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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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l’abandon de tous nos biens pour leur propre enrichissement. Allah rendra justice et remettra ce dû en notre main !»
    Les yeux humides, la mère d’Ali marmonna :
    — Ton époux est venu te voir avant de partir. Tu dormais. Il a posé la main sur ton ventre sans te réveiller.
    Cinq jours s’écoulèrent, sans nouvelles véritables mais abondants en rumeurs. Ceux de Yatrib étaient partis plus de trois cents… Abu Lahab et Abu Sofyan conduisaient la caravane de Mekka avec toute une troupe bien préparée… Les richesses qu’ils transportaient étaient merveilleuses et il n’y avait pas un marchand de Mekka qui n’y ait placé sa fortune… Les hommes d’armes d’Abu Lahab et d’Abu Sofyan possédaient trois ou quatre fois plus de chevaux que les guerriers du nâbi… Sans l’aide miséricordieuse d’Allah, la razzia courait à l’échec…
    Les rumeurs devinrent plus folles encore, et Fatima cessa de les écouter. Des élancements par instants lui cisaillaient le ventre et les reins, lui coupant le souffle. Le silence de la peur se resserra autour d’elle.
    Sans savoir pourquoi, ou peut-être parce qu’elle imagina que seul un futur homme pouvait lui jeter de pareils coups dans le ventre, elle se persuada soudain qu’un fils allait lui venir. Alors que, peu de temps auparavant, cette pensée l’avait offusquée, elle en fut heureuse et y puisa des forces. Au moins, songea-t-elle, au contraire d’une fille, un fils pourrait combattre à son goût en s’en remettant à la seule volonté de Dieu.
    Puis vinrent d’autres secousses, si violentes qu’elles parurent disloquer ses entrailles. Son ventre se mit à ruisseler.
     
    Le jour était bien levé quand le garçon poussa son premier vagissement. Les exclamations des femmes assurèrent qu’il était beau et solidement vivant. Fatima sombra dans une hébétude étrange, légère, presque indolore. Plus rien de son corps malmené ne se rappelait à elle.
    En larmes, la mère d’Ali posa le bébé entre ses seins tendus.
    — C’est un garçon ! Allah est Clément, bénit soit-il dans tous les cieux ! Tu as un fils ! Il est beau, il est parfait ! Il sera grand !
    Et toutes répétaient ces mots.
    Fatima baisa la tête de son fils sur la partie la plus fragile. Elle sentit le pouls d’une vie toute neuve contre ses lèvres. Serrant l’enfant contre elle, elle laissa les femmes la laver soigneusement, puis enfin s’endormit, gagnée d’une paix qu’elle n’avait encore jamais éprouvée.

La victoire de Badr
    Quand elle se réveilla, elle était seule. Au-dehors le vacarme était si violent qu’elle crut qu’un malheur était arrivé. Elle se dressa sur sa couche. Le couffin de son nouveau-né était vide ! Son coeur bondit. Elle hurla, appelant Kawla en même temps qu’elle tentait de se lever.
    La portière de la chambre battit. La mère d’Ali apparut, le nourrisson blotti contre sa poitrine. Fatima gémit :
    — Mon fils !
    La mère d’Ali ne répondit pas. La tante Kawla se précipita pour contraindre Fatima à se recoucher. D’autres femmes entraient déjà dans la pièce exiguë, surexcitées, parlant toutes ensemble. Le chaos et le bruit effrayèrent le nouveau-né. À son tour, il hurla.
    Fatima ordonna :
    — Donnez-moi mon fils !
    La mère d’Ali l’abandonna enfin. Le vacarme s’affaiblit et des rires nerveux retentirent. L’enfant s’apaisa entre les seins de sa mère. Kawla caressa le front de Fatima, releva quelques mèches collées par la sueur.
    — Ils sont victorieux, fit la tante en se mettant à pleurer. Ils ont vaincu ceux de Mekka. Ils ont capturé toute la caravane des mécréants !
    Un messager était arrivé un peu plus tôt, annonçant la nouvelle : Muhammad avait conduit les guerriers d’Allah au travers des pièges et des ruses des idolâtres. Ceux-ci avaient cru le tromper en choisissant de passer par la route des puits de Badr. Mais Allah avait averti Son Envoyé, et la fourberie d’Abu Sofyan s’était retournée contre lui. On disait qu’Abu Lahab était mort.
    — Les mécréants ont fui devant les nôtres comme des ânesses chauves ! Ils ont abandonné leurs richesses ! exulta une femme en se frappant la poitrine de bonheur.
    Une autre se laissa tomber aux pieds de la couche de Fatima en s’écriant :
    — Fille d’Allah, ton fils est né pendant la bataille et la victoire !
    La mère d’Ali s’effondra, enlaçant Fatima et son petit-fils.
    — Ils disent

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