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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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appétits sous une robe sacrée ?
    Finnegan haussa les épaules.
    — Des hommes, sans plus. Je ne te croyais pas assez naïf pour croire encore qu’une soutane est fatalement une étiquette de sainteté. Simplement, les appétits varient suivant la hiérarchie et tel prince de l’Église rêvera de puissance et de faste quand un frère hospitalier se contentera de chercher des esclaves pour faire son travail à sa place.
    — Il existe pourtant de véritables hommes de Dieu. J’en connais au moins un, lança Gilles fougueusement en songeant à son parrain, le recteur d’Hennebont. Des hommes qui nés riches et nobles se dépouillent entièrement au service des pauvres, ne gardant qu’à peine le nécessaire.
    — Je sais. J’en ai rencontré aussi… mais pas encore ici. Il est vrai que je ne connais pas toute l’île. À présent que vas-tu faire ? La menace est sérieuse…
    — Allons donc ! Tu vas encore me parler, comme Maublanc, de cette folle histoire de défunts enlevés de leurs tombeaux et ramenés artificiellement à la vie ? Ce n’est pas ma faute, je n’arrive pas à y croire.
    — Il faut y croire ! Et avant qu’il ne soit trop tard.
    — Qu’appelles-tu trop tard ?
    — Avant que cet Ignace et ses confrères ne t’obligent à ouvrir la sépulture Ferronnet. Admets un seul instant que la tombe du vieux monsieur soit vide et tu as une grande chance de te retrouver en prison et tes biens mis sous séquestre jusqu’à complément d’enquête.
    — Mais n’importe qui peut enlever un corps.
    — Je sais. Il faut tout de même y aller voir. Tu es breton et je devine ce que tu éprouves à l’idée de violer une sépulture car je suis irlandais. Mais il faut y aller voir.
    Un instant, Gilles regarda son ami. Aucune trace d’ironie dans ses yeux couleur d’herbe. Finnegan était mortellement sérieux. Il tourna alors les yeux vers Pongo et vit qu’il n’avait pas davantage envie de rire.
    — Qu’en penses-tu ? demanda-t-il.
    — Docteur avoir raison. Tout plutôt que pas savoir…
    — Eh bien, soupira Gilles, nous irons cette nuit, tous les trois, en priant le Ciel que personne ne nous voie, sinon je ne donnerais vraiment pas cher de notre peau si nous étions pris en flagrant délit de violation de tombe. À présent, je vous laisse travailler et je rentre. As-tu vu Judith, ce matin ?
    — Oui. Elle partait à cheval vers la mer. On ne la reverra que ce soir et, si tu veux permettre au médecin de s’exprimer, je dirai que je n’aime guère ces grands besoins de solitude chez une femme si jeune et si belle. Ce n’est pas bon.
    Gilles haussa les épaules.
    — Elle n’est pas seule : elle a la mer d’où elle est, un soir, sortie pour moi. Judith est une femme étrange, tu sais. Chez elle la sauvagerie est encore à fleur de peau et, en fait, je ne sais trop jusqu’où elle va. Mieux vaut la laisser libre. D’autant que Moïse la surveille sans trop avoir l’air d’y toucher.
    — Il n’a pas que ça à faire. Ainsi, ce matin, il est allé aux cases du Morne où il avait un différend à régler entre deux travailleurs…
    — Ne sois pas si pessimiste et laisse-la vivre à sa guise. Au fait, je ne t’ai pas demandé de nouvelles d’Anna Gauthier. Comment va-t-elle ?
    — Mieux. Une mauvaise digestion qui a failli tourner à l’empoisonnement. Je lui ai prescrit d’être plus prudente. Tout ce qui ressemble à de la salade n’en est pas forcément ici…

    La sépulture des Ferronnet s’élevait aux confins du parc de « Haute-Savane » dans la partie qui montait le premier contrefort du Morne. C’était, au centre d’une clairière, une petite chapelle de style baroque fermée par une grille de fer. Après sa prise de possession du domaine, Gilles était venu jusque-là et avait donné des instructions pour que clairière et chapelle fussent entretenues convenablement. Ce jour-là, en dépit de la pluie qui tombait à verse, le petit temple déjà assailli par une végétation exubérante lui avait paru paisible et charmant.
    Il n’en était pas de même par cette belle nuit d’automne, cependant douce et claire, tandis qu’en compagnie de Liam Finnegan et de Pongo, il montait silencieusement le sentier menant à la chapelle. C’était la seconde fois qu’il allait s’attaquer à la demeure d’un mort et si la première avait été purement bénéfique, il augurait mal de celle-ci et se sentait mal à l’aise. Il est vrai qu’en

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