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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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fiançailles de madame ma mère… Acceptez-le comme un gage d’amour ardent et fidèle jusqu ’ à la mort. »
    Elle considéra un instant l’anneau symbolique avec des yeux embués de larmes. Elle leva lentement la main jusqu’à sa bouche et posa ses lèvres sur la perle dans un baiser de dévotion émue. Et se courbant devant Ferrière, d’une voix grave, changée, une voix harmonieuse si douce, si prenante qu ’ elle le remua jusqu ’ au fond des entrailles, elle prononça, comme on profère un serment solennel :
    « Fidèle jusque par-delà la tombe, telle est ma devise, monseigneur, à laquelle je ne faillirai pas, je vous le jure. »
    Et c’est ainsi que, par une belle soirée de mai, au milieu des rumeurs de la rue agitée, sous la croix du Trahoir qui étendait au-dessus d’eux ses longs bras qui semblaient bénir après avoir enregistré le serment de fidélité, ce fut ainsi que se fiancèrent très haut et très noble vicomte de Ferrière, futur comte de Chambly, baron de Follembray, seigneur d’une foule d’autres lieux, et Fiorinda, diseuse de bonne aventure, pauvre fille du peuple, sans nom, sans titres, sans fortune.
    Ils se prirent la main et côte à côte, lentement, ils se perdirent au hasard dans le dédale des petites rues qui avoisinaient les Halles et sur lesquelles s’étendait peu à peu le voile de la nuit qui tombait.
    Ce fut une longue heure de rêverie heureuse qui leur parut brève comme une seconde.
    Et ce fut Ferrière qui le premier revint au sentiment de la réalité.
    « La nuit tombe, dit-il, les rues ne sont pas sûres. Cette agitation populaire, que vous avez pu remarquer et qui a duré une bonne partie de la journée, semble s’être apaisée, mais je ne m’y fie point. Il faut rentrer. J’ai maintenant pour devoir de veiller sur vous. Devoir précieux et bien doux. Souffrez donc, mon joli cœur, que je vous accompagne jusqu’à la porte de votre logis.
    – Je n’ai plus de logis, fit-elle en souriant tendrement, j’ai dû accepter l’hospitalité que m’offrit ma belle et bonne Myrta, la sœur de M. de Beaurevers. C’est donc à la petite maison des Petits-Champs que je demeure, en attendant d’avoir trouvé un autre logis.
    – En attendant le jour où vous entrerez tête haute dans la maison de votre époux, où vous serez souveraine maîtresse. Dès ce soir avant de me coucher, je parlerai à monsieur mon père et lui demanderai de vouloir bien bénir notre union. »
    Aussi naturellement, elle répondit :
    « Je vous attendrai ici, dans cette maison amie. La fiancée du vicomte de Ferrière ne saurait plus courir les rues en disant la bonne aventure. Allez, monseigneur, vous avez tout Paris à traverser et mieux vaut le faire avant que la nuit ne soit complètement venue. Dieu vous garde. »
    Elle lui tendit le front. Il posa ses lèvres brûlantes sur les fins cheveux, d’un beau châtain foncé, ondulés naturellement, en disant :
    « À demain, mon cœur.
    – À demain, mon seigneur et mon maître. »
    Il partit brusquement. Fiorinda, sans s ’ en rendre compte, s’était avancée de quelques pas au milieu de la chaussée, afin de le voir plus longtemps. Elle soupira, extasiée :
    « Ce n’est pourtant pas un rêve ! »
    À ce moment, répondant à ces paroles qu’elle avait prononcées tout haut, une voix à la fois railleuse et menaçante gronda à son oreille :
    « Il y a loin de la coupe aux lèvres ! »
    Elle se retourna tout d’une pièce, et elle reconnut, penché sur elle, le masque grimaçant, avec ses yeux où luisait la flamme du désir, du baron de Rospignac.
    Elle jeta les yeux autour d’elle et elle se vit encadrée par quatre individus armés jusqu’aux dents, immobiles comme des statues de marbre.
    Rospignac n’ajouta pas un mot. Il fit un signe.
    Elle se vit prise, soulevée à bout de bras. Elle n’essaya pas de résister. Elle cria. Elle appela de toutes ses forces :
    « À moi !… Ferrière !… Beaurevers !… À moi !…
    – Le bâillon, drôles ! » commanda la voix rude de Rospignac.
    L’ordre fut exécuté avec une promptitude qui tenait du prodige.
    Leur précieux fardeau sur l’épaule, les quatre sinistres porteurs s ’ éloignèrent vivement. Ils s ’ avancèrent ainsi dans la direction de la rue Coquillère. Rospignac marchait silencieusement à côté d’eux. Une litière, dissimulée dans un renfoncement, attendait à une vingtaine de toises de là. Quelques

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