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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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dictée ?
    – Non.
Le lien du sang me paraît plus solide qu’un chiffon de papier. Il fera de toi
ma sœur, une sœur que je saurai rendre redoutable, je t’en fais le serment.
    Les
yeux noirs et les yeux gris se croisèrent comme deux mains qui se serrent.
    – J’accepte !
dit Fiora.
    Démétrios
tira le stylet pendu à sa ceinture dans une gaine de cuir.
    – Donne-moi
ta main gauche !
    La
jeune femme obéit. D’un coup léger, le médecin lui fit, au poignet, une petite
blessure où le sang perla. Puis, il entailla son bras droit et appliqua les
deux estafilades l’une sur l’autre.
    – Nos
sangs se sont mêlés, dit-il. Désormais nous sommes unis dans le bien comme dans
le mal !
    Cherchant
un flacon, il en fit couler quelques gouttes sur le poignet de Fiora. Le sang s’arrêta.
Il fit de même pour lui. Fiora regardait, fascinée :
    – M’apprendras-tu
certains de tes secrets ? demanda-t-elle.
    – Je
t’apprendrai beaucoup de choses. L’art des philtres qui enchaînent et des
poisons qui tuent, l’art de lire un caractère sur les traits d’un visage, l’art
de...
     
    – Je
t’arrête ! Pourquoi les poisons ?
    – Cela
peut être fort utile...
    – Pas
à moi ! Connaître les drogues qui procurent le sommeil, oui, pas le
poison. Je préfère d’autres armes : celles des hommes par exemple. Je suis
bonne cavalière, je crois, mais j’aimerais savoir tirer l’épée, me servir d’une
dague...
    Pour
la première fois, Fiora entendit rire Démétrios :
    – Cela,
c’est le domaine d’Esteban. Il y est d’une extrême habileté et il se fera un
plaisir de t’enseigner : je crois que tu l’as séduit...
    En
vertu de l’adage qui veut que lorsque l’on parle du loup on en voie les
oreilles, le personnage en question entra brusquement dans le cabinet...
    – Maître !
Il y a deux moines qui viennent ici !
    – Des
moines ? De quelle sorte ?
     
    – D’après
leurs robes, ce sont des frères prêcheurs, comme ceux de là-haut, expliqua
Esteban avec un mouvement de tête qui désignait approximativement la direction
du couvent où Fiora s’était mariée...
    – Ils
ont dû se tromper de route. Va au-devant d’eux et remets-les dans le bon chemin !
De toute façon, je vais aller voir.
    Démétrios
quitta la pièce sur les talons de son serviteur et Fiora suivit jusqu’à la
salle d’entrée. Par la porte ouverte, elle aperçut dans la lumière rouge du
soleil couchant et, au milieu de l’allée de cyprès deux moines qui, le capuchon
sur le nez, s’avançaient au pas paisible de leurs mules. L’un des moines était
mince mais l’autre, celui qui marchait en tête, devait être gras à souhait car
son froc était beaucoup plus rempli que celui de son compagnon. Fiora vit
Esteban courir à leur rencontre en faisant de grands gestes pour expliquer à
ces voyageurs qu’ils se trompaient de chemin mais les moines refusèrent de le
rebrousser. Après avoir échangé quelques mots, tout le monde se remit en marche
en direction de la maison.
    – Cache-toi !
ordonna Démétrios à la jeune femme. Je vais voir ce que l’on nous veut.
    A
regret, Fiora se retira dans la cour intérieure mais de façon à garder un œil
sur ce qui se passait devant la maison. Démétrios aborda les deux cavaliers
qui, à sa vue, relevèrent leur capuchon... Avec un cri de joie, Fiora, oubliant
toute prudence, s’élança à son tour : le gros moine c’était Colomba et l’autre
c’était Léonarde...
    Riant
et pleurant tout à la fois, elle tomba dans les bras de sa vieille gouvernante
qui s’était vivement laissée glisser à terre pour la recevoir. Les deux femmes
s’étreignirent au seuil de la porte sans paraître s’apercevoir des efforts de
Démétrios qui les poussait à l’intérieur...
    – Vous ?
balbutiait Fiora retrouvant automatiquement la langue française, vous, ma
Léonarde ? Je n’espérais plus vous revoir... Je craignais... je croyais...
oh ! mon Dieu ! Je dis n’importe quoi ! fit-elle en s’écartant
pour mieux regarder celle qui lui revenait. Mais par quel miracle ?
    – Pas
de miracle, donna Fiora, zozota Colomba, simplement des précautions ! Dès
le lendemain de ton emprisonnement à Santa Lucia – la pauvre ! En voilà
une qui est mal servie ! Il faudra que je lui brûle quelques cierges !
– qu’est-ce que je disais ? Ah oui ! ... Dès le lendemain donc, nous
sommes allées chez toi avec donna Chiara et nous avons

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