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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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contraire le ballon, largement évasé derrière, donne aisance aux mouvements. Ses cercles de baleine, souples, infiniment minces, se prêtent en tout sens, et reviennent d'eux-mêmes par leur propre élasticité. L'appareil, si léger, loin de peser, soulève. La femme, en ballon, va légère, désormais comme ailée, oiseau qui pose à peine.
    Et c'est là justement ce qui choquait les Jansénistes. Ils regrettaient la pesanteur dont nos aïeules avaient été lestées. La démarche trop libre, disaient-ils, n'a plus d'équilibre. Elle flotte, elle nage incertaine. En chaire, ils allaient jusqu'à dire qu'une telle mode si complaisante, de facilité moliniste, était un défi aux hasards, une excuse aux défaites, à ces chutes presque involontaires, où l'on n'eût pas glissé s'il fallait vouloir tout à fait.
    Grand embarras pour les dames jansénistes, placées entre l'anathème et le ridicule de garder les vieilles modes. Par un juste milieu, elles portaient de petits ballons, qui auraient bien voulu, eux aussi, se gonfler, mais restaient timidement à la mesure des audaces prudentes, gênées, contenues, du parti.
    Les autres gonflèrent sans mesure. Les ballons donnaient aux grandes de la majesté. Ils affinaient les grasses et les faisaient paraître minces. La reine de l'époque, madame de Berry, n'était nullement une ombre transparente. Elle donna l'essor à la mode. Cette royale ampleur, commandant à la foule et se faisant faire place, pompeuse aux galeries, aux descentes solennelles des escaliers, allait merveilleusement aux prétentions superbes qu'elle étalait alors.
    L'envieuse rivale, l'infiniment petite duchesse du Maine, vraie naine, fut accablée. À son étroite cour de Sceaux, étouffée, elle s'agitait, faisait écrire, dessiner, chansonner. Dans ses pamphlets et ses caricatures, la fille du Régent est roulée dans la boue. Dans l'une, salement cynique, Riom possède et le Régent soupire; il lui mange les mains de baisers. Mêmes attaques et plus furieuses dans les Philippiques de Lagrange-Chancel, qui vont venir à la fin de l'année. Ajoutez certaines malices, respectueuses en apparence, d'autant plus injurieuses. Un M. Serviez traduisait, compilait, pour les dédier au Régent, les Vies des douze Impératrices , de Messaline, etc. Voltaire achevait son Œdipe .
    Ce grand moqueur n'avait que vingt-trois ans. Pour certaine satire contre Louis XIV qu'on lui attribua, ilvenait de passer un an à la Bastille, où il avait rimé quelques chants de la Henriade , et son imitation, faible et facile, de la tragédie de Sophocle. Sorti de prison en avril 1718, il avait hardiment demandé au Régent de lui dédier sa pièce. C'était un de ses tours. De même que plus tard il offrit l' Imposteur (Mahomet) au pape, il offrait l' Inceste au Régent. Sans être directement de la coterie de Sceaux, il en avait l'écho et l'influence par la maison où il vivait le plus, celle du vieux maréchal de Villars. Il lui faisait sa cour, écoutait ses récits, dont il fit son Louis XIV . Ce château enchanté, près de Melun, tenait Voltaire par son Alcine, la belle et jeune maréchale de Villars dont il se croyait amoureux. Elle était quelque peu dévote, donc contraire au Régent.
    Voltaire fut aisément animé et lancé. Par lui on prépara, pour être jouée en novembre, la pièce qu'on supposait terrible, et dont la représentation serait (on l'espérait) une torture pour la princesse, pour le Régent une humiliation.
    C'était peu le connaître, peu connaître le temps. Dans cette violente échappée des libertés nouvelles, toute chose audacieuse, contraire au monde ancien, tant fût-elle hardie et cynique, était fort peu blâmée. Rien n'étonnait. On souriait, et c'était tout.
    D'après nombre d'exemples illustres du siècle précédent (déjà cités), l'inceste était vice de prince, fort bien porté et à la mode. On l'érigeait en théorie. Montesquieu, qui alors écrivait ses Lettres persanes , publiées peu après, hasarde, entre autres paradoxes, l'excellence des amours antiques entre proches parentset surtout l'union du frère et de la sœur (Histoire d'Aphéridon et Astarté).
    Le Régent, loin de démentir les bruits qui couraient, les satires, faisait, disait plutôt ce qui pouvait les confirmer. Vers avril 1718, il dit, d'un cœur trop plein, un mot que ne comprit pas Saint-Simon: Que les fameux soupers l'ennuyaient désormais, qu'il aimait mieux vivre en famille.
    Une folie non

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