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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pourraient trouver désagréable que ta présence ait tari leur
corne d’abondance. Tu risques même d’être en danger.
    – Ils
auraient tort de charger leur âme d’un crime. Je m’éloignerai de Lorenzo un
jour ou l’autre. Seulement, je ne veux pas le blesser.
    – Sois
franche ! Ni renoncer déjà à ce que tu trouves auprès de lui ?
    – C’est
vrai. Je voudrais que cette situation se prolonge encore un peu. A l’entendre,
d’ailleurs, il souhaite que cela dure longtemps et m’a proposé d’envoyer au
Plessis chercher mon fils et Léonarde, mais je n’ai pas encore pu me résoudre à
accepter. Je ne sais pas pourquoi, car ce serait dans l’intérêt de l’enfant.
Élevé ici, il recevrait tout naturellement l’éducation nécessaire pour
reprendre en totalité les affaires de mon père.
    – Tu
ne parles pas sérieusement ?
    – Mais
si. Dès sa naissance, j’ai souhaité faire de lui un homme tel que l’était mon
père : courageux, lettré, humain, généreux et ouvert à la beauté. Est-ce
que cela te paraît si invraisemblable ?
    – A
mon tour d’être franche : oui.
    – Mais
pourquoi ?
    – Ce
n’est pourtant pas moi qui ai épousé messire de Selongey ! Tu oublies que
ton fils est aussi le sien, qu’il porte un grand nom dans son pays, même si c’est
celui d’un homme qui a payé sur l’échafaud sa fidélité à une cause perdue. Tu
ne peux pas en faire un bourgeois florentin...
    – Je
ne vois pas en quoi ce serait déchoir ?
    – Il
est possible que tu ne le voies pas, mais lui le verra un jour. Quand il sera
grand, il posera des questions auxquelles il te faudra répondre. Et alors, qui
te dit qu’il ne préférera pas une vie misérable, une vie de proscrit en accord
avec ce qu’avait choisi son père, à la vie fastueuse dont tu rêves pour lui,
mais où il ne se reconnaîtra pas ? Tu as été déracinée, toi, et tu sais ce
que cela t’a coûté. Ne fais donc pas subir la même épreuve à ton enfant ! Elève-le
dans l’amour et le souvenir de ton époux...
    – Est-ce
vraiment incompatible avec la vie d’un des hauts personnages de notre cité ?
    – Peut-être
pas, mais à la condition que tu ne sois plus, et depuis longtemps, la maîtresse
de Lorenzo. Je sais, ajouta Chiara en souriant, j’ai l’air de te vouer à une
austérité pour laquelle tu n’es pas faite, mais je crois que si j’avais un
enfant, je m’y résoudrais avec joie...
    Sans
répondre, Fiora passa un bras autour du cou de son amie, l’embrassa, puis
laissa son visage contre le sien sans se rendre compte que des larmes coulaient
sur ses joues.
    – Ne
pleure pas, fit Chiara. Je suis sûre qu’il y a encore de beaux jours à venir
pour toi... A présent, si nous dormions ? L’aube va bientôt venir.
    Ce ne
fut pas le jour qui les éveilla, mais un véritable hurlement poussé par
Colomba. En un clin d’œil, elles se retrouvèrent pieds nus et en chemise sur
les marches de marbre de l’escalier, courant vers la porte grande ouverte du
palais en travers de laquelle la grosse Colomba était évanouie. Une servante
lui tapotait les joues sans conviction tandis qu’au-dehors un valet levait le
poing en glapissant des injures. Un jeune homme très élégant joignait sa voix à
celles du serviteur et de Lodovico Albizzi qui, en robe de chambre et son chat
sous le bras, trépignait et poussait des cris inarticulés.
    En les
rejoignant, les deux jeunes femmes virent une troupe d’enfants qui s’éloignaient
en dansant, traînant quelque chose au bout d’une corde.
    – Qu’est-ce
que c’est, mon oncle ? demanda Chiara inquiète de voir le vieil homme
rouge de fureur.
    – Hé,
c’est toujours ce vieux diable de Jacopo Pazzi ! Le voilà qui traîne
encore par les rues ! Je n’ai jamais vu un mort s’agiter autant...
    Ce qui
s’était passé, Fiora, qui faisait boire à la pauvre Colomba quelques gouttes d’eau-de-vie,
l’apprit de sa bouche même. Tandis qu’elle veillait à la préparation du premier
repas, la gouvernante de Chiara avait entendu, dans la rue, chanter une troupe
d’enfants. L’instant d’après, le heurtoir de la porte avait été vigoureusement
agité. Colomba était allée ouvrir, et c’est alors qu’elle avait poussé ce cri
qui avait réveillé une partie de la maison : accroché à la chaîne de la
cloche, un cadavre à demi décomposé dodelinait flasquement tandis qu’autour de
lui les gamins riaient et

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