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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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parfaits qui se serraient près du tout petit nez. Elle écarta un peu
son bras pour mieux le tenir et, instinctivement, sourit à ce bébé qui était le
sien.
    – Dieu
qu’il est laid ! souffla-t-elle en caressant d’un doigt précautionneux l’une
des menottes.
    – Vous
voulez dire qu’il est superbe ! claironna Péronnelle qui arrivait avec le
lait de poule. Ce sera un beau gaillard, vous pouvez m’en croire ! En
revanche, il n’a pas l’air de vous ressembler beaucoup...
    Un
coup de coude de Léonarde lui coupa la parole, mais Fiora examinait à présent
les traits menus tandis que la vague amère du chagrin, un moment repoussée par
les affres de l’accouchement, s’emparait d’elle à nouveau :
    – Il
ressemble à son père... à son père qui ne le verra jamais !
    Il
fallut encore bien des soins et bien des paroles à Léonarde pour venir à bout
de cette nouvelle crise de larmes. Fiora finit par se calmer, accepta de
prendre un peu de nourriture, après quoi elle s’endormit de ce sommeil
réparateur qu’elle avait appelé durant l’épreuve de la nuit. Léonarde ôta le
bébé qu’elle avait gardé contre elle et alla le coucher dans le berceau qu’elle
avait placé dans sa propre chambre, afin que la mère pût reposer en paix.
    Gomme
il s’était endormi lui aussi, elle alla chercher de l’eau pour faire une
toilette que sa nuit de veille rendait indispensable, mit une robe propre, une
cornette fraîchement repassée, et descendit à la cuisine pour prendre un
déjeuner dont elle sentait l’urgence.
    Péronnelle
était occupée à vanter à son Etienne les innombrables qualités de celui qu’elle
appelait déjà « notre enfant », mais elle se hâta tout de même de lui
servir une grande écuelle de panade au lait et à la cannelle et des gaufres
bien chaudes, tout en le gratifiant de son inlassable bavardage. Etienne pensa
que c’était là une excellente occasion de filer, avala d’un trait un grand
gobelet de cidre de ménage et gagna le large.
    On en
était à débattre des noms que le petit garçon allait recevoir au baptême quand
Florent revint du verger, un grand panier de prunes au bras. Sa mine sombre
frappa les deux femmes :
    – Il
ne faut pas faire cette tête, mon garçon ! dit Péronnelle. Notre jeune
dame est heureusement délivrée et c’est tout ce qui compte. Pour l’instant,
elle prend un repos bien gagné.
    – Vous
oubliez un peu vite ce qui est arrivé hier, coupa le jeune homme. Elle a
souffert toute la nuit et à présent elle dort, mais elle ne dormira pas
toujours. Que va-t-il se passer quand elle se retrouvera en face de la réalité ?
    – Croyez-vous
que je n’y pense pas ? fit Léonarde. Déjà, tout à l’heure, elle s’est
remise à pleurer alors que je croyais qu’elle n’avait plus une seule larme dans
le corps. Il faudra veiller sur elle de près et, surtout, espérer qu’elle
reportera sur son fils tout cet amour qu’elle avait donné à messire Philippe.
Mais il est certain que nous sommes tous dans la main de Dieu, nous qui l’aimons...
    – Sans
doute, mais il n’y a pas que ça ! Vous vous souvenez, dame Léonarde, de ce
marchand qui voulait m’acheter une mule, hier, sur le parvis de Saint-Martin ?
    – Cet
étranger dont le visage ne me revenait guère ?
    – Oui.
Eh bien, je viens de le trouver dans l’allée des chênes. Il venait par ici.
    – Pour
quoi faire ?
    – Je
le lui ai demandé. Il m’a répondu qu’il cherchait le château de notre sire le
roi...
    – Quelle
sottise ! N’est-il pas passé devant le Plessis et n’a-t-il pas vu les
gardes de l’entrée ?
    – C’est
ce que je lui ai fait remarquer. Il m’a répondu que les gardes, justement, l’avaient
reçu avec grossièreté et qu’il cherchait s’il n’y avait pas une autre entrée
moins rébarbative. J’avoue n’avoir pas été beaucoup plus aimable que les
sentinelles. « Le roi, lui ai-je dit, n’est pas encore rentré de guerre et
les étrangers n’ont rien à faire chez lui. » Il a dit alors qu’il le
savait bien, mais qu’on lui avait tant vanté les merveilles de ce château qu’il
désirait l’admirer avant de rentrer dans son pays. Il pensait que, peut-être,
il y avait une porte de communication entre le parc royal et celui-ci. Pour
finir, il a même mis la main à l’escarcelle. Me donner de l’argent, à moi, pour
que je le laisse entrer chez nous ! conclut Florent rouge encore

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