Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
Vom Netzwerk:
voulaient .
    Ceux dont on avait essayé, les Conseils et les Parlements, admirables pour empêcher ou blâmer, ne proposaient rien.
    Law croyait, voulait, proposait. Il avait sa foi: le crédit.
    Dubois (que l'on en rie ou non) était aussi un croyant, à sa manière. Fripon, ambitieux, voué à l'Angleterre, flatteur de Rome, faux de toute manière, il eut pourtant certainement un idéal qui fit son âpre passion, il poursuivit (par des moyens indignes) un but très-beau, très-grand: le solide établissement, la fondation de la paix du monde.
    Tant qu'elle n'existait pas réellement, ni la France, ni l'Europe ne pouvaient se relever. Pour atteindre ce but, il fit des choses incroyables. Lui, qui n'adorait que l'argent, il en donna! jusqu'à payer des subsides à l'Autriche! jusqu'à payer le czar, pour qu'il fîtgrâce à la Suède. La France ruinée trouva de l'argent pour donner à tout le monde, pour acheter partout la paix, pour en assurer le bienfait à cet extrême Nord, qui alors (après Charles XII) ne nous touchait en rien que par l'intérêt de l'humanité.
    Pour terminer l'interminable guerre, il eût fallu surtout désarmer à la fois les deux principaux combattants, l'Autrichien, l'Espagnol. Mais l'Autriche, avec son Eugène, qui vient de gagner sur les Turcs deux grandes batailles, crève alors de force et d'orgueil. Reste l'Espagne. Dubois n'hésite pas. Il paye l'Autriche et noie l'Espagne. Tout finit. Le monde a la paix.
    Elles se battaient pour l'Italie. Et souvent l'on a dit: « Ne devait-on pas affranchir l'Italie de l'une et de l'autre? » Sans doute recommencer la guerre générale contre l'Autriche et l'Angleterre, alors unies? la reprendre dans des conditions pires que celles de Louis XIV? Ceux qui disent ces choses vaines ont l'air de croire qu'en deux années, la France avait repris des forces. Idée très-fausse. La France était entre deux banqueroutes; elle en avait fait une, et elle marchait vers la seconde.
    « Du moins, il valait mieux aider les Espagnols à s'emparer de l'Italie. » Mais cela revenait au même. L'Espagne était si faible encore, qu'en l'assistant dans cette guerre, la France en eût pris tout le poids.
    L'Espagne de ce temps, bigote et sanguinaire, était-elle un gouvernement si désirable aux Italiens? L'Autriche, tout odieuse, brutale et barbare qu'elle fût, avait du moins cela de bon, qu'en Italie elle restatoujours à la surface, n'entra jamais au fond; c'était comme un corps étranger dont on sent la blessure et qui sortira tôt ou tard. Mais l'Espagne, par l'analogie de mœurs, de langue, une certaine attraction morbide, risquait trop de s'assimiler. À la corruption italienne (vivante encore, féconde, qui donne Pergolèse et Vico), elle eût mis le sceau de la mort. Quel? la férocité. Cela sèche, stérilise tout. Il faut songer que les étrangers qui successivement gouvernaient l'Espagne, Alberoni, par exemple, durent, pour flatter le peuple, lâcher l'Inquisition, multiplier ses fêtes exécrables, les auto-da-fé.
    En travaillant contre l'Espagne, Dubois incontestablement eut pour raison suprême l'intérêt de ses maîtres, le solide affermissement de George et du Régent, la fondation définitive des maisons de Hanovre et d'Orléans . Mais cette politique personnelle était le salut de l'Europe, celui de l'Humanité. Supposons l'Espagne à Paris, et Philippe V régent: quelle nuit profonde, affreuse! quelle servitude épouvantable de la presse, de toute société, du clergé même. L'archevêque de Tolède avouait en pleurant à Saint-Simon que, sous l'Inquisition et la Terreur de Rome, l'Église espagnole était un corps mort. Les molinistes eux-mêmes se seraient trouvés écrasés. Que fût-il advenu des Jansénistes et des libres penseurs! Je vois d'ici Voltaire, Fontenelle, sous le san-benito, et l'auteur des Lettres persanes descendre dans un in pace .
    L'Espagne, c'était l'ennemi. Elle conspirait contre le monde. Elle portait, avec le Stuart, le drapeau de la barbarie, et elle était partout l'alliée des barbares,des dangereux aventuriers. Elle revenait toujours à son rêve de l'Armada, qui eût en Angleterre rétabli le papisme,—par contre-coup, en France, assommé le Régent.
    Lemontey, si spirituel, si instruit, si fin sur le menu, mais qui sent peu le grand, a tort de parler de tout cela légèrement. C'était bien autre chose que la Conspiration des poudres. Les jacobites anglais voulaient solder Charles XII, et, ce vrai diable

Weitere Kostenlose Bücher