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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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petites flammes dorées
la magnificence de son décor intérieur. L’ensemble chatoyait, brillait et
auréolait une merveille : le tabernacle gothique d’Andrea Orcagna,
incrusté de mosaïques et orné de bas-reliefs. Il faisait la gloire de la nef de
droite.
    La
dalle sous laquelle reposait Francesco Beltrami se trouvait non loin de ce
tabernacle, au pied duquel rougeoyait une veilleuse. Avec une émotion profonde,
Fiora se laissa tomber à genoux sur la pierre. C’était la première fois qu’elle
pouvait venir prier à cet endroit puisqu’elle n’avait même pas eu le droit, au
jour de colère des funérailles, d’y accompagner son père. D’abord captive, puis
cachée, enfin emportée loin de Florence par la tempête qui avait failli la
briser, elle avait souvent songé, avec des larmes dans le cœur, à ce tombeau,
profané par la haine superstitieuse de Hieronyma, où reposait un corps dont on
avait fouillé la poitrine pour offrir à un démon de bois et de carton la chair
qui avait battu au rythme généreux d’un homme de bien.
    Se
courbant jusqu’à ce que sa bouche et ses pleurs atteignissent la pierre froide,
la jeune femme resta prostrée un long moment, ensevelie dans ses voiles noirs –
toute la ville portait le deuil de Giuliano de Médicis – qui prenaient à cet
instant une double signification.
    – Père,
murmurait-elle, mon père ! Je t’aimais, sais-tu et je t’aime toujours...
Je t’aime, je t’aime, je t’aime... Si seulement mes larmes pouvaient te
redonner la vie ! Si seulement je pouvais partager la mienne ! O,
père, pourquoi nous a-t-on arrachés l’un à l’autre ? Nous étions si bien,
tous les deux ! ...
    Secouée
de sanglots, elle eût peut-être attendu là la fin du jour dans sa douleur
réveillée si deux mains posées sur ses épaules n’avaient entrepris de la
relever.
    – Tu
te fais du mal, Fiora ! chuchota une voix douce. Il ne faut pas rester là !
Viens avec moi !
    Un peu
courbatue par sa longue prosternation, Fiora se redressa, essuyant à sa manche
les larmes qui coulaient encore pour offrir un sourire à la nouvelle venue.
    – Chiara !
Est-ce toi ? Est-ce bien toi ?
    Un
élan la jeta dans les bras de l’amie retrouvée et les deux jeunes femmes s’embrassèrent
avec l’enthousiasme qui naît toujours d’une longue séparation. Un peu en
arrière, la grosse Colomba, autrefois la gouvernante de Chiara Albizzi et à
présent sa suivante, pleurait d’attendrissement en remerciant le Ciel, avec sa
volubilité habituelle, pour cette joie dont elle avait le privilège d’être le
témoin. Fiora l’embrassa elle aussi puis, prenant les deux femmes chacune par
un bras comme si elle craignait de les voir disparaître, elle les entraîna vers
l’un des bancs disposés contre les murs de l’église.
    – Quelle
joie de vous revoir ! soupira-t-elle. Comment avez-vous pu savoir que j’étais
ici ? Est-ce le hasard qui vous a conduites en cet endroit ?
    – Non,
dit Chiara. Tout Florence sait que tu es revenue. On parle de toi presque
autant que des Pazzi.
     
    – Moi
qui espérais tant passer inaperçue !
    – Toi...
ou Lorenzo ?
    – Ah !
... Tu sais cela aussi ?
    Chiara
se mit à rire et Colomba, qui s’efforçait d’avoir l’air de prier, sourit aux
anges :
    – Comme
tout Florence ! Chère innocente ! Tu as oublié que, lorsque notre
prince éternue, la ville entière se demande d’où est venu le courant d’air ?
On sait que tu es à Fiesole.
    – Alors,
pourquoi n’es-tu pas venue me voir ?
    – Par
discrétion et aussi... par prudence. Lorenzo n’est plus le même depuis la mort
de son frère et tu fais partie d’une vie secrète qu’il préserve jalousement. Ce
qui semble facile à comprendre : quand deux êtres s’aiment...
    – Mais
je ne suis pas du tout certaine que nous nous aimions ! Nous sommes tombés
dans les bras l’un de l’autre, au soir du meurtre, et nous y sommes restés
jusqu’à présent. Mais cette situation tient à ce qu’il avait besoin de moi
autant que moi de lui. De toute façon, cela ne saurait durer.
    – Pourquoi
donc ?
    – Parce
que je dois repartir bientôt. J’ai, en France, un fils de neuf mois.
    – Tu
as un fils ? Oh, mon Dieu ! Quelle chance tu as ! Un enfant !
J’aimerais tant avoir un enfant !
    – Mais...
n’es-tu pas mariée ?
    – Non.
Bernardo Davanzati que je devais épouser est mort de la peste, à Rome, l’an
passé.
    – Oh !
Je

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