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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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naïf comme un
enfant, il ne manquait jamais, avant de se mettre au travail, de prier Dieu de
lui donner force et raison. Lorenzo l’aimait bien, comme l’avaient aimé son
père et son grand-père, et c’était en grande partie grâce à lui si les autres
membres du clan Albizzi, autrefois frappés d’exil, avaient pu revenir à
Florence.
    Incroyablement
distrait aussi, les événements extérieurs passaient sur lui sans guère laisser
de traces. Ainsi, durant le souper où Colomba servit des pigeons farcis aux
herbes fines, l’une de ses gloires, il se montra extrêmement surpris d’avoir
trouvé sur son chemin, en sortant de chez son savant ami Toscanelli, le cadavre
du vieux Pazzi qu’une bande d’hommes et de femmes traînaient sur les pavés.
    – Il
m’a été difficile de le reconnaître, ce cadavre est en fort mauvais état. Je n’ai
d’ailleurs pas bien compris ce que ce Pazzi faisait là, car je ne savais même
pas qu’il était mort.
    – Mon
cher oncle, fit Chiara en riant, quel cataclysme serait assez puissant pour t’arracher
à tes chères études et t’intéresser à la vie de la cité ? Depuis le
meurtre de son frère, Lorenzo de Médicis et la Seigneurie ont entrepris d’exterminer
les Pazzi. Oublies-tu que leur palais a brûlé il y a quinze jours ?
    – C’est
vrai ! Je m’en souviens, j’ai cru que le feu avait pris dans une de nos
cheminées. En tout cas, ce brave Petrucci s’est mis à brailler qu’il fallait
arrêter cette promenade répugnante puisque le soleil était revenu, et là je n’ai
plus rien compris. Qu’est-ce que le soleil vient faire là-dedans ? Le
soleil brille tous les jours, à Florence ?
    – Plus
depuis un mois, mais cela ne semble pas t’avoir frappé ? Ces pauvres gens
pensaient que les pluies incessantes venaient de ce que l’on avait enterré
Pazzi, suppôt de Satan, dans une église. J’espère tout de même qu’on va l’enterrer
quelque part ?
    – Ah
bon ! Ah ! ... Très bien ! L’enterrer ? Oui, je crois que
Petrucci a dit quelque chose là-dessus. On va fourrer le vieux brigand près des
remparts, du côté de la porte San Ambrogio, me semble-t-il. Colomba ! Je
reprendrais bien une moitié de pigeon...
    Son
repas terminé, il alla chercher un gros chat noir et blanc qui sommeillait
devant la cheminée, le mit sous son bras et regagna son cabinet de travail
après avoir souhaité la bonne nuit aux deux filles.
    Celles-ci
partagèrent le lit de Chiara comme autrefois. Elles avaient toujours tant de
choses à se dire et, ce soir, bien sûr, plus que par le passé. Une bonne partie
de la nuit suffirait à peine. C’était une belle nuit paisible, la première
depuis plusieurs semaines et le clair de lune, voilé par un léger brouillard à
reflets nacrés, éclairait la chambre d’une lumière un peu mystérieuse. Par la
fenêtre de Chiara, un acacia blanc étirait une branche jusqu’à l’intérieur de
la pièce égrenant sur le tapis ses fleurs fragiles au parfum délicat. Dans
cette atmosphère pleine de la douceur d’autrefois, Fiora put ouvrir son cœur à
son amie avec plus d’abandon qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent, même avec
Démétrios. Chiara, étant femme, pouvait comprendre les élans secrets d’une
autre femme mieux que n’importe quel homme.
    Comme
le médecin, Chiara encouragea son amie à garder secret le malheureux mariage
avec Carlo Pazzi.
    – Nous
allons avoir la guerre et Rome va se trouver bientôt beaucoup plus loin de
Florence qu’elle ne l’est en réalité. Tu as toutes les chances de ne revoir
jamais ce pauvre garçon.
    – Je
n’en suis pas moins mariée à lui, et il s’est comporté en ami. Je sais aussi qu’il
est malheureux loin de sa chère maison de Trespiano. Si seulement je pouvais la
lui faire rendre !
    – Je
comprends ton souhait, mais attends encore un peu. Lorenzo donne l’impression d’un
écorché vif depuis le crime. Tu lui apportes un adoucissement sans nul doute
précieux, mais il faut se méfier de ses réactions. D’autre part, comment
penses-tu organiser ton avenir ? Tu ne peux rester dans cette situation
fausse que te crée le... la passion du maître ?
    – Tu
allais dire le caprice, et je crois que c’est le mot juste. Qui était la
maîtresse de Lorenzo quand je suis revenue ? Car je suis certaine qu’il en
avait une ?
    – Oui.
Bartolommea dei Nasi. Une belle fille, pas très maligne, mais les siens le sont
pour elle. Ils

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