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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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épaules une croix qui par bonheur était en carton : sur sa tête, une couronne d’épines également en carton peint, et autour du cou, par un bizarre anachronisme, le chapelet des ligueurs. Il avait la figure barbouillée de rouge pour figurer le sang. Près de lui marchaient deux jeunes capucins dont l’un représentait Madeleine et l’autre la Vierge.
    Derrière Joyeuse déguisé en Christ, venaient deux grands gaillards qui le fouettaient ou faisaient semblant de le fouetter, ce qui soulevait dans la foule des cris d’indignation. Et cette indignation, vraie ou feinte comme le reste, prenait des proportions de rage lorsque, par un anachronisme plus bizarre encore (mais on n’y regardait pas de si près), les deux flagellants, tous les quinze ou vingt pas, s’écriaient :
    – C’est ainsi que les huguenots ont traité Notre Seigneur Jésus !
    – Mort aux parpaillots ! reprenait la foule, de très bon cœur cette fois.
    Moines, prêtres, ligueurs, cierges, arquebuses, flagellants, apôtres et Jésus, tout ce monde sortit de Paris et prit la route d’Orléans, c’est-à-dire la route de Chartres, parmi les cantiques et les cris de guerre.
    A une vingtaine de pas derrière Jésus, ou frère Ange, ou duc de Joyeuse, marchaient côte à côte quatre pénitents qui, se tenant par le bras, tête baissée, capuchon sur le visage, se faisaient remarquer par leurs énormes chapelets et par leur piété extraordinaire. Peu à peu le désordre s’étant mis dans les rangs de la procession, ces quatre pénitents finirent par se trouver derrière Jésus au moment où celui-ci, d’une voix retentissante, criait :
    – Mes frères, mort aux huguenots maudits qui m’ont flagellé !…
    Une acclamation salua ces paroles du Christ qui, ayant essuyé la sueur qui coulait de son front, continua :
    – Puisque nous allons voir Hérode…
    – Le roi ! interrompit une voix impérieuse. Dites : le roi, messire, puisque Paris se réconcilie avec Sa Majesté !
    – C’est juste, sire de Bussi-Leclerc ! reprit Jésus-Christ. Donc, mes frères, puisque nous allons voir le roi, nous devons avant tout obtenir qu’il renvoie ses Ordinaires !… Mort aux Ordinaires !
    – Très juste, dit Bussi-Leclerc. Mort aux Quarante-Cinq !
    – A mort ! A mort ! reprit la foule des pénitents.
    – En route, donc, dit Jésus.
    Et la procession, dont la marche s’était trouvée interrompue, reprit son cours. Elle s’étendait sur une longueur d’une bonne lieue. Et quelques heures après avoir quitté Paris, tout se monde marchait à sa convenance, sans ordre arrêté.
    Bien en avant de ce troupeau, Guise, Mayenne et leur frère, à cheval, entourés d’une cinquantaine de gentilshommes bien armés, s’entretenaient à voix basse de choses mystérieuses.
    Quant aux quatre pénitents que nous avons signalés, ils causaient entre eux sans précautions ; en effet, tels étaient les cris, les chants de guerre et les cantiques qu’il leur était difficile de s’entendre.
    – Dis donc, Chalabre, disait l’un, as-tu entendu frère Ange ?
    – Par les cornes du beau duc, je crois bien, Sainte-Maline !
    – J’ai envie de frotter un peu les côtes de messire Jésus ! dit un troisième pénitent.
    – Calme-toi, Montsery, reprit Chalabre, Joyeuse nous payera son discours plus cher qu’il ne pense !
    – Messieurs, dit le quatrième, jouons bien notre rôle jusqu’à ce soir, et puis nous verrons.
    – Es-tu bien rétabli, mon cher Loignes ?… Ta blessure ?
    – Eh ! le coup fut bien appliqué. Le cher duc n’y va pas de main morte quand il frappe. J’ai cru que j’étais mort. Et sans ce digne astrologue… n’importe ! je veux que Guise reçoive de ma main le même coup qu’il m’a porté…
    – Tu es ingrat, Loignes ! dit Montsery. Comment serions-nous sortis de Paris s’il n’avait eu l’idée d’aller en procession voir notre sire ?…
    – Oui, fit sourdement Loignes. Il va à Chartres. Mais du diable s’il en revient !
    – Il y va pour demander nos têtes au roi ! ricana Chalabre.
    – Et les offrir ensuite à Bussi-Leclerc et à Joyeuse ! continua Sainte-Maline.
    – Messieurs, dit Loignes, Joyeuse a crié tout à l’heure : « Mort aux Ordinaires ! » Bussi-Leclerc a crié : « Mort aux Quarante-Cinq ! »… Joyeuse est un misérable fou et ne vaut pas son coup de poignard. Quant à Leclerc, il n’arrivera pas à Chartres. Est-ce dit ?…
    – C’est

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