Guerre Des Gaules
Caïus Fabius,
tandis qu'il reçoit la soumission d'un grand nombre de cités et la
sanctionne en se faisant remettre des otages, apprend par une
lettre de Caninius ce qui se passe chez les Pictons. A cette
nouvelle, il se porte au secours de Duratios. Mais Dumnacos, en
apprenant l'approche de Fabius, pensa qu'il était perdu s'il devait
à la fois subir l'attaque des Romains de Caninius et celle d'un
ennemi du dehors, tout en ayant à surveiller et à redouter les gens
de Lémonum : il se retire donc sur-le-champ, et juge qu'il ne
sera en sûreté que lorsqu'il aura fait passer ses troupes de
l'autre côté de la Loire, fleuve qu'on ne pouvait franchir, en
raison de sa largeur, que sur un pont. Fabius n'était pas encore
arrivé en vue de l'ennemi et n'avait pas encore fait sa jonction
avec Caninius ; cependant, renseigné par ceux qui
connaissaient le pays, il s'arrêta de préférence à l'idée que
l'ennemi, poussé par la peur, gagnerait la région qu'effectivement
il gagnait. En conséquence, il se dirige avec ses troupes vers le
même pont et ordonne aux cavaliers de se porter en avant des
légions, mais en conservant la possibilité de revenir au camp
commun sans avoir à fatiguer leur monture. Ils se lancent à la
poursuite de Dumnacos, conformément aux ordres reçus, surprenant
son armée en marche et se jetant sur ces hommes en fuite,
démoralisés, chargés de leurs bagages, ils en tuent un grand nombre
et font un important butin. Après cette heureuse opération, ils
rentrent au camp.
28. La nuit suivante, Fabius envoie en avant
sa cavalerie avec mission d'accrocher l'ennemi et de retarder la
marche de l'armée entière, en attendant son arrivée. Pour assurer
l'exécution de ses ordres, Quintus Atius Varus, préfet de la
cavalerie, homme que son courage et son intelligence mettaient hors
de pair, exhorte ses troupes et, ayant rejoint la colonne ennemie,
place une partie de ses escadrons sur des positions propices,
tandis qu'avec les autres il engage un combat de cavalerie. Les
cavaliers ennemis luttent avec une particulière audace, car ils se
sentent appuyés par les fantassins : ceux-ci, en effet, d'un
bout à l'autre de la colonne, font halte et se portent contre nos
cavaliers, au secours des leurs. La lutte est chaude. Nos hommes,
qui méprisaient un ennemi vaincu la veille et qui savaient que les
légions suivaient à peu de distance, pensant qu'ils se
déshonoreraient s'ils cédaient et voulant que tout le combat fût
leur œuvre, luttent avec le plus grand courage contre
l'infanterie ; quant à l'ennemi, fort de l'expérience de la
veille, il s'imaginait qu'il ne viendrait pas d'autres troupes, et
il croyait avoir trouvé une occasion d'anéantir notre
cavalerie.
29. Comme on luttait depuis un certain temps
avec un acharnement extrême, Dumnacos met ses troupes en ordre de
batailler, de telle sorte qu'elles puissent protéger les cavaliers
en se relayant régulièrement : soudain apparaissent, marchant
en rangs serrés, les légions. A cette vue, le trouble s'empare des
escadrons ennemis, la ligne des fantassins est frappée de terreur,
et, tandis que la colonne des bagages est en pleine confusion, ils
s'enfuient de tous côtés, en poussant de grands cris, dans une
course éperdue. Nos cavaliers, qui tout à l'heure, quand l'ennemi
tenait bon, s'étaient battus en braves, maintenant, dans l'ivresse
de la victoire, font entendre de toutes parts une immense clameur
et enveloppent l'ennemi qui se dérobe ; tant que leurs chevaux
ont la force de poursuivre et leurs bras celle de frapper, ils
tuent sans cesse. Plus de douze mille hommes, qu'ils eussent les
armes à la main ou les eussent jetées dans la panique, sont
massacrés, et l'on capture tout le convoi des bagages.
30. Comme on savait qu'après cette déroute le
Sénon Drappès, qui, dès le début du soulèvement de la Gaule avait
rassemblé de toute part des gens sans aveu, appelé les esclaves à
la liberté, fait venir à lui les bannis de toutes les cités,
accueilli les voleurs, et intercepté les convois de bagages et de
ravitaillement des Romains, comme on savait que ce Drappès avait
formé avec les restes de l'armée en fuite une troupe atteignant au
plus deux mille hommes et marchait sur la Province, qu'il avait
pour complice le Cadurque Luctérios qui, au début de la révolte
gauloise, s'était proposé, comme on l'a vu dans le commentaire
précédent, d'envahir la Province, le légat Caninius se lança à leur
poursuite
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