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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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davantage, en dépit de ce que vous avez peut-être entendu dire. À la vérité les gens entendent dire bien trop de choses.
    — Les Portugais ne vont pas être contents, fit observer Borgia, à son encrier ou à moi, je n’aurais su le dire. Peut-être était-ce aux pigeons qu’il s’adressait.
    — Vous leur donnez tout de même l’autre moitié du monde, lui rappelai-je. Je n’exagérais pas : c’était précisément ce qu’il était en train de faire avec ses géographes, d’éminents savants dont l’air habituellement sévère l’était encore davantage, à présent qu’on les obligeait à redessiner toutes leurs cartes. L’Ouest à l’Espagne, l’Est au Portugal, et pour le reste, sauve qui peut.
    — Je suis bien obligé de faire quelque chose, répondit-il un tantinet sur la défensive – mais qui le lui aurait reproché ?
    À peu près tout le monde, songeai-je en mon for intérieur, si l’on considérait que la situation était de son propre fait. Je m’abstins toutefois de tout commentaire. Que personne ne m’accuse de manquer totalement de diplomatie.
    — Leurs Majestés très catholiques en seront bien aises, fis-je remarquer tout en fixant la plume d’oie qui gisait dans son encrier, en l’exhortant par la pensée à bondir et signer elle-même ce fichu décret.
    Ferdinand et Isabelle d’Espagne allaient être ravis, pour sûr, mais restait à espérer qu’ils le soient suffisamment pour aider Borgia à résoudre le problème posé par le royaume de Naples. Un problème que lui-même avait causé, en – voyons, qu’était-ce, déjà… ah oui, c’est cela, en tentant entre autres choses de s’approprier des terres napolitaines pour les donner à son fils cadet, Juan, de qui il se figurait Dieu seul sait pourquoi arriver à faire un grand prince. Les gens prennent si facilement la mouche, parfois.
    Ainsi, il y aurait peut-être bientôt la guerre. L’issue du conflit reposait sur la capacité des monarques espagnols, une fois soudoyés à hauteur de leurs désirs, à marchander la paix avec Naples. Un nouveau monde suffirait-il à les inspirer ?
    — Ou pas, répliqua Borgia en agitant une main chargée de bagues. Cette question va devoir attendre.
    Il reposa sans ménagement la plume qu’il avait reprise une minute plus tôt et se leva.
    — Vous sortez ? demandai-je en l’imitant. Étant donné la gravité de la situation, on aurait pu songer que le pape se serait entièrement consacré à son travail. Mais Borgia ne faisait jamais rien sans raison – voire plusieurs parfois, qui à première vue paraissaient contradictoires mais finissaient toujours par se rejoindre, dans le but ultime de servir sa célèbre ambition.
    — J’ai promis d’aller conseiller une âme troublée, déclara-t-il, tout à coup de meilleure humeur.
    J’entendis les secrétaires grogner, et je n’aurais su les en blâmer. À coup sûr Borgia allait filer discrètement voir sa maîtresse, Giulia Farnese Orsini, connue à juste titre sous le nom de La Bella et dont l’âme (pour autant que je le sache) n’était en rien troublée. Pendant ce temps-là, c’était à ces mêmes secrétaires qu’il incomberait d’éluder au mieux les questions des courtisans et autres ambassadeurs avides de savoir ce que le Saint-Père avait l’intention de faire, si toutefois il avait l’intention de faire quoi que ce soit.
    — Eh bien, dans ce cas…, fis-je en me dirigeant vers la porte. Le maintien des apparences étant une préoccupation de tous les instants, Borgia emprunterait le passage strictement privé qui reliait son bureau au palazzo Santa Maria in Portico, où il logeait sa jeune maîtresse. Pour les simples mortels tels que moi, cela signifiait traverser la foule hostile d’importuns attroupés dans la pièce où ils attendaient de pouvoir solliciter une audience. Heureusement, au vu de mon sexe et de l’appréhension notable que j’engendrais invariablement, je n’aurais pas à subir l’assaut de questions que les malheureux secrétaires étaient sur le point d’essuyer.
    À peine avais-je atteint la première antichambre qu’un petit homme nerveux à face de furet se faufila jusqu’à moi. Ne vous méprenez pas sur la description que j’en fais, car bien qu’elle soit exacte j’éprouvais une certaine affection à l’égard de Renaldo d’Marco, l’ancien intendant du palazzo de Borgia élevé depuis à son service au Vatican.
    — Alors, il l’a signée ?

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