Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
fois, pour racheter sa faute. »
    On
parcourut quelques mètres, côte à côte. De
vagues fumerolles montaient encore dans l’aube naissante. Une
fois de plus, je me sentais dans un piteux état. Épuisé,
blessé par une rapière, râpé par mon
effort de friction et privé de sommeil. Si c’était
ça, avoir une veine du diable, alors, je plaignais le diable !
    Bonaparte
s’arrêta devant un mur végétal aux
ambitions décoratives, amputé par la saison de la
plupart de ses fleurs. Triste jour pour en finir, de la main de
Napoléon, mais le livre n’existait plus et mon amour
partirait en même temps que moi. On était trop las,
fût-ce pour implorer notre grâce. Les mousquets étaient
prêts, chien relevé.
    C’en
était presque monotone.
    Puis
un ordre bref figea la scène :
    « Attendez ! »
    J’avais
fermé les yeux pour ne plus voir ces mousquets par le mauvais
bout. Je les rouvris. Napoléon revenait sur ses pas. Quoi
encore ?
    « Vous
m’avez dit la vérité, au sujet du livre, hein,
Gage ?
    —  Absolument,
général. Pardon, monsieur le Premier consul. Brûlé
avec Silano.
    —  Il
a marché, vous savez. En partie. On peut ensorceler des hommes
afin d’obtenir leur accord sur des sujets extraordinaires.
C’est un crime d’avoir laissé partir ce livre en
fumée.
    —  Personne
ne devrait posséder le pouvoir d’ensorceler son
prochain.
    —  Je
ne vous aime pas, Gage, mais, d’un autre côté,
vous m’impressionnez. Vous êtes celui qui survit à
tout, comme moi. Doublé d’un opportuniste, comme moi. Et
même un intellectuel comme moi, dans votre style. Je n’ai
plus besoin de magie maintenant que je dispose de l’État.
Que ferez-vous si je vous laisse partir ?
    —  Pardonnez-moi
de n’y avoir pas encore pensé.
    —  Ma
position a changé. Je suis la France. Plus de décisions revanchardes vis-à-vis de
qui que ce soit, individus ou nations. Je dois penser pour des
millions de Français. L’année prochaine, il va y
avoir une élection aux États-Unis, et j’ai besoin
d’y améliorer mes contacts. Vous avez conscience de
notre rivalité sur mer ?
    —  Et
je la déplore.
    —  Gage,
j’ai besoin d’un envoyé en Amérique qui
soit capable de réfléchir utilement, comme moi. La
France a des
intérêts aux Caraïbes et en Louisiane, et nous
n’avons pas abandonné tout espoir de reconquérir
le Canada. Il y a d’étranges rapports sur certaines
créations, dans l’ouest, aptes à intéresser
l’homme de la frontière que vous êtes. Nos deux
nations peuvent être ennemies, ou s’entraider comme nous
l’avons fait pour votre pays, lors de votre révolution.
Vous me connaissez mieux que personne. Je veux que vous vous rendiez
dans votre nouvelle capitale, Washington ou Columbia, et que vous y
vérifiiez quelques idées pour mon compte. »
    J’observais,
par-dessus son épaule, le peloton d’exécution en
attente.
    « Un
envoyé ?
    —  Comme
Franklin. Pour expliquer ce que sont nos deux nations.
    —  Plus
d’accusation de meurtre contre moi, et un coup d’éponge
sur l’affaire Silano ?
    —  Un
homme fascinant, mais en qui je n’ai jamais eu réellement
confiance. »
    Ce
n’était pas l’impression qu’ils m’avaient
donnée, tous les deux, mais à quoi bon discuter avec
Napoléon ? Je pouvais sentir le sang revenir dans mes
extrémités ankylosées.
    « Et
elle ? »
    Je
désignai discrètement Astiza.
    « Bien
entendu, Gage. Vous êtes aussi fou d’elle que moi de
Joséphine. N’importe qui peut le voir et Dieu ait pitié
de moi comme de vous. Partez avec Astiza, voyez ce que vous pouvez
glaner qui me soit utile et n’oubliez jamais que vous me devez
deux cents livres. »
    Je
lui souris aussi chaleureusement que possible.
    « On
me rendra mon long rifle ?
    —  Entendu,
mais pas les munitions. Pas avant que je sois hors de portée. »
    Alors
qu’on me rapportait mon fusil déchargé, je me
retournai pour contempler, avec lui, le palais des Tuileries.
    « Mon
gouvernement va siéger au palais du Luxembourg, évidemment,
mais j’ai bonne envie d’emménager ici. Votre
incendie est l’excuse rêvée pour tout faire
refaire. À compter d’aujourd’hui même !
    —  Heureux
d’avoir pu vous aider.
    —  Vous
rendez-vous compte que c’est parce que votre caractère
est si vide de toute idée trop définitive que vous ne
valez pas les balles pour vous fusiller ?
    —  Je
ne saurais être plus d’accord.
    — 

Weitere Kostenlose Bücher