En ce sang versé
bourreau.
ARNAUD DE TISANS : sous-bailli de Mortagne.
ADELIN D’ESTREVERS : grand bailli d’épée du Perche.
CLOTILDE : jeune mendiante devenue servante chez cadet-Venelle.
À Nogent-le-Rotrou ou alentours :
ANTOINE MÉCHAUD : mire de la ville.
BLANCHE : sa belle-fille, veuve.
MAÎTRESSE HASE : aubergiste de la Hase Guindée.
GUY DE TRAIS : bailli de Nogent-le-Rotrou.
É NORA : son épouse.
S YLVINE : une mendiante.
BÉATRICE DE VIGONRIN : baronne mère.
MAHAUT DE VIGONRIN : née Leu de Cérainville, sa belle-fille, baronne.
AGNÈS DE MALEGNEUX : fille de Béatrice.
EUSTACHE DE MALEGNEUX : mari d’Agnès.
MARTINE : la vieille servante de Béatrice de Vigonrin.
En l’abbaye des Clairets :
CONSTANCE DE GAUSBERT : mère abbesse, tante de Mahaut de Vigonrin et de Marie de Salvin.
B LANDINE C REUSOT : sa secrétaire.
Personnages historiques :
PHILIPPE LE BEL, CLÉMENT V, GUILLAUME DE NOGARET, CATHERINE DE COURTENAY, ISABELLE DE VALOIS, CHARLES DE VALOIS, ARTHUR II DE BRETAGNE, LE FUTUR JEAN III DE BRETAGNE.
Prologue
Alentours de Mortagne-au-Perche 1 ,
novembre 1305
C hevauchant son étalon bai, Adelin d’Estrevers, grand bailli d’épée 2 du comté du Perche, remâchait son exécrable humeur. Des sots, des incompétents, voilà qui l’entourait ! Pis que cela ! Des abrutis qui s’imaginaient qu’un homme de son rang et de son importance se préoccupait de viles histoires de caniveau, de gueux ou d’enfants de gueux. Ils mouraient ? La belle affaire 3 . Si Arnaud de Tisans, sous-bailli de Mortagne, et son exécuteur des hautes œuvres, M. Justice de même ville, n’avaient découvert si vite l’identité du tourmenteur et tueur des petits miséreux de Nogent-le-Rotrou, il n’en serait pas là ! Enfin, passe encore que cette brute de bourreau, dont il ignorait le véritable nom, n’ait compris goutte à la délicatesse de l’affaire, mais Tisans aurait dû sentir l’ampleur politique du complot et que tous se moquaient du sort de galopins 4 ! Quant au reste, Dieu du ciel, il était bien à plaindre puisque, outre les épais de cervelle censés le bien servir et qui s’acharnaient à lui gâter l’existence, le sort s’en était également mêlé. Cette buse de Jean II, duc de Bretagne* avait eu l’indécence de décéder à Lyon quelques jours plus tôt 5 , écrasé par un mur, alors qu’il menait la mule du pape Clément V* venu se faire sacrer en l’ancienne capitale des Gaules. Sans cette stupide malemort 6 , le maître d’Estrevers, monseigneur Charles de Valois*, seul frère germain du roi Philippe le Bel*, aurait patienté encore un peu. Le grand bailli d’épée lui aurait alors apporté sur un plateau la mort du tueur d’enfants nogentais, Maurice Desprès, premier lieutenant du bailli de la ville, Guy de Trais. L’arrogant mais benêt de Trais aurait été accusé de complicité ou, à tout le moins, de coupable complaisance doublée de scandaleuse incurie. La riche seigneurie de Nogent-le-Rotrou – qui faisait saliver de convoitise Charles de Valois depuis des années – serait enfin tombée dans son giron, et le tour était joué ! Bien sûr, Estrevers aurait été grassement récompensé par moult honneurs et avantages. La peste fût des imbéciles ! Au lieu de cela, une douzaine d’enfants des rues avait été massacrée pour rien, non que leur épouvantable fin troublât Estrevers. De toute façon, ces petits saute-ruisseau 7 seraient morts bien vite, de faim, de maladie, ou d’un mauvais coup. Aussi Estrevers ne se sentait-il guère coupable d’avoir rémunéré Maurice Desprès pour qu’il expédie au plus preste, vers un monde sans doute meilleur, ces va-nu-pieds et les mutile d’horrible manière. De toute façon, ils enlaidissaient les ruelles de leur saleté, de leur vulgarité et grouillaient telle la vermine qu’ils étaient.
Tout à son acrimonie, à son indignation, Adelin d’Estrevers ne remarqua pas la nervosité soudaine de sa monture, ses mouvements de crinière, son souffle heurté, ses oreilles rabattues vers l’arrière. Au contraire, sentant que l’animal ralentissait, il le pressa de coups de talons hargneux.
Le cheval déboucha après un tournant du chemin de terre qui traversait le bois de Malétable. Dix toises* devant lui, en travers de la voie, se dressait un étalon noir de nuit, très haut de garrot. Le bai hennit, donnant du col. Estrevers comprit enfin
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