Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie
expressions sinus laxus , sinus brevis , expapillatus , pour celui dont la mamelle est découverte, et des épithètes cinctus , præcinctus et succinctus , pour indiquer un homme actif, éveillé, sur ses gardes ou diligent: les adjectifs éthiopiens étant dans les mêmes rapports avec leurs racines que les adjectifs latins.
J'ai entendu maintes fois en éthiopien une expression presque identique à celle de Macrobe relativement à César: Ut trahendo laciniam velut mollis incederet , etc.; ainsi qu'à celle-ci: Cave tibi illum puerum male præcinctum , dont Scylla se servait au sujet de Pompée. L'empereur Caïus, dit Suétone, transporté de jalousie par les applaudissements qu'on donnait à un gladiateur, sortit du théâtre en si grand'hâte, ut calcata lacinia togæ præceps per gradus iret ; j'ai vu maintes fois des Éthiopiens, bouleversés par quelque émotion, se comporter de façon à se rendre applicable la description de l'auteur latin. Avant de se précipiter sur Tib. Gracchus, Scipion Nasica s'enveloppa le bras gauche d'un pan de sa toge, en guise de bouclier; Alcibiade mourut en combattant et en se servant, en guise de bouclier, de sa toge enroulée sur le bras gauche; l'Éthiopien agit de même lorsqu'il manque de bouclier; et comme le rapporte Xénophon pour les hommes de son temps, il arrive souvent aux chasseurs éthiopiens d'enrouler leur toge autour de l'avant-bras gauche au moment d'attaquer quelque animal sauvage, lorsqu'ils ne l'entourent pas autour de leur ceinture, comme la Diane chasseresse du Vatican. Selon Plaute, la lacinia , ou pan de la toge, servait de mouchoir; et soit dit à leur discrédit peut-être, les Éthiopiens l'appliquent au même usage. Ils ont aussi une expression correspondant exactement, jusque par sa racine, au mot latin: alticinctus , pour désigner celui qui a disposé sa toge de façon à ce qu'elle atteigne à peine le genou; comme à Rome, ce mode de vêtement est souvent adopté par les artisans, les paysans et ceux qui font un exercice violent. Les Romains appliquaient l'épithète nudus ou nu à l'homme sans toge, quoiqu'il fût vêtu de l' inductus ou vêtement de dessous; les Éthiopiens disent également d'un homme, dans ces circonstances, qu'il est nu. Les Romains indiquaient quelquefois l'homme des basses classes par l'épithète de tunicatus , par opposition à togatus , parce que, pour la commodité de ses travaux, le manouvrier se bornait à la tunique, tandis que l'homme aisé restait drapé dans sa toge; les Éthiopiens désignent quelquefois l'homme affranchi des travaux manuels par une épithète correspondant à togatus . Les expressions latines in sago esse ont leur analogue en éthiopien, et indiquent qu'une personne est dans les alarmes ou dans l'affliction.
NOTE II.
De même que les hommes ajustent leur toge ou une autre pièce d'étoffe rectangulaire de manière à reproduire les divers aspects des vêtements étrusques, grecs et romains, dont les dénominations diverses ont donné à croire à autant de vêtements différents, les femmes ajustent leur toge selon son ampleur, sa finesse ou selon l'occurrence, de façon à reproduire tour à tour exactement les formes et jusqu'aux plis du cyclas , du caliptra , du vica , du vicinium , de l' épomis , de l' exomis , du chiton , du diploïs , du semi-diploïs , de la palla , etc. Ainsi, l' épomis , vêtement attaché au-dessus de chaque épaule à l'articulation de la clavicule, arrêté à la taille par une ceinture et descendant jusqu'aux deux tiers de la cuisse, a été pris pour une tunique. Les jeunes filles éthiopiennes pauvres travaillant aux champs, et quelquefois les chasseurs ou les pâtres, reproduisent ce vêtement au moyen d'une togule, de façon à imiter exactement celui de la statue de Diane de la villa Pamphili. Quant à l' exomis , il ne me semble différer de l' épomis qu'en ce qu'il n'a d'attache ou d'agrafe que sur une épaule, et il me paraît être le même vêtement que le σχιστος χιτων ou chiton dorien qui, au dire de Clément d'Alexandrie, atteignait à peine le genou et était fendu sur un côté de façon à permettre la liberté des mouvements. Les jeunes paysannes éthiopiennes ajustent leur togule de cette façon lorsqu'elles vont au bois ou à d'autres travaux exigeant la liberté de leurs membres, imitant ainsi le chiton porté par les amazones, selon les antiquaires. Le diploïs et le semi-diploïs ont aussi causé de l'embarras aux
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