Histoire De France 1618-1661 Volume 14
frétille la fausse vie plus morte encore, les épigrammes galantes, la dévotion en madrigal, etc. Pour écarter les sottises honteuses et ne parler que des choses fades, qui peut lire sans nausée une seule page du livre capital et triomphant de la Société, si somptueusement édité, l' Imago primi sæculi Societatis Jesu , 1640?—Mariana confesse que son ordre est très-corrompu. Eh bien, la corruption morale se réfléchit dans celle du goût. Leurs doctrines et leurs mœurs firent leur littérature, et celle-ci qui subsiste, témoigne contre leur enseignement. M. Caillet a tort de suivre ici, les yeux fermés, M. Émond, dans son Histoire du Collége Louis-le-Grand . Il a tort aussi (p. 412) de révoquer en doute l'assertion de l'Université: «que les Jésuites traitaient mal les boursiers, les écoliers pauvres ( Mss. de la Bibl. Mazarine ). Cela paraît bien vraisemblable quand on lit dans Ranke (Papauté) l'expresse recommandation du légat de mieux traiter les écoliers nobles et riches . [Retour au texte principal.]
Note 15: Campion le dit expressément. Le 15 août 1641, il rassure la Chevreuse en lui disant qu'il a brûlé les lettres de la reine. M. Cousin, le défenseur ordinaire de ces dames, nous apprend pourtant, et dans sa Hautefort , et dans sa Chevreuse , toute la gravité du complot et la part qu'y prenait la reine. La Hautefort, par l'ordre d'Anne, y était entrée. La Chevreuse, à Londres, avait formé l'association des émigrés français et des royalistes d'Angleterre (Holland, général de Charles I er , Montaigu, conseiller d'Henriette, ardent papiste), et la ligue des uns et des autres avec l'Espagne et le pape . À Bruxelles, elle y associa encore le duc de Lorraine et le comte de Soissons. Complot trop vaste, trop mêlé d'éléments nombreux et complexes, qui devaient marcher mal ensemble. Cette grande politique, la Chevreuse, était un esprit romanesque, nullement positif. Ceci rappelle les complots fous et visionnaires des Jésuites avant l'Armada. On échoua. Puis on reprit la chose plus follement encore par le petit Cinq-Mars. Le sérieux de l'échafaud a trop relevé ce favori ridicule, si outrecuidant, si absurde. Il voulait, lui, ce garçon de vingt ans, que le roi le laissât tuteur du dauphin . Cela fit connaître le personnage comme mannequin de la cabale, et dégoûta entièrement Louis XIII. [Retour au texte principal.]
Note 16: Et on peut dire que, pour son compte, elle en tramait un elle-même. Son plan était d'enlever ses enfants, à la mort de Louis XIII. Elle chargea de Thou de demander au duc de Bouillon de la mener à Sedan (Cousin, Chevreuse , p. 101). Bouillon, comme on le voit dans toute la Fronde, appartenait essentiellement aux Espagnols. La reine ne voulait pas moins que mettre le roi de France entre les mains du roi d'Espagne. Quoi de plus criminel?—De Thou fut très-coupable. Richelieu venait de lui pardonner déjà sa participation à un complot de la Chevreuse.—M. Cousin se trompe (avec bien d'autres, il est vrai), en disant, p. 105 de sa Chevreuse , que Richelieu eut le traité le 11 juin. Les notes écrites à Tarascon par Richelieu même, établissent que, le 7 juillet, il n'avait pas encore cette pièce essentielle. [Retour au texte principal.]
Note 17: Condé n'est pas sans droit à cette gloire; car, sans lui, Gassion et les autres officiers inférieurs eussent été paralysés par L'Hospital. Il y a droit encore par son allégresse héroïque qui anima les troupes et par la part qu'il prit à la vigoureuse exécution. L'excellent historien militaire Montglat, mestre de camp du régiment de Navarre, contemporain (mort en 1675), très-capable et très-informé, explique parfaitement que la bataille fut gagnée par Gassion , qui agit et s'arrêta à point dans l'action, et par Sirot , qui refusa d'agir à contre-temps, et désobéit à un ordre impérieux du prince.—Le récit de Lenet, serviteur des Condés, n'est que ridicule.—La vie de Sirot, fort romanesque en certains points, est fort sérieuse ici où elle s'accorde avec Montglat. Du reste, elle n'est pas, comme on l'a dit, un roman moderne. Elle est citée par l'abbé Arnaud (fils d'Arnaud d'Andilly), qui fut carabinier sous Louis XIII. [Retour au texte principal.]
Note 18: Le mariage secret de la reine et de Mazarin n'est affirmé positivement que par la duchesse d'Orléans, mère du Régent. Cependant il me semble à peu près certain. La reine, déjà fort dévote, et de plus
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