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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec cette lenteur qui crée l’épouvante, et, à cet instant, il lui sembla que quelque chose comme un couteau ou un poignard venait de jeter une lueur soudaine, et que le bras de l’aubergiste se levait.
    « Je crois en effet que c’est le moment ! » pensa Pardaillan.
    Au même instant, il se leva brusquement, se retourna et renversa la table d’une violente poussée. Aux dernières lueurs de l’âtre, il vit l’aubergiste, un couteau à la main et ses deux garçons portant des cordes. Les trois hommes étaient demeurés pétrifiés de stupeur.
    – Eh bien ? fit Pardaillan qui éclata de rire, qu’attendez-vous pour me garrotter, vous deux ?… Et vous, est-ce bien le moment de me saigner ?…
    En même temps, il s’élança et projeta ses deux poings en avant ; les deux garçons poussèrent un cri de douleur, et déjà Pardaillan se retournait vers l’aubergiste, lorsque celui-ci, jetant son couteau, tomba à genoux et s’écria :
    – Grâce, monseigneur, je vous dirai tout !…
    – Comment, tu me diras tout… tu n’avais donc pas seulement l’intention de me voler ?
    – Monseigneur, j’avais l’intention de vous tuer ! fit piteusement l’aubergiste.
    – J’entends bien. Mais pour me voler ?…
    – Hum ! sans doute… Mais aussi pour obéir à un gentilhomme qui m’a payé.
    – Ah ! ah ! voilà qui devient intéressant. Relève-toi, l’ami ; et vous deux, maroufles, disparaissez, car vous saignez du nez comme des gorets égorgés…
    Les deux garçons obéirent à cet ordre avec un évident plaisir et se précipitèrent au dehors. L’aubergiste se releva en disant :
    – Vous ne me ferez pas de mal ?
    – Si tu dis la vérité. Mais si je m’aperçois que tu mens, je t’attache sur cette chaise avec les cordes que tu avais apportées pour m’y attacher moi-même, et je te coupe les deux oreilles avec ce couteau que tu tenais pour m’occire. Maintenant, rallume la chandelle et va chercher du vin…
    L’aubergiste exécuta ces deux ordres avec promptitude.
    – Parle, maintenant, dit Pardaillan, quand il fut installé devant son verre plein.
    – Eh bien, monseigneur, voici la vérité pure : j’ai vu, en effet, ce gentilhomme dont vous m’avez parlé en arrivant…
    Pardaillan pâlit. Il saisit l’aubergiste à la gorge :
    – Misérable ! dit-il, sais-tu bien que j’ai fort envie de t’étrangler ?…
    Et il disait cela avec une terrible froideur, et sa main de fer étreignait si violemment la gorge, que l’homme crut sa dernière heure arrivée.
    – Monseigneur, put-il râler, vous m’avez promis de me faire grâce si je vous disais toute la vérité…
    – Et quelle preuve aurai-je de ta bonne foi, scélérat ?
    – La peur que vous me faites, dit l’aubergiste en claquant des dents. Pardaillan le lâcha.
    – Continue donc, fit-il d’une voix sombre.
    – Donc, ce gentilhomme que vous m’avez décrit s’est arrêté comme vous à mon auberge.
    – Quand cela ?…
    – Environ cinq heures avant vous.
    Pardaillan calcula que Maurevert avait donc près de huit heures d’avance sur lui…
    – Il est entré, continua l’aubergiste, s’est assis à cette table même que vous venez de renverser et, après m’avoir fait boire avec lui, il m’a fait de Votre Seigneurie une si exacte portraiture que je vous ai reconnu à l’instant même où vous avez mis pied à terre devant l’auberge…
    – Et alors ?…
    – Alors, il m’a affirmé que vous me demanderiez par où il était passé, et il m’a donné trois écus pour vous répondre que je ne l’avais pas vu…
    – Soit ! Mais je pense qu’il ne t’a pas chargé de m’assassiner ? Car c’est, au fond, un digne gentilhomme, incapable d’une méchante action…
    – Lui ! s’écria l’aubergiste en regardant Pardaillan d’un air de pitié. Eh bien, monseigneur, permettez-moi de vous dire que j’ai rarement vu un homme aussi fort que vous pour les bras, mais aussi…
    – Aussi faible d’esprit, hein ? Ne te gêne pas, dit froidement le chevalier.
    – Ma foi… je n’osais pas le dire !
    – Heureusement que toi, tu es plus fort par l’esprit que par les bras. Et tu as donc deviné ?…
    – J’ai deviné tout de suite que ce gentilhomme avait contre vous une haine mortelle. Et en effet, après avoir longtemps tourné autour du pot, il a fini par sortir de sa ceinture cinq écus d’or et m’a chargé, sinon de vous tuer, du moins de vous

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