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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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emmené donna Léonarda.
Nous savions qu’il lui arriverait malheur si elle restait seule au palais. Les
domestiques étaient tous morts de peur... et d’ailleurs nous avons eu raison.
Quand on pense à ce qui s’est passé ! Ces soldats abominables, cette belle
demeure mise à sac ! Il y a vraiment des gens qui ne craignent ni Dieu ni
diable !
    Lorsque
Colomba était lancée, il était aussi difficile de l’arrêter que de retenir le
flot tumultueux d’un torrent. Mais Fiora, cette fois, l’écoutait avec
ravissement, guettant le court silence qui lui permettrait d’exprimer sa
gratitude. Elle tenait Léonarde par un bras comme si elle craignait de la voir
disparaître tout à coup. La vieille demoiselle cependant la considérait avec
stupeur :
    – Mais
comme nous voilà vêtue, mon ange ? dit-elle enfin. Cette chose rouge...
alors que vous êtes en grand deuil ?
    – Cette
tunique appartient à Samia, la servante de Démétrios. Je n’ai rien d’autre à me
mettre. Ma robe noire est restée au couvent...
    – Donna
Chiara y a pensé, reprit Colomba. Nous avons avec nous une mule chargée de
vêtements pour toi et Léonarda et de quelques petites choses que nous avons pu
emporter. Poveretta ! Tant de malheurs à la fois ! On
ne t’a même pas laissé pleurer tranquille... Et maintenant, on va te faire
pleurer encore-Quelque chose de glacé coula sur la joie de Fiora, sans réussir
à l’éteindre tout à fait mais en faisant renaître cette angoisse qui avait été
sa compagne durant tous ces jours passés. Son regard chercha celui de Démétrios
comme pour lui demander secours. Cependant Léonarde réprimandait son amie :
    – Faut-il
parler déjà de cela ? Nous venons à peine d’arriver...
    – Et
vous avez besoin de prendre du repos et de la nourriture, enchaîna le médecin.
Venez dans la cuisine ! L’heure du repas approche et Samia ajoutera ce qu’il
faut. Esteban va mettre vos mules à l’écurie car je ne pense pas que tu
redescendes ce soir, donna Colomba ? Ce ne serait pas prudent et puis les
portes de la ville seront fermées dans quelques instants...
    Ce
flot de paroles tellement inhabituel chez Démétrios réussit à réduire l’excellente
femme au silence. Elle marmotta que donna Chiara ne l’attendait que le
lendemain et qu’elle serait contente de manger un petit quelque chose.
    Le
médecin poussa tout le monde dans la cuisine : Samia, prévenue par
Esteban, s’activait, mettait deux poulets à la broche et commençait à tailler d’épaisses
tranches dans un jambon qu’elle avait décroché d’une solive. Colomba considéra
tous ces préparatifs avec satisfaction et s’installa même auprès du feu en
proposant de tourner la broche si l’on voulait bien lui donner un doigt de
quelque chose « d’un peu réconfortant » car le pas de sa mule lui
avait donné mal au cœur. Démétrios se hâta de la satisfaire en allant décrocher
une fiasque enveloppée d’un tressage d’osier qu’il laissa d’ailleurs sur la
table après que sa replète visiteuse eut avalé d’un trait un demi-gobelet de grappa... Il disposa même d’autres gobelets en proposant à Léonarde de goûter au
réconfortant breuvage. La pauvre femme montrait, en effet, une mine défaite et
des yeux rougis par des larmes récentes, ce dont, dans la joie des
retrouvailles, personne ne s’était encore avisé. Elle refusa ;
    – Tout
à l’heure, peut-être. Ce que j’ai à dire est tellement affreux ! Fiora,
elle aussi, pourrait en avoir besoin...
    – Mais
enfin, interrogea la jeune femme, que s’est-il passé ?
    – Une
horreur qui n’a de nom dans aucune langue, mon agneau. Je n’aurais jamais cru
les gens d’ici capables d’une telle infamie, d’un sacrilège aussi abominable—
    En
quelques phrases rapides qu’elle semblait cracher de peur que les mots n’empoisonnassent
sa bouche, elle raconta. Ce matin, en entrant dans l’église d’Orsanmichele pour
préparer l’autel à la première messe, le sacristain avait découvert un
spectacle qui l’avait jeté dans la rue, hurlant de terreur : la tombe
encore fraîche de Francesco Beltrami avait été ouverte. Des mains criminelles
en avaient tiré le corps qui avait été coupé en quartiers et abandonné là sans
même essayer de dissimuler si peu que ce soit l’abominable ouvrage...
    Blanche
jusqu’aux lèvres et les yeux pleins d’épouvante, Fiora s’était dressée :
    – Pourquoi ?
... mais

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