Favorites et dames de coeur
restèrent en l’état durant trois siècles. Arguant du même motif que leurs prédécesseurs de 1468, les chanoines revinrent à la charge en 1772, mais Louis XV, qui aimait les femmes et coulait une heureuse vieillesse avec la charmante Jeanne du Barry, demeura aussi ferme que son aïeul. En revanche, Louis XVI céda et accorda l’autorisation d’exhumation (1777).
La sépulture fut violée en 1793, puis restaurée au début du Premier Empire et transférée au château de Loches en 1808. De nouveau exhumée le 29 septembre 2004, à l’initiative du Conseil général d’Indre-et-Loire, la dépouille d’Agnès Sorel fut solennellement réinhumée en la collégiale Saint-Ours le 2 avril 2005.
Agnès Sorel, qui rendit de signalés services à la cause royale, fut la première favorite de l’histoire de France. Personnage nouveau à la cour, la favorite devait « régner » trois siècles durant, son influence dépassant celle de la reine.
ANNEXE
La descendance d’Agnès Sorel
Les trois filles d’Agnès Sorel et du roi furent élevées au château de Taillebourg, sous la responsabilité des frères Coëtivy à partir de 1450. Marie épousa le cadet, Olivier, en 1458 et fut désignée par le roi « notre fille naturelle, Marie de Valois ». Elle mourut en 1473.
Charlotte épousa Jacques de Brézé, fils du sénéchal de Normandie, qu’avait protégé Agnès Sorel de 1444 à 1450. Elle donna cinq enfants à son mari, dont Louis, né en 1459, qui épousa en secondes noces (1515) la très jeune Diane de Poitiers, future favorite du roi Henri II ! Charlotte périt tragiquement, assassinée par son mari qui l’avait surprise en flagrant délit d’adultère (1476).
Jeanne fit un beau mariage avec Antoine de Bueil en décembre 1461 ; l’acte la présentait « dame Jehanne de France, sœur naturelle du roi [Louis XI] et fille du roi Charles dernier trépassé ».
Louis XI ne reporta pas sur les filles d’Agnès la haine qu’il avait eu à l’égard de leur mère. Il les traita comme des sœurs à part entière, ce qui traduit la considération dont jouissaient alors les bâtards royaux ou princiers.
La bâtardise royale
La reine Marie d’Anjou ne s’offusqua pas des filles adultérines d’Agnès tant que le roi lui témoigna intérêt et respect. Charles VII n’interrompit jamais ses « relations » avec la reine, qui lui donna treize enfants, dont sept de 1435 à 1446. Du reste, la bâtardise n’était pas une tare au XV e siècle : fils illégitime du duc Louis d’Orléans, Jean dit « le Bâtard d’Orléans », connu aussi sous le nom de Dunois, fut aimé de l’épouse du duc comme s’il avait été son fils ; vaillant compagnon de Jeanne d’Arc, « le gentil Bâtard » défendit le duché et la ville de son demi-frère légitime Charles durant l’interminable captivité du prince poète (1415-1440).
Les critiques de la vie dissolue de Charles VII ont curieusement épargné le duc de Bourgogne Philippe le Bon, qui montra pourtant un beau tempérament : ses chroniqueurs dénombrèrent trois épouses légitimes, vingt-quatre maîtresses et seize ou dix-sept bâtards reconnus ! Selon l’historien Vallet de Viriville 20 , le duc eut un demi-frère bâtard, évêque de Cambrai, aussi paillard que lui car il eut aussi quinze enfants illégitimes : joli palmarès pour ce prêtre, qui se fit un jour servir la messe par trente-six fils et petits-fils, tous bâtards…
Antoinette de Maignelay
« Après la belle Agnès morte, le roi Charles accointa en son lieu. » Antoinette de Maignelay, cousine de la défunte, et qu’on disait aussi belle. Née vers 1425, douée de talents d’un genre particulier, Antoinette n’avait pas son pareil pour assouvir les sens d’un quadragénaire luxurieux et sensuel. Elle s’imposa dans son entourage autant que dans son lit.
La nouvelle favorite ne pensait heureusement qu’au plaisir et ne se mêla pas des affaires de l’État. Jouant les entremetteuses, elle organisa un fructueux racolage de jolies filles de mœurs légères, dont l’âge était inversement proportionnel à celui du roi : Blanche de Rebreuves entra dans son lit alors qu’elle n’avait guère plus de seize ans, quand il en accusait déjà cinquante-deux (1455). « Et il y avait ainsi cinq à six demoiselles des plus belles du royaume, de petit lieu, lesquelles suivaient ledit roi Charles partout où il allait. » Vêtues avec un luxe tapageur –
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