Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie
l'épaule droite, le bras et la poitrine à découvert; son travail terminé, en un tour de main, il défait cet ajustement et se drape dans sa toge: il ressemble alors, si sa toge est de petite dimension, aux statues de la villa Borghese, drapées dans le tribon , qui était porté, selon les érudits, par les Spartiates et surtout par les philosophes des sectes stoïciennes et cyniques, comme marque de la simplicité et de l'austérité de leur vie. Dans quelques œuvres d'art grec, l' exomis est représenté comme étant fait en peau: c'est le vêtement ordinaire du laboureur éthiopien.
La chlamide , regardée comme le manteau national des Grecs et dont la forme a tant exercé la sagacité des érudits, se retrouve en Éthiopie sur les soldats et le paysan en marche, l'enfant occupé à jouer ou l'homme à cheval. Ce vêtement n'est autre qu'un mode de draper la toge de dimension moyenne. Les Grecs et les Romains fixaient ce vêtement au moyen d'une fibule ou broche; les Éthiopiens s'en passent et n'en figurent pas moins les représentations de la chlamide antique. Si, à cheval surtout, les pans de leur toge sont trop courts, ils la fixent au moyen d'une longue épine en guise de broche. De même que chez les anciens, les chasseurs, les voyageurs ou les cavaliers portent leur toge en chlamide, comme est représenté l'Apollon du Belvédère.
Le caracalla ou lacerna et le paludamentum des Romains, ainsi que l' amicula me paraissent aussi n'être que des pièces rectangulaires dont on se drape différemment selon la commodité de leurs dimensions ou l'occupation qui se présente.
L'espèce de tunique dite encomboma me paraît, d'après les figures antiques, n'avoir été qu'une petite toge que les jeunes filles et les esclaves grecques fixaient aux hanches, de façon à dévêtir le haut du corps et pour que, selon Varron, leur tunique restât propre. Les enfants, les esclaves et les adolescents éthiopiens des deux sexes ajustent souvent leur toge de cette façon lorsqu'ils sont en service devant leur maître.
Pareillement de la tunicula et de nombreuses appellations de vêtements antiques, dont, au moyen de pièces d'étoffe rectangulaires, il est aisé de reproduire l'aspect et les formes.
La toga restricta des Romains a une dénomination en éthiopien qui sert à désigner une toge très-petite; de même pour la toga fusa ou toge ample, celle qui prévalut dans le siècle d'Auguste et sous les Empereurs, et qui prévalait à la cour des Empereurs éthiopiens; c'est cette espèce de toge que Quintilien qualifie de rotunda et dont les amples draperies telles qu'elles sont représentées sur les deux statues de la villa Pamphili et de la villa Médicis, sont reproduites exactement par la toge des habitants du Chawa et de quelques provinces ilmormas.
À Gondar, les vieillards se rappellent encore une toge ornée de dessins de diverses couleurs tissés dans l'étoffe; cette toge me paraît être l'équivalent de la toga picta dite aussi capitolina ou palmata qu'on voit sur les diptyques consulaires des derniers temps de Rome, portée primitivement par le consul à son triomphe; en Éthiopie, elle était réservée à l'empereur et à quelques-uns de ses plus hauts dignitaires. Tombée aujourd'hui en désuétude dans les provinces chrétiennes, elle n'est plus en usage que chez les Ilmormas du Sud, voisins du royaume de Kaffa, dont les habitants, séparés actuellement de leurs anciens souverains, les Empereurs d'Éthiopie, ont conservé ce vêtement traditionnel.
Les Ilmormas ont une toge ornée seulement d'une large raie ou bande de couleur, courant perpendiculairement le long de la toge, et rappelant le clavus latus ou laticlave , privilége exclusif des sénateurs romains. Les Ilmormas ne revêtent cette espèce de toge que si elle leur a été conférée par un de leurs rois. Ils ont aussi une toge ornée de limbes horizontaux comme la trabée des consuls et des rois du Latium; ce vêtement n'est porté que par les chefs à peu près indépendants.
La toge d'honneur ou de cérémonie, en usage aujourd'hui dans les provinces chrétiennes de l'Éthiopie, et dont le liteau en soie est tessellé, paraît correspondre au scutulatus antique.
La pœnula ou manteau en laine, quelquefois en cuir ou en peau, servant, selon les antiquaires, aux Romains en voyage, en remplacement de la toge et portée également en ville par les deux sexes contre le froid et la pluie, jusqu'à ce que Alexandre Sévère l'eût
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