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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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question
de mariage. Il ne l’admettrait pas. Simplement, après ta condamnation et la
privation de tes biens qui me seraient remis comme à ton héritière naturelle,
ta Fiora serait livrée à Pietro pour qu’il s’en amuse... après quoi on s’en
débarrasserait en la jetant dans un bordel. Tu vois que tu as tout intérêt à
accepter ma proposition. Ensuite, je te promets que nous formerons une famille
heureuse... et sans histoire !
    – Va-t’en !
... Hors de ma vue !
    – Décidément,
tu n’es pas raisonnable. Mais je pense qu’une longue nuit de réflexion te fera
voir où est ton intérêt. Demain, vers cette heure-ci, je reviendrai chercher ta
réponse. Je te souhaite le bonsoir.
    Un
frisson d’horreur galvanisa Fiora et lui rendit ses forces. Comprenant que la
femme allait sortir et ne voulant pas être surprise par elle écoutant à la
porte, elle se dissimula derrière une tapisserie, comprimant de son mieux les
battements affolés de son cœur. Une sueur froide mouillait son front et son dos
comme si l’abîme terrifiant de l’enfer venait de s’ouvrir devant elle. En
écartant légèrement la lourde tenture, elle vit Hieronyma sortir de la salle de
l’Orgue sans se presser. Sûre de sa victoire, elle se pavanait avec arrogance,
posant sur les meubles et les objets précieux au milieu desquels elle passait,
un regard avide qui était déjà celui d’une propriétaire.
    Pour
la première fois de sa jeune vie, Fiora connut l’envie de tuer, d’anéantir
cette femme odieuse dont elle comprenait à présent pourquoi elle l’avait
menacée chez Landucci. Sortant sans bruit de sa cachette, elle saisit un lourd
candélabre de bronze et s’avança lentement vers Hieronyma qui s’était arrêtée
pour admirer les pièces d’orfèvrerie disposées sur une crédence mais, comme si
elle avait deviné qu’un danger approchait, la dame Pazzi sortit brusquement de
la salle sans se retourner au moment même où Beltrami y entrait.
    Il vit
Fiora ainsi armée prête à s’élancer derrière Hieronyma et comprit ce qu’elle
voulait faire. Il s’écria :
    – Non,
Fiora ! Ne fais pas cela !
    – C’est
elle ou nous, père ! Laisse-moi faire !
    Il
courut alors à elle, lui arracha le candélabre et le reposa sur un coffre.
Désespérée, Fiora vit qu’il avait vieilli de dix ans et qu’il y avait des
larmes dans ses yeux. Alors, elle se jeta à son cou et le tint serré contre
elle, pleurant avec lui sur tout ce que l’abominable Hieronyma venait de briser,
de souiller. Ce fut là que Léonarde, qui cherchait Fiora, les trouva au bout d’un
instant.
    – Que
s’est-il passé ? demanda-t-elle. Je viens de croiser donna Hieronyma et
elle m’a ordonné, en me traitant de vieille maquerelle, de commencer à faire
mes paquets !
    – Nous
sommes au bord de la catastrophe, ma pauvre Léonarde, dit Beltrami. Cette femme
est devenue la maîtresse de Marino. Il lui a tout dit et il est prêt à
témoigner contre moi... à moins, évidemment, que je ne marie Fiora à son fils !
    – Mais
elle est déjà mariée, il me semble ? Il fallait le lui dire.
    – C’était
la dernière chose à faire. Il me reste un faible espoir de nous sauver en
allant tout raconter à monseigneur Lorenzo. Il a du respect et de l’amitié pour
moi alors qu’il déteste les Pazzi. Evidemment, le mariage le rendrait furieux,
mais cela je ne le dirai pas...
    Fiora
qui était restée blottie contre Beltrami, s’écarta de lui et le regarda avec
des yeux pleins d’angoisse :
    – Père !
... Est-il vrai que je ne sois pas ta fille ? Est-il vrai que je suis
née...
    – Tu
as donc entendu ?
    – Tout !
J’étais là, près de la porte que j’avais entrouverte. Oh, père ! c’était
épouvantable et je crois qu’à présent cela est pire encore ! Moi qui étais
si heureuse d’être ta fille ! Et voilà que je ne suis rien... moins que
rien ! Que le plus pauvre mendiant est en droit de me mépriser, que...
    – Tais-toi,
Fiora ! Pour l’amour du ciel, tais-toi ! Tant que tu ne sauras pas
tout, tu ne pourras pas juger. Quant à moi, tu es bien ma fille parce que je t’ai
voulue, reconnue... et parce que je t’aime ! Viens, viens avec moi !
    Allons
dans le studiolo ! C’est devant l’image de ta mère que je
veux t’apprendre la vérité. C’est une triste et douloureuse histoire que
Léonarde connaît bien mais qu’à présent je dois te faire savoir. Viens,

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