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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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soupir.
    « Madame
Durrell, j’ai bien peur d’avoir tout perdu, cette fois
encore. Je ne peux pas vous payer tout de suite, quel que soit le
nombre des policiers lâchés à mes trousses !
    —  Et
ce fusil que vous venez de poser ? C’est bien celui que
vous avez volé chez moi, avant de me tirer dessus avec ?
    —  Je
ne vous l’avais pas volé. Il était à moi.
Et je ne vous ai pas tiré dessus avec, comme vous dites. J’ai
seulement tiré dans la serrure. Ce n’est d’ailleurs
pas du tout le même fusil. »
    Mais
Astiza me pinçait le bras. Napoléon débarquait,
suivi d’un aréopage de secrétaires et de
généraux. Ses yeux gris étaient de glace, son
regard à l’orage. La dernière fois que je l’avais
vu autant en colère remontait au jour où il avait reçu
la nouvelle de l’infidélité de Joséphine
et broyé l’armée mamelouke à la bataille
des Pyramides.
    Je
pouvais m’attendre au pire. La virtuosité de Napoléon
à lancer des ordres sur le champ de manœuvre était
légendaire. Mais, après m’avoir salué d’un
léger signe de tête, il m’apostropha :
    « J’aurais
dû deviner ! Avez-vous découvert le secret de
l’immortalité, monsieur Gage ?
    —  Simple
obstination de ma part.
    —  Vous
me suivez sur trois mille kilomètres, vous incendiez un palais
royal et vous laissez à mes hommes du feu le soin de découvrir
deux cadavres dans les cendres !
    —  Nous
tentions d’empêcher des choses fâcheuses de se
produire…
    —  Il
me doit plusieurs mois de loyer, général, intervint
M me  Durrell.
    —  Je
préférerais que vous me donniez mon titre de Premier
consul, le poste auquel j’ai été nommé à
deux heures ce matin. Combien vous doit-il, madame ? »
    Les
rouages cliquetèrent un bon moment dans la tête rousse.
Elle se demandait, sans doute, par quel coefficient multiplier ma
dette. Enfin :
    « Cent
livres. »
    Et
personne ne relevant l’énormité de sa
réclamation :
    « Plus
cinquante, à titre d’intérêts de retard.
    —  C’est
vous, madame, qui avez donné l’alerte ?
    —  C’est
moi, monsieur le Premier consul. »
    Durrell
en crevait d’orgueil.
    « Plus
cinquante autres en récompense. Berthier, veuillez remettre
deux cents livres à cette bonne citoyenne.
    —  Merci,
général, je veux dire : Merci, consul. »
    La
Durrell rayonnait.
    « Mais
vous ne soufflerez mot à personne de ce qui s’est passé
ici, cette nuit. Il y va de la sécurité de l’État,
et le sort de notre nation repose sur votre courage et votre
discrétion, madame. Vous saurez tenir votre langue ?
    —  Pour
deux cents livres, sans aucun doute.
    —  Parfait.
Vous êtes une vraie patriote. »
    Le
nommé Berthier remit l’argent à la dame, et
Napoléon se retourna vers moi.
    « Deux
corps ont brûlé au-delà de toute identification
possible. Vous pouvez me les nommer, monsieur Gage ?
    —  L’un
était le comte Silano. Avec qui toute association était
impossible.
    —  Je
vois. Et l’autre ?
    —  Un
vieil ami égyptien, qui nous a sauvé la vie.
    —  Et
le livre ?
    —  Victime
du même sinistre, j’en ai peur.
    —  Vraiment ?
Fouillez-les. »
    La
fouille eut lieu, sans résultat. Un soldat s’empara de
mon long rifle. Le reverrais-je ?
    « Vous
m’aurez donc trahi jusqu’au bout. »
    Il
contempla un instant la fumée qui s’apaisait, fronçant
les sourcils comme un propriétaire en présence d’une
fuite.
    « Enfin…
je n’ai plus besoin du livre étant donné que j’ai
la France. Vous verrez ce que je vais en faire.
    —  Je
suis sûr que vous ne resterez pas assis.
    —  Malheureusement,
la France ne sera pas en sécurité tant que vous serez
en vie. Après en avoir chargé tant d’autres, sans
succès, je crois que je vais m’en occuper moi-même,
et le jardin des Tuileries offre le cadre idéal…
    —  Napoléon,
intervint Astiza.
    —  Il
ne vous manquera pas, madame. Je vais vous exécuter aussi. Et
votre geôlier, si je le trouve.
    —  Je
crois qu’il cherche des trésors dans les cryptes de
Notre-Dame. Ne l’en blâmez pas. C’est un homme
simple et sans imagination, le seul geôlier que j’aie
jamais trouvé plutôt sympathique.
    —  Cet
imbécile avait également laissé filer Sidney
Smith, qui s’est dressé devant moi au siège
d’Acre !
    —  Oui,
général. Mais ses contes nous ont encouragés à
chercher encore votre livre.
    —  Alors,
je vous ferai fusiller deux

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