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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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visite-nous en cette nuit, en ce lieu où nous
sommes réunis pour t’honorer et t’adorer ! ...
    En
dépit des recommandations de Démétrios, Fiora ne put s’empêcher de demander
tout bas :
    – Qui
est cet homme ?
    – Un
moine défroqué. Il faut avoir été prêtre pour pouvoir célébrer la messe
vaine...
    – Il
va...
    – Oui,
mais tais-toi et, quoi que tu puisses voir, ne dis plus rien !
    Une
nouvelle phase du cérémonial se déroulait : les sorciers d’abord, puis les
assistants s’avancèrent deux par deux, un homme et une femme, pour saluer le
démon. Ils se prosternaient devant l’autel et la statue puis revenaient se
ranger comme les fidèles à l’église. Une femme restait seule, qui vint la
dernière, l’une des trois qui devaient appartenir à la haute société. Elle
portait entre ses mains une sorte de patène d’argent sur laquelle il y avait
quelque chose d’indistinct. En s’agenouillant, elle tendit le petit plat au
prêtre qui l’éleva vers l’idole :
    – Accepte,
ô père du mensonge et du crime, ces cœurs, arrachés à un menteur et à un
assassin et que t’offre ta servante pour que tu la couvres de tes bienfaits !
Elle s’offre aussi elle-même pour que le sacrifice que nous allons célébrer
soit accompli sur son corps.
    Démétrios,
sentant trembler Fiora, mit un bras autour d’elle et à nouveau, plaqua sa main
sur sa bouche par crainte d’une manifestation involontaire.
    – Je
t’ai dit, souffla-t-il, que ceci était une descente aux Enfers... Courage !
    Cependant,
dans la lumière des brasiers, la femme se dévêtait entièrement et, nue, allait
s’étendre sur l’autel. En dépit de son masque, Fiora, horrifiée, avait déjà
reconnu Hieronyma. Le calice, un instant ôté, fut posé sur son ventre blanc. En
dépit du fait qu’elle n’avait plus vingt ans, elle avait un corps plantureux
mais ferme qui devait attirer le désir de bien des hommes et expliquait l’emprise
qu’elle avait fait peser sur Marino Betti.
    La
messe, si l’on pouvait appeler ainsi cette suite d’imprécations et de
sacrilèges, commença. Fiora, les oreilles bourdonnantes, n’en entendit pas
grand-chose. Elle était hypnotisée par cette femme nue dont les longs cheveux
artificiellement blondis, traînaient jusqu’à terre.
    Soudain,
il se passa une chose si odieuse que Fiora, sous la main de Démétrios, se
mordit les lèvres au point de se faire saigner. Des premiers rangs de l’assemblée,
une femme venait de sortir avec au fond des yeux, une extase imbécile. Elle
portait, sur ses mains étendues, un enfant nouveau-né qu’elle tendit à l’officiant.
Celui-ci le prit, le posa sur le corps de Hieronyma et d’un rapide coup de
couteau lui ouvrit la gorge. Il n’y eut qu’un tout petit cri mais une sorte de
frisson courut sur tous ces gens. Fiora crut que c’était d’horreur mais ne vit,
sur tous les visages qu’une joie stupide, une cruauté bestiale, un plaisir
trouble. Le sang apportait à cette monstruosité l’élément qui lui manquait.
    Le
prêtre l’avait recueilli dans le calice. Il y trempa ses lèvres, en marqua les
seins de Hieronyma puis le passa à l’une de ses acolytes pour qu’elle fît
circuler le vase au premier rang. En même temps, l’autre fille apportait une
jarre pleine d’un vin dans lequel on avait mélangé une décoction qui en
décuplait l’action. Tous burent et mangèrent des galettes que l’on distribua
aussitôt. Puis se mirent à danser au son de la flûte dans laquelle soufflait le
grand Noir. Ils dansaient en se tenant dos à dos, les mains unies et la tête
tournée de façon à joindre leurs joues.
    L’office
sacrilège s’achevait. L’officiant, se débarrassant de sa chasuble sous laquelle
il était nu, se coucha sur Hieronyma. Ce fut le signal d’une invraisemblable
scène de débauche dans la lumière rouge des brasiers qui faiblissaient. Les
couples roulèrent un peu partout, au hasard, sans distinction d’âge ou de rang
social, le vieil homme avec la jeune fille, la grande dame avec le valet de
ferme. Fiora qui se sentait devenir folle ferma les yeux. Démétrios, alors la
lâcha :
    – Ne
bouge surtout pas ! souffla-t-il. Je te laisse avec Esteban. Je reviendrai
vous chercher...
    – Où
vas-tu ?
    Pour
toute réponse il posa un doigt sur sa bouche et s’évanouit dans l’ombre sans
faire seulement bouger une branche. On n’entendait plus ni le chant ni la flûte ;
simplement des

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