizon, " au diable de Vauvert ".
    ¿ huit heures et quart, aussi exact qu'un officier prussien, et après avoir parcouru toute la longueur de la cour du Cheval blanc (dont la statue avait depuis belle heurette disparu), je montai en rechignant l'escalier Henri II, pestant
    190
    à haute voix contre le piteux état des marches disjointes et sur lesquelles le danger de glisser et de choir était grand. Je vis enfin Beringhen qui m'attendait tout sourires sur le seuil de l'huis à deux battants déclos.
    Lecteur, de gr‚ce, ne vous y trompez pas. Si mon valet de chambre est fils de bonne souche paysanne, Beringhen, lui, est noble (qui pourrait habiller et dévêtir le roi, sinon un gentilhomme ?) et, de reste, on n'appelle pas Beringhen valet, mais officier de la maison du roi. Et de ceux-ci il y en a plusieurs, mais Beringhen en est le premier, raison pour laquelle on l'appelle, non sans respect, " Monsieur le Premier ", titre dont il se paonne fort et à juste titre. Beringhen est d'origine flamande, l'oeil bleu, le teint rose, le cheveu blond, meshui tirant sur le blanc, bon bec et bonne bedondaine, et connaissant si parfaitement le protocole et ses subtils problèmes que le roi lui-même le consulte là-dessus dans les occasions.
    - Avec mes respects, Monseigneur, dit Beringhen avec un salut des plus profonds, mais en me parlant en même temps avec une familiarité de bon aloi qui tenait au fait que mon père avait connu le sien et l'avait toujours traité avec amitié. J'ai cru ouÔr, poursuivit-il, que vous n'aimez guère le degré Henri II. Mais personne ne l'aime à la vérité, et tous redoutent les chutes qu'ils y pourraient faire. Je me permets de le dire, de temps à
    temps, à Sa Majesté.
    - Et que vous répond-Elle ?
    - "Plus tard, Beringhen ! Plus tard! Pour l'instant je n'ai pas un seul sol vaillant. Mes guerres me raflent tout. "
    Au bout de la galerie François Ier, que je ne parcours jamais sans quelque émeuvement tant je la trouve superbement ornée, Beringhen m'entraîna sur la gauche, et non sur la droite, comme je m'y attendais, puisque à l'ordinaire c'était dans la salle de bal que se tenait le Grand Conseil. Je restai bec cousu, devinant la raison de ce déplacement.
    La monumentale cheminée de la salle de bal est flanquée de chaque côté de deux satyres de bronze noir. Ils ont les cuisses fort velues, symboles des vices charnels. Ils sont placés à proximité du foyer pour bien faire entendre que

    c'est dans les flammes que se terminera, dans l'au-delà, leur vie dévergognée.
    quand Henri IV tenait Conseil, il s'asseyait le dos à la cheminée et encadré, en conséquence, par les deux satyres, ce qui le gênait si peu qu'il en faisait quand et quand des plaisanteries friponnes.
    Par respect pour un père adoré, Louis, quand il séjournait à Fontainebleau, tenait ses Grands Conseils dans la même salle, et lui-même assis le dos au feu. Mais je suis bien assuré que la présence des deux satyres derrière lui le devait gêner, car dès que le temps devenait quelque peu inclément, il disait que la salle de bal était trop grande et trop refroidie par ses immenses baies vitrées, et il tenait Conseil dans une pièce beaucoup plus petite qu'on appelait le Salon du roi et qui n'était autre que la chambre o˘ il avait vu le jour.
    Beringhen, ayant à recevoir d'autres ducs et pairs ainsi que les deux maréchaux de France qui appartenaient au Conseil (la courtoisie de l'accueil ne descendant pas plus bas), me quitta à mi-chemin de la galerie François Ier pour s'en retourner au degré Henri II. quant à moi, je gagnai le salon Louis XIII mais je ne fus pas seul longtemps. que trouvai-je là, sinon le Révérend docteur médecin Fogacer, lequel me bailla une forte brassée et me considéra longuement avec un évident plaisir, ses longs sourcils se relevant vers les tempes en même temps qu'un sinueux sourire apparaissait sur ses lèvres. Ces mimiques, en ses années plus vertes, lui donnaient alors un air méphistophélique qui correspondait assez bien,

Weitere Kostenlose Bücher