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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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enjambées suffirent pour les amener jusqu ’ au véhicule.
    Fiorinda fut doucement étendue sur les coussins de la litière, dont les mantelets étaient rabattus.
    « Allez ! », ordonna Rospignac.
    Et la lourde machine s’ébranla, conduite en main par un palefrenier, escortée par les quatre porteurs.
    Cet enlèvement s’était accompli avec une incroyable rapidité. Depuis l’instant où Rospignac était apparu à Fiorinda, stupéfaite mais non effrayée, jusqu’au moment où, la litière s’étant éloignée, il fit demi-tour et s’enfonça dans la nuit, une minute tout au plus s’était écoulée.
    Cette minute venait à peine de finir, Rospignac venait à peine de disparaître, lorsque la porte de la petite maison de la rue des Petits-Champs s’ouvrit brusquement. Un homme bondit dans la rue. C’était Beaurevers. Sur le seuil de la porte demeurée ouverte, deux hommes, deux colosses, dagues et rapières aux poings, se tenaient immobiles.
    Beaurevers avait bondi dans la rue. Il parut tout étonné de n’y trouver personne. Il inspecta les environs immédiats de la porte.
    « C’est étrange, se dit-il en lui-même, il m’avait pourtant bien semblé avoir entendu mon nom. »
    Il revint à la porte. Les deux colosses armés n’avaient pas bougé.
    « Je me serai trompé », leur dit-il d’un air soucieux. Et sur le ton bref du commandement :
    « Faites bonne garde. Faites en sorte de ne pas laisser se morfondre dehors cette jeune fille quand elle viendra heurter à l’huis. Et veillez sur elle comme sur ma propre sœur. Bonsoir. Fermez tout. »
    Sur cette dernière recommandation, et pendant que les deux colosses obéissaient passivement, il s’éloigna à grandes enjambées. En marchant, il grommelait :
    « C’est tout de même extraordinaire et inquiétant que cette petite Fiorinda ne soit pas encore rentrée !… Après cela, c’est une fille si étrange, si éprise de son indépendance !… Peut-être s’est-elle sentie en cage dans cette maison et a-t-elle cherché un nid plus à sa convenance… Si ce n’était que cela !… Mais c’est qu’il m’a bien semblé reconnaître sa voix !… Au diable ! J’ai d’autres chiens à fouetter pour le quart d’heure et je n’ai que trop perdu de temps déjà ! Il sera temps, demain, de m’occuper de Fiorinda. »

II – AU LOUVRE
    Raide dans son fauteuil, Catherine, livide, les lèvres pincées, sans un mot, sans un geste, fixait Rospignac, venu pour rendre compte, qui s’inclinait devant elle. Et sous la menace de ce regard de feu, le baron sentait un frisson d’épouvante l’étreindre à la nuque.
    « Eh ! madame, avant de me poignarder du regard comme vous le faites, il serait juste de savoir d’abord si je suis coupable !… L’affaire a échoué, c’est certain. Il n’y a point de ma faute, c’est non moins certain.
    – Expliquez-vous.
    – Tout le mal vient de MM. de Guise, qui se sont avisés de venir déranger les dispositions que j’avais prises, que vous connaissez et que vous aviez approuvées, madame.
    – C’est bien, dit-elle froidement, faites votre rapport. »
    Rospignac comprit qu’il avait réussi à tirer son épingle du jeu. Malgré son calme apparent, il se sentit soulagé du poids énorme qui l’oppressait. Il fit le rapport qu’on lui demandait. Il le fit rigoureusement exact dans ses plus petits détails. Seulement, il mit bien en évidence la faute commise par les Guises en retardant par des questions oiseuses la marche des troupes qui étaient ainsi arrivées trop tard.
    Quand il eut terminé, Catherine garda un instant le silence. Rospignac, dans une attitude respectueuse, l’observait du coin de l’œil, cherchant à lire sur son visage l’effet produit par ses paroles, et à deviner ses intentions. Peine parfaitement inutile d’ailleurs, car aucun visage humain ne savait se montrer plus indéchiffrable que celui de Catherine.
    Comme si de rien n’était, elle prononça enfin :
    « C’est ce soir, je crois, que MM. de Guise doivent avoir un entretien secret avec M. le vidame de Saint-Germain ?
    – Oui, madame.
    – Vous serez là ?
    – Oui, madame.
    – Bien. Vous viendrez me rendre compte demain matin. Je vais réfléchir… Demain, peut-être, je pourrai vous donner de nouvelles instructions. Allez. »
    Rospignac s’inclina profondément et se dirigea vers la porte en se disant :
    « Elle n’est pas contente… Mais elle n’a rien à me

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