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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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bien patriote, la déclaration qui terminait un article magistral, intitulé Sedan, paru dans le Figaro du 1er septembre 1891, c'est-à-dire un an avant l'apparition de la Débâcle :
       ... Longtemps, il a semblé que c'était la fin de la France, que jamais nous ne pourrions nous relever, épuisés de sang et de milliards. Mais la France est debout, elle n'a plus au coeur de honte ni de crainte.
       Personne, certainement, ne souhaite la guerre. Ce serait un souhait exécrable, et ce que nous avons enterré avec nos morts, à Sedan, c'est la légende de notre humeur batailleuse, cette légende qui représentait le troupier français partant à la conquête des royaumes voisins, pour rien, pour le plaisir. Avec les armes nouvelles, la guerre est devenue une effrayante chose, qu'il faudra bien subir encore, mais à laquelle on ne se résignera plus que dans l'angoisse, après avoir fait tout au monde pour l'éviter. Aujourd'hui, des nécessités impérieuses, absolues, peuvent seules jeter une nation contre une autre.
       Seulement, la guerre est inévitable. Les âmes tendres qui en rêvent l'abolition, qui réunissent des congrès pour décréter la paix universelle, font simplement là une utopie généreuse. Dans des siècles, si tous les peuples ne formaient plus qu'un peuple, on pourrait concevoir à la rigueur l'avènement de cet âge d'or ; et encore la fin de la guerre ne serait-elle pas la fin de l'humanité ?
       La guerre, mais c'est la vie même ! Rien n'existe dans la nature, ne naît, ne grandit, ne se multiplie que par un combat. Il faut manger et être mangé pour que le monde vive. Et seules, les nations guerrières ont prospéré ; une nation meurt dès qu'elle désarme.
    La guerre, c'est l'école de la discipline, du sacrifice, du courage, ce sont les muscles exercés, les âmes raffermies, la fraternité devant le péril, la santé et la force.
       Il faut l'attendre, gravement. Désormais, nous n'avons plus à la craindre.
    Zola disant : «La guerre, mais c'est la vie même ! Elle est inévitable ! Il faut s'y préparer et désormais nous n'avons plus à craindre !» est-il un organisateur de la déroute ? Mais jamais apôtre de la Revanche n'a tenu langage plus net, plus persuasif, plus chauvin aussi. La dernière phrase est une reproduction, avec moins de latinité, du coeur «léger», le cri de l'âme exempte d'inquiétudes après la décision, le coeur intrépide, expression choisie, mais déplacée, si rudement reprochée à Émile Ollivier.
    Toutes les sottises, toutes les malveillances, toutes les déclamations mensongères de ceux, qui, pour atteindre le Zola de Dreyfus, injurièrent et maltraitèrent le Zola de la Débâcle, ne prévaudront pas contre la vérité, contre l'évidence. L'auteur a d'avance bouclé toutes ces mâchoires hurlantes avec cette affirmation, que Paul Déroulède a certainement dite avant lui, et que je voudrais voir inscrite sur tous les tableaux appendus aux murs de nos écoles primaires :
    «Seules les nations guerrières ont prospéré, une «nation meurt dès qu'elle désarme !»
    Zola a également expliqué les sentiments qui l'animaient en écrivant la Débâcle, dans une lettre, adressée à M. Victor Simond, directeur du Radical, le jour où commençait, dans ce journal, la publication de cet ouvrage.
    Cette lettre ne figure pas dans la Correspondance de Zola qui vient d'être publiée :
       Mon cher Directeur,
       Vous allez publier la Débâcle et vous me demandez quelques lignes de préface.
       D'ordinaire, je veux que mes oeuvres se défendent d'elles-mêmes et je ne puis que témoigner ma satisfaction en voyant celle-ci publiée dans un grand journal populaire qui la fera pénétrer dans «les couches profondes de la démocratie».
       Le peuple la jugera, et elle sera pour lui, je l'espère, une leçon utile. Il y trouvera ce qu'elle contient réellement : l'histoire vraie de nos désastres, les causes qui ont fait que la France, après tant de victoires, a été misérablement battue, l'effroyable nécessité de ce bain de sang, d'où nous sommes sortis régénérés et grandis.
       Malheur aux peuples qui s'endorment dans la vanité et la mollesse ! La puissance est à ceux qui travaillent et qui osent regarder la vérité en face.
       Cordialement à vous.
       ÉMILE ZOLA.
       19 octobre 1892.
        *    *    *    *    *
    Forcément, dans cette étude, qui ne saurait dépasser les limites

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