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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mon
enfant !
    Entourant
de son bras les épaules de Fiora, Francesco l’entraîna doucement au long de la
galerie jusqu’à la petite pièce intime et accueillante sur laquelle régnait le
sourire de Marie de Brévailles. Léonarde les suivit et renvoya Khatoun qui attendait
à la porte, l’anxiété peinte sur son joli visage parce qu’il y avait des larmes
dans les yeux de Fiora et que Fiora ne pleurait jamais :
    – Va
l’attendre dans sa chambre ! Elle t’y retrouvera tout à l’heure. Je te
suis dans un instant.
    – J’aimerais
mieux que vous veniez avec nous, Léonarde, dit Beltrami. Deux mémoires valent
mieux qu’une lorsque l’on souhaite ne rien oublier...
    Ensemble
donc, ils entrèrent dans le studiolo. Francesco alla ôter la
pièce de velours noir qui recouvrait le portrait de Marie puis revint s’asseoir
derrière sa table en désignant un siège à Léonarde. Fiora choisit de s’installer
sur un coussin aux pieds de son père.
    – Il
va te falloir du courage, mon enfant, car je vais t’apprendre une terrible
histoire mais c’est aussi une belle et touchante histoire dont la hargne de
Hieronyma n’a retenu que les traits les plus affreux... Tu te souviens de cette
coiffe de dentelle que je t’ai montrée et que Sandro Botticelli à reproduite
sur ce portrait ? Tu avais remarqué des taches de sang et je n’ai pas
voulu alors répondre à tes questions.
    – Tu
disais que tu me répondrais plus tard, quand je serais devenue une femme. Je
suis une femme à présent.
    – Je
n’y suis pas encore habitué, dit Francesco en caressant les cheveux soyeux.
Mais ce jour-là, je t’ai menti. Je n’avais pas l’intention de t’apprendre la
vérité, à quelque époque que ce soit parce que je voulais qu’elle disparaisse
avec moi et avec Léonarde. Entre nous deux, cette vérité était bien gardée. Il
a fallu la trahison d’un homme que je croyais fidèle...
    – Les
gens de Montughi et de la région chuchotent que cette Hieronyma a le feu au
derrière, grogna Léonarde. Nous en avons parlé, parfois avec Jeannette mais son
époux nous faisait taire par peur du beau-père. Ce serait peut-être une bonne
chose de le renseigner sur la conduite de sa belle fille ?
    – J’en
ai menacé ma cousine mais elle n’a pas eu peur. Elle sait bien qu’entre son
inconduite et la perspective de mettre la main sur mes biens, le vieux forban n’hésiterait
pas... quitte à châtier la pécheresse un peu plus tard. Une chose à laquelle,
tout de même, elle devrait penser. Mais pour nous le mal serait fait.
    – Père,
pria Fiora, laissons un peu cette femme où elle est ! Vous m’avez fait
venir ici pour me raconter l’histoire de ma mère et tout ce que j’en sais est
qu’elle est morte tragiquement. Me direz-vous comment ?
    – Sur
l’échafaud, le col tranché en même temps que celui de ton véritable père. Ils s’appelaient
Marie et Jean de Brévailles...
    – J’ai
déjà entendu ce nom...
    – S’il
te plaît, Fiora, ne m’interromps plus. C’est déjà assez pénible de revivre ces
heures où tout a changé pour moi.
    En
signe de repentir, Fiora posa un baiser sur la main de son père puis garda
cette main entre les siennes cependant que celui-ci, les yeux sur le portrait,
commençait son récit :
    – Dans
les nuits sans sommeil, j’ai si souvent revu les détails de ce jour de décembre
gris et froid ou je suis entré dans la ville de Dijon qui est la capitale des
ducs de Bourgogne. Une belle ville que je connaissais bien et où j’aimais faire
halte...
    Peu à
peu, la voix du conteur, d’abord un peu étouffée, s’affermit et reprit ses
couleurs. Poète comme presque tous les Florentins, Francesco avait le don de la
parole et le sens de l’évocation. Devant les yeux des deux femmes qui l’écoutaient,
il traça, avec une étonnante sûreté de traits, le tableau de cette place
couverte d’une foule silencieuse tandis que sonnait le glas. Avec une douleur
qui faisait vibrer sa voix, il évoqua le couple de jeunes condamnés, si beaux,
si rayonnants dans le misérable tombereau du bourreau qu’ils semblaient « marcher
à leur triomphe », la silhouette affligée du vieux prêtre, celle,
sinistre, du bourreau masqué, l’émotion des assistants et le bouleversement de
son âme à lui face à la mort de cette exquise jeune femme. Il parla de Regnault
du Hamel dont le nom emplit au passage sa bouche d’un goût amer, de sa haine et
de son

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