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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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transgresser. En laissant de côté les offenses relativement bénignes – la fornication, hélas en de trop rares occasions ; le mensonge, bien entendu, sans lequel on ne saurait survivre en ce monde ; la non-observation du repos dominical, si les recherches que je poursuivais en privé devaient être considérées comme du travail –, la vérité était qu’il était rare que je ne caresse pas l’idée de commettre un meurtre au moins une fois par jour.
    Je considérais véritablement cela comme un exercice : je prenais une idée, je la tournais et la retournais dans ma tête, je réfléchissais à la meilleure façon de la perfectionner, tout cela dans le seul but d’atténuer l’insupportable vérité qui était que le prêtre fou, Bernando Morozzi, le vrai responsable de la mort de mon père et peut-être (comme je le soupçonnais) l’auteur des attaques contre Borgia, était encore bien en vie.
    Trouvant que l’expulsion des juifs d’Espagne l’année précédente n’était pas encore suffisante, ce prêtre au visage d’ange mais à l’âme diabolique avait ourdi un complot pour obtenir un décret papal bannissant ces derniers de la chrétienté tout entière. J’avais réussi à déjouer son plan malfaisant, mais échoué à venger la mort de mon père. Jusqu’ici.
    Tout de même, cela ne se faisait pas de confesser ceci à un malheureux ecclésiastique qui se trouverait ensuite obligé de réfléchir à une pénitence appropriée là où il n’y en avait aucune, étant donné que je n’étais absolument pas repentante, et n’avais aucune intention de m’amender.
    Pourtant, les ombres projetées par la basilique en ruine avaient encore le pouvoir de me faire frissonner. Je hâtai le pas, pressée de quitter, ne serait-ce que le temps d’une soirée, le Vatican et tout ce qu’il représentait.

2
    Les nuages avaient été chassés vers l’est, et Rome baignait à présent dans cette clarté dorée que tous les peintres de nos jours tentent de capturer, même si bien peu y parviennent. Je contournai la foule et pris la direction du fleuve en passant par le pont Sisto. Je descendis ensuite jusqu’à la berge et louai les services d’un batelier qui, une fois mon argent empoché, accepta de m’emmener à plusieurs kilomètres de là en amont. La papauté de Borgia avait beau être des plus singulières, de fait Rome jouissait d’une tranquillité comme elle n’en avait pas connu depuis des années. Il était de nouveau possible pour les femmes de se promener seules sans craindre de se faire importuner. Bien sûr il restait des problèmes, aucune ville n’est à l’abri du crime, mais la plupart des Romains admettaient volontiers que s’il y avait bien un mérite à reconnaître à Borgia, c’était celui-ci.
    Ma destination finale était une maison érigée au-delà des limites nord de la ville, non loin de l’agréable village de Cappriacolla. Je quittai le batelier sur la berge et marchai un peu moins d’un kilomètre le long d’un sentier bordé de chênes et de tilleuls. Lorsqu’elles sont brèves, je trouve les excursions à la campagne plutôt plaisantes ; le temps d’arriver à destination, j’eus la chance de humer le parfum des roses sauvages et du chèvrefeuille, avec en note de fond du fumier.
    C’était une villa à un étage, construite autour d’une cour intérieure et dotée d’un portail sur le côté, suffisamment large pour laisser passer une voiture à deux chevaux ou un chariot, mais également facile à protéger si besoin était. La sobriété des stucs et autres détails extérieurs correspondait au style en vogue à l’époque de sa construction, plusieurs décennies auparavant. Vue de dehors, un passant l’aurait prise pour la résidence de gens de la campagne devenus prospères grâce aux champs et vignes environnants.
    À mon approche, une demi-douzaine de molosses accourut, des filets de bave pendant de leurs joues tombantes. Individuellement, ces chiens de garde figurent parmi les bêtes les plus affectueuses ; mais en meute ils n’hésiteront pas à déchiqueter un homme, aussi fort qu’il soit. Leur chef, un mâle qui m’arrivait à la taille, rejeta en arrière sa tête immense et lança un aboiement puissant pour signaler ma présence. Je restai où j’étais et tendis la main, paume vers le ciel. Au bout d’un moment il s’approcha de moi et me renifla délicatement. Satisfait de son examen, il aboya de nouveau mais plus

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