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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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avait mis des menottes de fer horriblement serrées (180-181). La nuit, qui rend tout plus terrible, l'accabla. Un certain Belot, un exempt doucereux, lui témoigna de l'intérêt, lui fit tout espérer,s'il parlait franchement. Il écrivit pour lui une lettre de repentir (68-69), feignit de la porter au Roi; puis, lui dit: «Le Roi est content. Mais il faut davantage. Quel conseiller connaissez-vous ?» (77, 78, 163.) Damiens lui dicta quelques noms. Et alors on lui fit cette étrange question qui lui montra le piége: «Et ces messieurs qui vous payaient, où tenaient-ils leurs assemblées?» (78.) Il fut saisi d'horreur, jura qu'ils n'étaient pas complices (79, 157, 372), qu'ils étaient incapables d'un tel complot. Dans la confrontation, il accabla Belot, qui ne sut plus que dire (288).
    Cependant, le Roi, sur son lit, noyé des pleurs de Madame et de la Dauphine, amolli, détrempé, donnait répétition de la scène de Metz. Il se crut mort, cria: «Un prêtre! un prêtre!» On trouva aux Communs un chapelain de domestiques; il le prit tout de même, se confessa prestissimo . Mais son jésuite qu'on cherchait bride abattue arrivait de Paris. Et il se confessa encore. Le bon Père, lui aussi, fait sa scène de Metz. Il n'absout pas gratis. Le Roi renverra la maîtresse. Accordé sans difficulté.
    En ce moment, il était tellement sous la main du Clergé, sous l'influence aussi de ses pleureuses, Madame et la Dauphine, qu'il oublia ses défiances, envoya chercher le Dauphin, le nomma lieutenant général du royaume , lui dit: «Gouvernez mieux que moi.»
    Grand changement qui ne pouvait venir qu' in extremis . Le Roi, plus que jamais, était éloigné du Dauphin. Dans les épines qu'il trouvait au confessionnal, il sentait le Dauphin, la peur que les Jésuites avaientdu futur Roi. À cause du Dauphin, il avait déserté ses cabinets secrets où Madame voyait tout ce qu'il écrivait, et il allait écrire tout seul à Trianon. C'est la cause réelle qui l'éloignait d'Adélaïde, le séparait de celle qui l'aimait tant, mais le surveillait trop. Ici, croyant mourir, il se remit si bien au frère et à la sœur, que d'Argenson, leur homme, reçut de sa main même la clef de Trianon pour en rapporter ses papiers ( Arg. , IV, 330).
    Il se croyait toujours en danger, et Madame, exagérée en tout et d'imagination terrible, augmentait la peur par la peur. Sur un mot vague de Damiens on craignait ses complices. Au fond de son chapeau on avait lu numéro 1. Les autres? où étaient-ils? Autour du Roi peut-être? Dans la foule suspecte de tant de valets, d'employés? Et dans ce noir Paris, gouffre ignoré, profond, combien de gens perdus peuvent, avec Damiens, avoir aiguisé le couteau! Ce Paris qui criait en 1750: «Allons brûler Versailles!» n'est-il pas du complot? Et son âme homicide ne s'est-elle assez révélée (contre Madame même) au gibet de la Lescombat?
    Cette terreur dura du 5 au 9. Le Roi, tout ce temps, près de lui, se croyant en péril, gardait l'aumônier de quartier qui l'absolvait de minute en minute ( Besenval ), le tenait prêt à partir pour le ciel. Le 9, une scène touchante et bouffonne changea les pensées. Les États de Bretagne, jusque-là en révolte, apprenant l'accident, eurent un coup à la tête, un mouvement de folie généreuse (comme on n'en voit qu'entre Rennes et Quimper), pleurèrent le Roi, crièrent qu'ils accepteraienttout: «Prenez nos biens! nos vies.» Leur sensibilité grotesque imagine d'envoyer au blessé un don d'amour... une robe de chambre. La Reine en fut aux larmes, et Madame, jalouse de n'en avoir pas eu l'idée. Elle dit avec passion: «Oh! je voudrais être Bretonne!» ( Richelieu , VIII, 359.)
    L'effet fut déplorable. Le roi se crut toujours le Bien-Aimé. Rassuré, attendri par les larmes de ces imbéciles, voyant là la bonne vieille France, il ne crut devoir faire aucune concession au public, à la justice, à la raison. Jusque-là il avait quelque velléité de se fier au Parlement ( Arg. , IV, 325). Mais cela lui passa. Le Dauphin avait présidé le 6 le Conseil des ministres. Modeste et réservé, discret pour tout le reste, il avait opiné nettement sur un point (le point grave en effet): Faire le procès par une commission dont le travail serait couvert, sanctionné, par quelques magistrats valets qui seuls restaient de la Grand'Chambre. C'était étouffer le procès, l'étrangler doucement entre deux murs, entre deux portes.
    Les vrais Parlementaires

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