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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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française qui dissimulait ses
cheveux et le jeta sur un coffre. Depuis que son « enfant » l’avait
quittée en annonçant son intention de tuer Marino Betti, la pauvre femme ne
vivait plus... Fiora eut pour elle un demi-sourire :
    – Quand
nous sommes arrivés, il était déjà mort, dit-elle. Je n’y suis pour rien...
    – Dieu
soit loué ! Je ne supportais pas l’idée que vous, mon ange, puissiez...
    – Léonarde !
Léonarde ! je vous en prie... Il faut que vous compreniez que rien n’est
plus comme avant et ne le sera jamais plus. Vous savez à présent ce qui s’est
passé depuis que nous nous sommes quittées. Je ne suis plus cette innocente
Fiora que vous avez bercée et regardé grandir. Je suis une autre... une autre
qu’à dire vrai je ne connais pas encore très bien et qui peut-être, un jour
prochain, vous fera horreur.
    – Jamais !
jamais, quoi que vous fassiez ! Vous êtes l’enfant de mon cœur et rien ni
personne... pas même vous, n’y pourra changer quoi que ce soit. Songez
seulement que la vengeance, si elle a quelque chose de grisant, laisse toujours
un goût amer et que Dieu...
    – Ne
me parlez pas de Dieu ! Ne m’en parlez plus jamais ! s’écria Fiora.
Il ne cesse de frapper sur moi à coups redoublés alors que je n’ai jamais
commis le mal. Il me traite en ennemie, en réprouvée ! Qu’est-ce que tous
ces crimes, toutes ces abominations qui ne cessent de s’étaler devant moi ?
La volonté de Dieu ? Je le croyais bon et miséricordieux...
    – N’a-t-il
pas lui-même accepté la souffrance en permettant que son fils endure le
supplice de la croix ? dit Léonarde avec une grande tristesse.
    – La
souffrance d’un dieu est-elle la même que celle d’un homme ou d’une femme ?
Peut-il seulement être atteint par la douleur, lui qui est immensité ? Non,
Léonarde : je vous en prie, laissez-moi à la tâche que je me suis donnée
et ne me parlez plus de Dieu !
    – Comme
vous voudrez ! Mais vous ne m’empêcherez pas de Lui parler de vous...
    Le
surlendemain, quand Démétrios, après le souper, se prépara pour se rendre chez
les sorciers, Fiora lui déclara qu’elle entendait l’accompagner. Il lui jeta
alors un regard oblique :
    – Je
ne suis pas certain que ce soit un spectacle pour toi. Il s’y passe des choses
déplaisantes et, en outre, c’est dangereux.
    – Cesse
de vouloir épargner mes yeux ! Ou de faire semblant. Quand tu as parlé de
cette réunion, tu savais très bien que j’irais avec toi.
    – Oui...
oui, je le savais mais je regrette à présent de t’en avoir parlé. Ne
vaudrait-il pas mieux t’arrêter un moment et ne pas poursuivre jusqu’au fond
cette descente aux Enfers que tu as commencée ? Je voudrais que tu t’épargnes
toi-même...
    – C’est
le premier pas qui coûte. Je verrai au moins si Dante a raison qui, dans son
enfer, montre les sorciers la tête tordue en arrière de façon que leurs larmes
coulent sur leur dos...
    Fontelucente
jouissait d’une détestable réputation. C’était, de notoriété et de terreur
publiques, le plus fier repaire de sorciers de toute la Toscane. Il y avait là
des amoncellements rocheux, une grotte et des cabanes où vivaient des créatures
qui n’avaient d’humain que la forme extérieure. C’étaient pour la plupart des
malheureux réduits par la misère, la maladie ou la bêtise des gens à une forme
quasi larvaire et qui avaient puisé, dans leur dénuement et dans la nature
environnante de bizarres recettes. Chassés, traqués de partout, ils se
détournaient du ciel et d’une miséricorde à laquelle ils ne croyaient plus pour
tenter d’entretenir, avec les puissances infernales, un commerce qui les
vengeât et leur permît de semer une peur qui les protégeait. Ils y
réussissaient parfaitement et la crainte qu’ils inspiraient avec leurs
incantations et leur magie était telle que le désert s’était fait autour de ce
lieu, riant et fertile, mais que l’on disait maudit. Pourtant, une source pure,
une source brillante prenait naissance à cet endroit, entretenant une
végétation épaisse et variée mais il suffisait que cette eau prît naissance
dans ce site réprouvé pour que l’on s’en écartât par crainte des sortilèges.
    Cependant,
il arrivait, par les nuits sombres, qu’une forme masquée et enveloppée d’un
manteau sombre, se glissât jusqu’à Fontelucente. Fille qui cherchait à cacher
le fruit d’amours coupables, femme

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