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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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ne
l’as pas fait pour enrichir les Barca mais parce que tu ne voulais pas perdre
le travail d’une année. Tu aimes cette terre, tu vis pour elle. Tu m’as donné
une grande leçon ce jour-là. Tu es un digne fils de Carthage et c’est parce que
notre cité est faite de gens comme toi qu’elle a pu prospérer. Merci, Himilk,
de me l’avoir appris.
    À mon tour
de te demander une faveur. Il est possible que mon père t’interroge sur moi. Je
t’en prie, souviens-toi que je veux être soldat. Aide-moi à le convaincre que
je ne suis pas fait pour gérer un domaine.
    — Ne
t’inquiète pas, je saurai trouver les mots pour cela.
     
    ***
     
    Quelques
jours plus tard, Hamilcar, en se souvenant de cette conversation, eut
l’impression d’avoir eu un pressentiment à moins que les dieux n’aient voulu
faire preuve de générosité envers lui. Car, un matin, un long cortège de
chariots et de litières se présenta à l’entrée du domaine. Adonibaal en
personne venait visiter sa propriété où il n’avait pas mis les pieds depuis une
dizaine d’années. Prévenu par un esclave de l’arrivée de son père, Hamilcar
donna l’ordre de préparer plusieurs chambres et une collation pour les
voyageurs qui devaient être épuisés par le voyage. Lui-même se retira quelques
instants pour changer de tunique, puis alla au-devant de la litière
d’Adonibaal.
    — Bienvenue
à toi, mon père. Je suis heureux de te voir après une aussi longue séparation.
Une coupe de vin, du vin de cette propriété, t’attend.
    — Merci,
je la boirai avec plaisir car j’ai la gorge desséchée par la poussière de la
route et par la chaleur. Il me tarde déjà de retrouver Carthage et sa
fraîcheur.
    Adonibaal
avait toujours la même voix cassante et autoritaire qui, jadis, terrorisait son
fils. Cette fois, celui-ci attendait patiemment que son père lui révèle l’objet
de sa visite. Ce ne pouvait être un sentiment d’affection paternelle. Le
sénateur, trop occupé par toutes ses charges officielles, ne s’était jamais
véritablement soucié de son fils unique. C’était peut-être pour mettre un terme
à la punition qu’il lui avait infligée en l’éloignant de Carthage. Hamilcar
attendait impatiemment d’en savoir plus. Pour l’heure, son père savourait à
petites gorgées la coupe de vin qu’un esclave lui avait tendue.
    — Eh
bien, Hamilcar, dit Adonibaal, ce séjour à Aspis t’a-t-il été profitable ?
    — Père,
j’ai regretté d’être loin de toi.
    — La
belle affaire ! Il ne tenait qu’à toi de faire preuve de plus de sagesse
et de discernement et tu n’aurais pas eu à subir ma colère.
    — J’ai
accepté ta décision et je ne me suis pas plaint. J’ai attendu que tu me
rappelles ou que tu viennes. Je me suis bien gardé de t’importuner en
t’envoyant supplique sur supplique. Tu ne les aurais d’ailleurs pas lues.
    — Tu
es moins écervelé qu’il n’y paraît. Je voulais savoir jusqu’où pourrait aller
ta patience.
    — Tu
as pu constater qu’elle est grande.
    — Et
je m’en félicite car elle est le commencement de la sagesse, de cette sagesse
qui est utile pour la conduite des affaires de la cité. C’est parce que tu n’as
rien demandé que je suis venu voir ce que tu devenais. Fais appeler ton
précepteur Épicide et Himilk, l’intendant du domaine. J’ai à leur parler en ta
présence.
    — Ils
sont là, n’attendant qu’un mot de ta part pour avoir l’honneur de te saluer.
    Les deux
hommes, appelés d’un geste de la main par Hamilcar, s’inclinèrent longuement et
respectueusement devant Adonibaal. Ce dernier les dévisagea, puis s’adressa
tout d’abord à l’esclave :
    — Épicide,
que dis-tu de ton élève ?
    — Maître,
tu peux être fier de lui. Je n’ai plus rien à lui apprendre. C’est un homme
maintenant et je puis t’assurer qu’il fera honneur au nom des Barca.
    — Et
toi, Himilk, que dis-tu de notre paysan ? Hamilcar fixa des yeux
l’intendant, tentant en vain de deviner ce qu’allait être sa réponse. Allait-il
se souvenir de leur pacte ou bien le trahir afin de complaire à
Adonibaal ? Après un long moment de silence, la voix d’Himilk, tremblante
d’émotion, se fit entendre :
    — Maître,
m’autorises-tu à te parler franchement et en toute liberté ?
    — C’est
ce que j’attends de toi !
    — Je
redoute que certains de mes propos ne soient blessants et je crains ta colère.
    — Tu
peux parler

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