Fortune De France
ce titre des tentatives de colonisation au Brésil
et en Floride (voir notre chapitre XII). Mais il se fit surtout connaître pour
son héroïque défense de Saint-Quentin contre les Espagnols. Converti au
calvinisme pendant sa captivité aux mains des Espagnols, il devint, après
l’assassinat du prince de Condé (1569), le chef respecté et incontesté des
réformés. Son frère, d’Andelot (1521-1569), colonel général de l’infanterie,
participa, sous le Duc de Guise, à la prise de Calais. Il fut le premier des
Châtillon à se convertir au calvinisme. Son autre frère, Odet de Coligny, dit
le Cardinal de Châtillon, converti lui aussi, se réfugia en Angleterre en 1568.
Les
trois frères périrent de mort violente. D’Andelot et Odet, empoisonnés à
l’instigation, dit-on, de Catherine de Médicis. L’amiral de Coligny, arquebusé
en plein Paris par le tueur du Roi, fut, deux jours plus tard, la première
victime de la Saint-Barthélemy.
10. Jeanne
d’Albret rejoignit la cavalcade royale le 1 er juin 1564 et la quitta
le 14 août, n’ayant rien obtenu contre Montluc et se voyant, au contraire,
sommée par Catherine et le Roi d’avoir à vivre dans « la religion
qu’avaient observée ses prédécesseurs ». Cependant, par une contradiction
qui est bien dans le caractère de la Reine-mère, et témoigne en même temps de
son scepticisme, elle accorda à Jeanne d’Albret, en lui donnant son congé, des
lettres patentes pour la création d’un collège protestant à Bergerac...
11. Le
duc d’Albe, dans une lettre à l’ambassadeur de France (citée par Lavisse, tome
VI, p. 92), se défendit d’avoir, à Bayonne, donné à Charles IX et à
Catherine de Médicis des conseils de rigueur à l’égard des protestants
français. Mais ce démenti diplomatique est lui-même démenti par une dépêche du
duc d’Albe à son maître Philippe II (tome IX, p. 298, des Papiers
d’Etat du Cardinal Granvelle), où il est dit « qu’il fallait se
débarrasser de cinq ou six chefs ».
Conseil
qui était bien dans les habitudes de l’époque et qui porta ses fruits :
outre les trois frères Coligny, le prince de Condé, fait prisonnier et désarmé
après la bataille de Jarnac (1569), fut froidement tué d’un coup de pistolet
par Montesquiou, qui n’agit sûrement pas sans ordre. Quant à La Rochefoucauld,
autre grand chef protestant, il fut assassiné à son domicile par des
gentilshommes envoyés par le Roi aux premières heures de la Saint-Barthélemy.
12.
Bien que le terme « protestant » apparaisse dès 1529, quand
les princes luthériens d’Allemagne « protestèrent » contre la
décision de Charles Quint de restreindre la liberté religieuse, il apparaît
rarement dans les textes français du XVI e siècle pour désigner les
calvinistes français.
« Huguenot » (ugonau en oc) fort employé en
revanche dans la deuxième moitié du XVI e siècle pour désigner les
calvinistes français vient du mot allemand « eidgenossen »
(les confédérés) simplifié en eignot et francisé (via Genève) en « huguenot ».
Mais
on disait aussi les « religionnaires » ou « ceux de la
Religion » ou encore « ceux de la religion réformée ».
Se
méfiant du prestige déjà grand du mot « réforme » en ces temps, les
prêtres romains les plus zélés dénonçaient « la religion prétendue
réformée », et sous leur plume apparaît alors un sigle qui nous étonne
par sa modernité : la r.p.r.
À
l’égard des réformés qu’il assiégeait dans La Rochelle, Henri III utilise,
à l’exclusion de toute autre, l’expression « ceux de la nouvelle
opinion », expression qui paraît fort douce, comparée au vocabulaire
qu’employaient son père Henri II et son frère Charles IX (cette
peste, cette lèpre, etc.).
13.
D’après M. Paul Vergnaud, qui a fait des recherches sur ce sujet, les formes
« périgordin » et « périgourdin » se partagent
à peu près les faveurs des écrivains du XV I e siècle. Mon usage de « périgordin » dans Fortune de France est
donc licite, sans être aussi normatif que je le pensais.
GLOSSAIRE
DES
MOTS ANCIENS OU OCCITANS
UTILISÉS
DANS CE ROMAN
A
acagnarder (s’) : paresser.
acaprissat (oc) : têtu (chèvre).
accoiser (s’) : se taire (voir coi).
accommoder : mal traiter, ou bien
traiter, selon le contexte.
accommoder à (s’) : s’entendre avec.
affiquet : parure.
affronter : tenir
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