Furia Azteca
j'attendais la fin de l'orage, je méditais sur la signification numérique de l'escalier en zigzag et la naÔveté de celui qui l'avait conçu me fit sourire.
Nous avons, tout comme vous, un calendrier annuel basé sur le mouvement du soleil dans le ciel. Notre année solaire comprend également trois cent soixante-cinq jours et nous utilisons ce calendrier à des fins ordinaires : pour savoir quand semer quel type de graines, quand arrive la saison des pluies et ainsi de suite. Nous avons divisé cette année solaire en dix-huit mois de vingt jours, plus les nemontemi - " jours sans vie ", " jours creux
" - les cinq jours nécessaires pour arriver au chiffre de trois cent soixante-cinq.
Mais, nous utilisons aussi un autre calendrier basé non pas sur les apparitions du soleil pendant la journée, mais sur la présence nocturne de la brillante étoile baptisée du nom de l'ancien dieu quetzalcoatl, le Serpent à Plumes. Parfois, quetzalcoatl jouait le même rôle qu'Après la Floraison qui sortait immédiatement après le coucher du soleil et parfois, il se déplaçait à l'autre bout du ciel et c'était la dernière étoile avant que le soleil ne se lève et ne fasse disparaître tous les astres. Un astronome pourrait vous expliquer tout cela avec de beaux schémas, mais moi, je n'ai jamais été très fort en astronomie. Je sais que les mouvements des étoiles ne sont pas aussi désordonnés qu'on croit et que le calendrier cérémoniel était basé sur les déplacements de l'étoile appelée quetzalcoatl. Ce calendrier servait aussi à tout le monde pour donner un nom aux nouveau-nés. Les historiens et les scribes l'utilisaient pour dater les événements notoires et l'entrée en fonction des dirigeants, et surtout les devins, pour prédire l'avenir, prévoir la venue des catastrophes et choisir les jours favorables o˘ se prenaient les décisions importantes.
Dans le calendrier divinatoire, l'année comprenait deux cent soixante jours dont les noms étaient formés en ajoutant un des treize nombres à chacun des vingt signes traditionnels : lapin, roseau, couteau, etc., et le nom de chaque année solaire correspondait au nombre et au signe cérémoniel de son premier jour. Comme vous vous en doutez, les calendriers solaire et rituel se che-152
vauchaient constamment, l'un traînant derrière l'autre, l'autre courant devant ; mais si vous prenez la peine de faire le calcul, vous verrez qu'ils finissaient par coÔncider au bout d'un laps de temps de cinquante-deux années solaires. L'année de ma naissance s'appelait Treize Lapin, et aucune année ne porta ce nom avant mon cinquante-deuxième anniversaire.
Par conséquent, chez nous, le chiffre cinquante-deux était très important -
nous l'appelions un faisceau d'années - puisqu'il apparaissait dans les deux calendriers et parce que c'était la durée moyenne de la vie si on ne tenait pas compte des guerres, des maladies ou des accidents. Avec ses treize marches entre chaque palier, l'escalier de pierre grimpant sur la colline reproduisait les treize nombres rituels et avec ses cinquante-deux marches entre chaque terrasse, il évoquait un faisceau d'années. Lorsque enfin, j'arrivai en haut, j'avais compté cinq cent vingt marches.
L'ensemble représentait donc deux années cérémonielles de deux cent soixante jours et également dix faisceaux de cinquante-deux années. C'était vraiment très ingénieux.
Lorsque la pluie cessa, je repris mon ascension. Je ne montai pas toutes les marches d'une seule traite, bien que j'en eusse été capable dans ce temps de ma belle jeunesse. Je m'arrêtai à chaque palier juste le temps de voir si j'étais capable d'identifier la statue du dieu ou de la déesse.
J'en connaissais à peu près la moitié ; Tezca-tlipoca, Miroir Fumant, dieu principal des Acolhua ; quetzalcoatl, dont je viens de parler ; Ometecuhtli et Omecihuatl, le seigneur et la dame de la Dualité...
Je fis une pause plus longue dans les jardins. Sur la terre ferme, le sol était riche et la place illimitée et on voyait bien que Nezahualpilli était un homme qui aimait les fleurs, les fleurs en abondance. Les jardins en espaliers étaient disposés en parterres ordonnés, mais les terrasses n'étaient pas enfermées par des murs, aussi les fleurs débordaient généreusement et chaque variété retombait gracieusement jusqu'à la terrasse inférieure. Il y avait toutes les espèces que je connaissais et d'innombrables autres que je n'avais
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