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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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des
spasmes la secouaient encore quand Etienne et Florent, précédés d’une
Péronnelle éperdue et incapable de comprendre ce qui se passait, l’emportèrent
dans sa chambre et la déposèrent sur son lit.
    C’est
seulement une fois couchée qu’elle se calma progressivement pour arriver à une
sorte de prostration, plus effrayante peut-être que le violent désespoir qui précédait.
Elle resta là durant des heures, immobile, insensible en apparence, n’entendant
rien mais les yeux grands ouverts, le regard fixé sur un même point des rideaux
qui entouraient son lit. Elle respirait à petits coups avec, de temps en temps,
un halètement douloureux que Léonarde écoutait, le cœur déchiré, terrifiée à l’idée
que sa petite Fiora était peut-être en train de perdre la raison.
    Il
avait bien fallu mettre Péronnelle plus ou moins au courant et celle-ci, tout
de suite, proposa d’aller chercher le prieur de Saint-Côme qui, en bon disciple
du saint patron de sa maison, jouissait d’une grande réputation médicale dans
les cas de folie, et d’exorciste en cas de possession diabolique. Ce dernier
mot déplut à Léonarde :
    – Nous
n’en sommes pas là ! fit-elle d’un ton sec. Notre jeune dame est sous le
coup d’une grande douleur qui l’a envahie au point de lui retirer le sens. Je
vais la veiller cette nuit et si, demain, elle est encore dans le même état,
nous verrons ce qu’il conviendra de faire. Pour ce soir, nous nous contenterons
de lui faire boire un peu de tilleul avec du miel.
    Tandis
que la brave femme, docile, allait chercher ce qu’on lui demandait, Léonarde s’établit
au chevet de
    Fiora,
comme elle l’avait fait si souvent, jadis, lorsque l’enfant était souffrante ou
simplement fiévreuse, et, prenant sa main abandonnée sur le drap, la porta à
ses lèvres sans plus chercher à retenir les larmes que, depuis le drame, elle s’efforçait
de contenir :
    – Mon
Dieu, priait-elle en silence, ne me la prenez pas, je vous en conjure ! Ne
permettez pas que son esprit s’en aille à la suite de celui qu’elle a trop aimé
et se perde dans les brumes de la folie. Il y a cet enfant qui va naître et qui
déjà n’a plus de père. Ne lui enlevez pas sa mère ! Je sais bien qu’elle
va encore souffrir, je sais bien qu’elle est au pied d’un nouveau calvaire et
que l’inconscience peut être une miséricorde, mais...
    Elle s’interrompit.
Fiora venait de pousser un gémissement et Léonarde, en relevant la tête, vit qu’elle
la regardait avec de grands yeux pleins d’angoisse.
    – J’ai
mal ! chuchota-t-elle. C’est comme un coup de couteau, là, dans mon ventre !
    Une
douleur aiguë, brutale, était venue la chercher dans l’abîme au fond de quoi
elle se sentait descendre pour la ramener à la surface de la vie. Afin de lui
échapper, elle se tourna sur le côté, ramenant ses jambes contre elle, mais la
souffrance ne s’apaisait pas. C’était comme une onde brûlante qui parcourait
ses entrailles et, dans son esprit épuisé par le chagrin, elle ne comprenait
pas d’où cela pouvait lui venir.
    Déjà
Léonarde avait rejeté draps et couvertures et examinait le corps recroquevillé,
passant sur le ventre tendu des mains prudentes. Cherchant un réconfort, le
regard de Fiora ressemblait à celui d’une bête prisonnière. Soudain, comme par
miracle, la douleur s’apaisa sous les mains de Léonarde et Fiora sentit que ses
draps étaient humides...
    – Qu’est-ce
que... qu’est-ce que j’ai ? murmura-t-elle. Au travers des larmes qui l’inondaient,
le visage ridé de
    Léonarde
lui apparut, rayonnant :
    – Rien,
mon agneau, rien que de très naturel ! L’enfant va arriver. Il va vous
falloir un peu de courage.
    – Du
courage ? Je n’en ai plus et je crois que je n’en aurai plus jamais !
Philippe ! mon Philippe !
    La
douleur qui renaissait balaya momentanément le chagrin pour ramener Fiora au
simple état de chair souffrante. Péronnelle qui revenait avec le tilleul
comprit au premier coup d’œil ce qui se passait :
    – L’enfant
arrive ? s’écria-t-elle joyeusement. Je vais préparer tout ce qu’il faut !
    Elle
se mit, incontinent, à faire dans la cheminée de la chambre un feu d’enfer sur
lequel elle installa une marmite d’eau. Il y en avait déjà à la cuisine, mais
elle pensait qu’il n’y en aurait jamais trop. Après quoi elle fit chauffer des
draps pour remplacer ceux de Fiora et empila une

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