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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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colère, arriva
aisément jusqu’à elle :
    – Jamais,
tu entends, jamais je ne donnerai ma fille à ton fils ! Je plains de tout
mon cœur ce malheureux garçon qui n’est pas responsable de son physique mais on
ne peut demander à une femme jeune et belle de passer sa vie avec un mari tel
que lui.
    – Parce
qu’il est boiteux et contrefait ? Du moins, Pietro est noble et de
naissance pure. Ce n’est pas un bâtard, lui !
    – Il
n’est jamais venu à l’idée de personne de reprocher à Fiora sa bâtardise et je
crois que tout le monde le sait !
    – En
effet... mais tout le monde ne sait pas tout...
    Il y
eut un silence au fond duquel Fiora crut entendre la respiration soudain plus
forte de son père. Elle eut envie d’entrer et en fut incapable, retenue par une
force plus puissante que sa volonté. La curiosité sans doute mais il s’y mêlait
une sorte de terreur... Enfin, Beltrami soupira et, avec la légère insolence d’un
homme que l’on importune, reprit :
    – Cela
veut dire quoi, ce tout ?
    – Faut-il
vraiment que je m’explique ? Tu as pâli, Francesco, cela veut dire que tu
as deviné de quoi je veux parler ! Tu ne me crois pas ? Tu hausses
les épaules ? ... A ton aise : je vais parler clair. Ta précieuse
Fiora que tu élèves comme une princesse n’est pas ta fille. Tu n’as jamais eu d’aventure
avec quelque dame que ce soit en dehors de notre pays. C’est le fruit d’amours
incestueuses et adultères, la fille de gens condamnés à mort par la justice de
Bourgogne à cause de leurs crimes et tu l’as ramassée dans la boue...
    La
maison s’effondrant sur sa tête n’eût pas foudroyé davantage Fiora. Elle dut se
retenir à une tenture d’abord, au dossier d’un siège voisin ensuite pour ne pas
s’écrouler. La voix mauvaise de Hieronyma sifflait encore dans ses oreilles avec
toute la charge de haine qu’elle distillait. Celle de Beltrami, cependant,
demeurait froide :
    – Et,
naturellement, tu as des preuves de ce que tu avances ?
    – J’ai
mieux : un témoin... oculaire. Quelqu’un qui est prêt à tout dire pour me
complaire.
    Beltrami
venait de comprendre. Son esprit rapide avait déjà fait le rapprochement.
Hieronyma vivait le plus souvent à Montughi, dans la propriété de son beau-père
et, près de ce même Montughi, Marino, qui avait été investi de toute sa
confiance, dirigeait son domaine agricole. Marino qui, jamais, n’avait admis l’adoption
de l’enfant et dont il avait cru enchaîner la langue par un serment prêté sur
un autel et par de nombreux bienfaits. En même temps, lui revenaient certains
bruits, très discrets, à vrai dire, et qu’il avait repoussés avec dédain, sur
la conduite de cette veuve pulpeuse qui, privée d’époux, se cherchait des
consolations. Elle était belle encore et pouvait séduire un homme tel que l’ancien
chef muletier...
    Hieronyma
prit son silence pour de l’abattement et ironisa :
    – Je
vois que tu as compris, mon beau cousin. Tu sais à présent que je me montre
fort généreuse en proposant un mariage entre mon fils et ta bâtarde qui, ainsi,
pourra jouir encore de ta fortune jusqu’à la fin de ses jours. Sa chance, vois-tu,
c’est que mon Pietro soit amoureux d’elle et la veuille pour femme. Et moi, je
ne veux pas que mon fils soit malheureux. Il oubliera sa disgrâce dans les bras
de ta jolie sorcière qui n’aura rien d’autre à faire que lui donner de beaux
enfants...
    – Et
si je refuse ?
    – Tu
ne refuseras pas. Tu sais trop bien que je pourrais, dès demain, déposer une
plainte contre toi pour avoir menti et bafoué la Seigneurie en osant faire une
Florentine d’un déchet de l’humanité qu’on aurait dû détruire dès sa naissance.
    Incapable
de se contenir plus longtemps, Francesco laissa la colère l’emporter :
    – Et
tu produiras ton témoin ? Tu n’oublies qu’une chose Hieronyma. Des bruits
courent sur toi. On dit que tu ne respectes pas plus ton veuvage que la maison
de ton beau-père. Il suffirait de faire avouer à Marino Betti qu’il est ton
amant et tu pourrais apprendre ce que pèse la justice personnelle du vieux
Jacopo. Il ne badine pas sur le chapitre de l’honneur.
    – Mais
il serait peut-être heureux de voir tomber sur les Pazzi une fortune de l’importance
de la tienne. Il n’est plus aussi riche et il le supporte mal. Je crois qu’il m’aiderait,
au contraire, de toutes ses forces... mais bien sûr, il ne serait plus

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