Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
sur le rivage. Toute la région côtière, que les Européens avaient baptisée Nouvelle-Angleterre, retentissait des bruits des haches et des arbres qu’on abattait. Les villages poussaient comme des champignons. En 1625, l’un des colons demanda à Samoset de leur céder six hectares faisant partie du territoire pemaquid. Samoset savait que la terre, donnée aux Indiens par le Grand Esprit, était aussi infinie que le ciel et qu’elle n’appartenait à personne. Pourtant, pour faire plaisir à ces étrangers aux mœurs bizarres, il leur accorda ces six hectares avec solennité et apposa sa marque sur un document – le premier acte de cession d’une terre indienne au bénéfice de colons anglais.
La plupart des autres colons, qui débarquaient désormais par milliers, ne s’encombrèrent pas de telles cérémonies. En 1662, avant même la mort de Massasoit, le grand chef des Wampanoags, son peuple se vit repoussé vers les régions sauvages. Son fils Metacom comprit que les Indiens étaient voués à disparaître s’ils ne s’unissaient pas pour résister aux envahisseurs. Couronné roi Philip de Pokanoket par les colons de la Nouvelle-Angleterre, il n’en consacra pas moins la majeure partie de sa vie à former des alliances contre eux avec les Narragansetts et d’autres tribus de la région.
En 1675, après une série d’agressions de la part des colons, et devant la menace d’anéantissement des tribus, le roi Philip entraîna sa confédération indienne dans la guerre. Les Indiens attaquèrent cinquante-deux villages de colons, en détruisant douze. Mais après des mois de combats, la puissance de feu des colons avaient pour ainsi dire exterminé les Wampanoags et les Narragansetts. Le roi Philip fut tué et sa tête exhibée sur la place publique à Plymouth pendant vingt ans. Sa femme et son jeune fils furent vendus comme esclaves aux Antilles, comme tant d’autres femmes et enfants indiens capturés.
Lorsque les Hollandais arrivèrent sur l’île de Manhattan, l’un d’eux, Peter Minuit, l’acheta pour l’équivalent de soixante florins en hameçons et perles de verre, tout en encourageant les Indiens à rester sur place et à échanger leurs précieuses fourrures contre des babioles du même genre. En 1641, Willem Kieft força les Mohicans à lui payer un tribut et envoya la troupe à Staten Island afin de punir les Raritans, pour des délits au demeurant commis par des colons blancs. Comme les Raritans résistaient, les soldats en tuèrent quatre. Les Indiens répliquèrent avec le meurtre de quatre Hollandais. Kieft ordonna alors le massacre de deux villages en pleine nuit, pendant que les habitants dormaient. Les soldats hollandais transpercèrent hommes, femmes et enfants à la baïonnette, taillèrent les corps de leurs victimes en pièces et, incendiant le village, le rayèrent de la carte.
Pendant deux siècles, ce type d’événements se multiplia à mesure que les colons européens s’enfonçaient dans les terres en passant par les cols des Alleghenies ou en suivant les rivières qui se jetaient plus à l’ouest dans les Great Waters (les Grandes Eaux, c’est-à-dire le Mississippi), ou dans le Great Muddy (le Grand Boueux, en d’autres termes le Missouri) au nord.
Les Cinq Nations iroquoises, les plus puissantes et les plus avancées des tribus de l’Est, tentèrent en vain de préserver la paix. Après des années de lutte sanglante pour conserver leur indépendance politique, elles durent se soumettre. Certains Iro-quois s’enfuirent au Canada, d’autres vers l’ouest, tandis que les derniers finissaient leur vie parqués sur des réserves.
Dans les années 1760, Pontiac, un chef Ottawa, unit les tribus de la région des Grands Lacs dans l’espoir de repousser les Anglais au-delà des Alleghenies. Mais il avait commis l’erreur de s’allier à des Blancs francophones qui laissèrent tomber les Peaux- Rouges (2) pendant le siège décisif de Detroit, et son entreprise échoua.
À la génération suivante, Tecumseh, un Shawnee, rassembla des tribus du Midwest et du Sud en une immense confédération pour protéger les terres indiennes de l’invasion. Le rêve s’acheva, hélas, avec sa mort sur le champ de bataille pendant la guerre anglo-américaine de 1812.
Il y eut, entre 1795 et 1840, les Miamis, qui livrèrent d’incessantes batailles et signèrent d’innombrables traités, cédant peu à peu leurs riches terres de la vallée de l’Ohio jusqu’à ce
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