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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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Gaston de Foix, stratège génial, héros des guerres d’Italie, tué à Ravenne en 1512 dans l’éclat de la gloire et de la jeunesse (vingt-deux ans), Françoise l’était aussi d’Anne de Bretagne, dont la mère venait de la noble maison de Foix. La duchesse prit naturellement sa petite cousine à son service et la dota à l’occasion de son mariage par une ponction de 20 000 livres tournois sur les impôts de la province.
    Jean de Laval ajouta 10 000 livres prélevées sur sa part d’héritage. Rejeton d’une des plus puissantes familles bretonnes, ce fils du chambellan de Louis XII fut d’abord page d’Anne de Bretagne (1501). À dix-huit ans, il appartint à l’entourage militaire du roi de France (1505). Emmener ainsi chez lui une fillette à peine nubile lui vaudrait de nos jours une inculpation pour pédophilie et une traduction en cour d’assises…
    Durant quelques années, les jeunes mariés vécurent une existence mondaine à Châteaubriant où, à l’instar de la cour de France, ils recevaient de nombreux artistes. Ils prirent le deuil à la mort de leur suzeraine protectrice Anne de Bretagne (9 janvier 1514) et lors du décès de son royal époux Louis XII (1 er janvier 1515).
    Un roi délicat et paillard
    Le nouveau roi de France était un jeune homme de vingt ans, d’une taille imposante (près de deux mètres), et dont le regard vif s’éclairait toujours à la vue d’une jolie femme. Vigoureux, agile, rompu aux exercices du corps et à ceux de l’esprit, François I er voulut substituer une cour brillante à l’entourage modeste de son prédécesseur, où il réunirait quatre symboles indispensables : la force de ses meilleurs soldats, la sagesse des administrateurs du royaume, l’éclat des artistes et surtout la grâce que seules savent donner les femmes belles et intelligentes ; sous son règne, elles seraient le plus bel ornement de la cour. Le souverain les admit dans son intimité, sa « petite bande  », pourvu qu’elles fussent jeunes, jolies, élégantes, savantes – il avait horreur des sottes –, d’esprit pétillant et de repartie prompte. Bien que de mœurs souvent légères, elles ne cédèrent pas toutes à ce monarque intelligent, curieux, instruit, courageux et chevaleresque, artiste et habile à rimer de gentils compliments, car il taquinait la muse avec aisance : son ancien page Gaspard de Saulx-Tavannes rapporta que François I er « eut quelques bonnes fortunes et beaucoup de mauvaises ».
    Premier gentilhomme de son royaume, François se montra toujours galant à l’égard des dames de la cour, qu’elles fussent fidèles ou de tempérament plus léger. Il exigea que ses proches observassent la même déférence que lui : selon Brantôme, l’élément féminin « paraissait en sa cour comme déesses au ciel »  ; le roi n’avait-il pas déclaré : « Une cour sans femmes est une année sans printemps, un printemps sans roses »  ? Et Brantôme de conclure avec une logique qui aurait plu à François I er  : « Une cour sans femmes est une cour sans cour. » L’attitude courtoise du monarque allait cependant de pair avec le goût d’étaler ses exploits sexuels devant ses familiers et le plaisir amusé qu’il prenait d’ouïr les leurs… Contemporain de Rabelais, François I er ne dédaignait pas la gauloiserie ni les saines gaillardises, condamnées au nom d’une rigide morale par les « sorbonnagres », avant de l’être quelques décennies plus tard par la Réforme protestante.
    Un mari bizarre
    Fasciné par sa précoce beauté, Jean de Laval avait épousé Françoise par amour, ou plutôt sur un de ces coups de foudre, brefs, intenses, fugaces, qui ne laissent personne intact. Sans doute l’adolescente fut-elle d’abord éblouie par son mari, « instruit, brave et dévoué », mais qu’on disait également « homme singulier en toutes choses ». Taciturne, Jean de Laval était de ces caractères qui ne trahissent jamais leurs émotions, si tant est qu’ils en éprouvent. Il constitua une existence aisée à sa jeune femme : était-ce en compensation d’une attitude intime brutale ? La naissance trop précoce de leur fille aurait-elle rendu Françoise stérile – ils n’eurent pas d’autre enfant – et altéré les sentiments du couple ? Trop tôt épousée, trop tôt mère de famille, s’était-elle dépris de son mari ? Plus tard, Marguerite d’Alençon 22 , sœur de François I er , appela

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