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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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sur Morozzi ou un de ses alliés dans le grenier. Car assurément quelqu’un avait bien allumé la mèche ? Et voilà à présent qu’une nouvelle possibilité, en apparence absurde, semblait vouloir s’imposer à moi. Scrutant la clepsydre dans ses moindres détails, je repérai un élément qui n’aurait pas dû se trouver là : un trou, petit mais bien visible.
    — Aide-moi à monter, lançai-je à César.
    Il fronça les sourcils, mais s’exécuta. Mon examen approfondi vint prestement confirmer qu’un trou avait été fait quelques centimètres seulement au-dessus du réservoir du bas, de taille à peine plus large que la mèche que j’avais éteinte dans le grenier. Pour quelqu’un de bien préparé, et au vu de la décrépitude des lieux, il semblait tout à fait possible d’avoir fait passer la mèche à l’intérieur du pilier, pour la faire ressortir par le plancher branlant du grenier. Mais dans quel but ?
    M’agrippant au rebord du réservoir, je jetai un œil à l’intérieur. Ce que j’y vis me donna un choc. M’adossant au pilier pour ne pas tomber, je plongeai deux mains dans le réservoir. Sous l’œil interloqué de César, j’en ressortis un récipient long et peu profond contenant encore une certaine quantité d’huile, au centre duquel flottait l’extrémité d’une mèche à combustion lente.
    — Par le diable, mais qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria-t-il lorsqu’il m’eut ramenée sur la terre ferme. Ensemble, nous examinâmes ma trouvaille.
    — C’est ce qui explique comment Morozzi a fait pour allumer la mèche, lui annonçai-je. La clepsydre fonctionne selon un cycle de sept jours, durant lequel toute l’eau s’écoule du premier réservoir dans le second. Si tu regardes bien, en ce moment même, nous en sommes au point où le réservoir du bas est quasiment plein. À un moment donné ces jours derniers, lui ou l’un de ses complices a mis ce récipient à flotter dans le réservoir, en prenant garde que la mèche soit suffisamment longue pour continuer à brûler tout le temps où le réservoir se remplirait. À force de s’élever, le niveau de l’eau a fini par mettre en contact la mèche du récipient et celle de l’amorce, qui avait été au préalable raccordée depuis le grenier jusqu’ici… (Je pointai du doigt le petit trou.) En s’y prenant à l’avance, il était possible de calculer exactement à quelle vitesse le réservoir allait se remplir. Une fois cela fait, il ne restait plus à Morozzi qu’à choisir précisément le moment où il souhaitait voir la mèche s’enflammer.
    — Pendant la messe, en conclut César.
    Son visage s’était assombri, mais je voyais bien que malgré lui il était aussi fasciné que moi.
    — C’est ingénieux, fit-il dans un souffle.
    Il n’est guère plaisant de songer que l’intelligence supérieure se met parfois au service du mal absolu, et pourtant j’ai dans l’idée que cela arrive bien plus souvent qu’on ne le croie.
    — Très ingénieux, renchéris-je, avant de ressentir le désespoir pointer, en prenant conscience de ce que ma découverte signifiait.

35
    Morozzi était bel et bien parti de Rome, comme s’il n’avait jamais été là. Plus tard, nous fûmes en mesure de confirmer que le prêtre fou avait été vu quittant la ville par la porte Septimienne, qui menait ensuite vers le nord en suivant la via Cassia, donc vers Florence – et quantité d’autres villes et ports, au demeurant. Cette information nous parvint de toute façon trop tard pour que cela ait la moindre importance.
    Restait à déterminer s’il était responsable des autres attaques contre Borgia. Il aurait manifestement pu se servir de la Fraternité à cette fin mais, même si je répugnais à l’admettre, d’autres que lui pouvaient avoir joué un rôle dans cette affaire : les Espagnols, la famille Sforza, les Français, della Rovere… Vraiment, mon maître avait tant d’ennemis que c’en était gênant. Quelle chance de pouvoir compter sur sa famille, pour un homme dans sa situation – ou pas, selon le point de vue duquel on se plaçait.
    La première réaction de Juan lorsque César le mit devant le fait accompli fut de se braquer, puis de tout nier en bloc, et enfin de se draper dans sa dignité.
    — Comment oses-tu mettre ma loyauté en doute ? fulmina-t-il. Je sers notre père bien plus fidèlement que tu ne l’as jamais fait ! Tu lui ferais faire tout le temps la guerre, alors

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