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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Jacques Clément, piqua des deux et se lança dans un galop effréné.
    A deux lieues de là, il rencontra un paysan qui conduisait une charrette attelée de deux bœufs. Pardaillan s’arrêta et interrogea le paysan en lui faisant une description exacte de Maurevert et de son costume. Le paysan lui montra à cent pas en avant une route qui s’éloignait perpendiculairement de la Loire.
    – J’ai rencontré le cavalier que vous dites sur cette route que je viens de quitter, dit-il.
    – Et cette route ?…
    – Elle s’enfonce de cinq lieues dans les terres, puis tourne à droite, et conduit à Tours…
    Pardaillan jeta une pièce d’argent au paysan, alla rejoindre la route qui venait de lui être signalée et reprit son allure de galop furieux.
    La manœuvre de Maurevert était facile à comprendre : il s’était élancé comme pour gagner Orléans, et, persuadé qu’on le poursuivrait, il avait, par un mouvement tournant, pris une direction opposée. Bientôt, pourtant, le chevalier dut modérer son allure, sous peine de crever son cheval. Lorsqu’il atteignit le croisement des routes qui lui avait été signalé par le paysan, la pauvre bête était déjà bien fatiguée par un temps de galop d’environ six lieues.
    Pardaillan mit donc pied à terre devant une misérable auberge qui, placée au carrefour, s’appelait l’auberge des
Quatre-Chemins.
L’aubergiste, interrogé, prit un air très étonné et répondit hardiment qu’il n’avait vu passer aucun cavalier.
    Pardaillan frissonna. Ainsi donc Maurevert lui échappait encore et cette fois, sans doute, pour toujours !…
    Le chevalier sentit une sorte d’accablement s’emparer de lui. Il ne dit rien, pourtant, et, s’étant occupé de faire donner des soins à son cheval, s’assit près du feu et commanda qu’on lui servît à manger. La nuit venait, le temps était triste. Pardaillan résolut de passer la nuit dans cette auberge… Tout en mangeant, il examinait du coin de l’œil l’aubergiste, et se disait :
    « Quelle figure de truand est-ce là ?… »
    En effet, l’homme avait fort mauvaise mine. De plus, il y avait deux garçons dans l’auberge, luxe insolite pour ce malheureux bouchon perdu en pleine campagne et où ne devaient guère s’arrêter que les rares rouliers faisant le service d’Orléans à Tours. Et ces deux hommes avaient, eux aussi, de ces physionomies louches, qui inspirent tout de suite au voyageur la pensée d’aller coucher ailleurs. L’auberge avait décidément les allures d’un coupe-gorge. Pardaillan, d’ailleurs, s’inquiétait assez peu de ce détail. Lorsqu’il eut fini de manger, il s’accouda à la table, les bottes au feu. L’aubergiste plaça sur la table une chandelle fumeuse, et se retira.
    Pardaillan vit qu’il était seul. Il était las. Sa pensée si vivante d’ordinaire, et si méthodique, devenait lourde. Peu à peu, il s’assoupissait. Et comme il faisait un effort pour garder les yeux ouverts, son regard, tout à coup, tomba sur un fragment de miroir accroché devant lui, un peu au-dessus de sa tête.
    Ce miroir réfléchissait la salle vaguement éclairée par le feu mourant et par la chandelle. Comme il allait refermer les yeux, il vit dans le miroir s’entrouvrir doucement la porte du fond de la salle. C’était vague, imprécis ; mais c’était assez pour éveiller l’attention de Pardaillan, qui, à demi endormi, regardait comme on regarde dans les rêves.
    La porte s’était ouverte sans bruit. Il sembla à Pardaillan qu’il apercevait alors la figure louche de l’aubergiste, dont les yeux de braise étaient fixés sur lui. Pardaillan s’immobilisa, le coude sur la table, la tête sur la main. Pendant une longue minute, il eut la sensation de ces yeux fixés sur lui par derrière. Et si brave qu’il fût, dans ce silence, dans cette solitude, dans cette obscurité qui s’épaississait, il eut un rapide frisson.
    Tout à coup, il vit que l’aubergiste se mettait en mouvement. Il devait être pieds nus, car le chevalier n’entendit pas le moindre bruit. Et voici que derrière le maître de l’auberge apparurent les deux garçons, autres ombres silencieuses, sournoises. Et Pardaillan entendit ceci :
    – Il dort… c’est le moment…
    De quoi était-ce le moment ? Pardaillan se le demanda dans cette rapide et fugitive seconde où la pensée s’exaspère, où les sens acquièrent une acuité anormale. Il vit les trois ombres se glisser vers lui

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