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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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s'étaient offerts pourtant. Leur chef, l'illustre Chauvelin, avait dit: «Il faut que l'on sache qui est coupable et qui est innocent. Il ne faut pas qu'on fasse comme pour Ravaillac, la Grand'Chambre s'y déshonora, ne laissant du procès qu'obscurité, nuages. Il y faut la lumière et tout le Parlement.»
    Le 9, le roi décide (avec le Dauphin, les Jésuites) que le procès serait fait dans un coin, croqué entre Meaupou, Molé et deux comparses, signé de cette ombre de Chambre. Puis, pour donner le change, onen lira extrait aux pairs et aux princes, qui seront appelés pour honorer la chose, un semblant de publicité.
    Qui voulait-on couvrir avec tant de précaution? Pour qui avait-on tant de crainte? Le bon sens du public posa la question ordinaire du jurisconsulte: « Cui prodest? Qui peut y avoir intérêt?»
    On se répondait: «Les Jésuites, selon la vraisemblance. Damiens, de son canif, eût fait un roi jésuite. Il avait fait du moins un quasi-roi, lieutenant du royaume (le titre de Henri de Guise).»
    «Les Jansénistes auraient été bien fous de tuer Louis XV pour faire arriver le Dauphin, celui qu'ils redoutaient le plus et leur capital ennemi.»
    L'attitude des Parlementaires, certes, disait qu'ils n'étaient pas coupables. Tout en s'offrant au roi pour juger Damiens, ils ne voulaient rentrer que par la porte d'honneur, en maintenant tous les droits de leur corps, les libertés publiques. Là ils furent intrépides, il faut l'avouer. C'était un moment de trouble, de terreur, de réaction. Le Dauphin, un Jésuite, était lieutenant du royaume. Argenson, un Jésuite, outre la Guerre, avait Paris et la Police. Argenson avait fait un pas grave, de faire tenir le Conseil des ministres dans l'appartement du Dauphin , de transférer là le pouvoir. Que fût-il advenu si Meaupou et Molé, regardant le soleil levant, pour brusquer la fortune, eussent fourré les Parlementaires dans le Procès Damiens? Notez que Damiens avait été leur domestique. Au milieu des tortures, pour être ménagé, il pouvait déposer contre eux. Superbe occasion de transférer le crime dudomestique aux maîtres, de les faire assassins, de régaler le Gesù de leur sang!
    Une chose aida fort à sauver les Parlementaires, c'est que la cabale autrichienne crut devoir travailler pour eux. Par la Dauphine et la maison de Saxe, l'Autriche avait gagné un peu le Dauphin, Argenson, mais les trouvait fort tièdes. Ils refusaient les cent mille hommes. Pour les avoir, Marie-Thérèse devait renverser Argenson, abaisser le Dauphin, faire remonter la Pompadour et le parti du Parlement.
    La Pompadour, ainsi ancrée, ne risquait guère. Avertie par Machault assez durement de son renvoi, au lieu de faire ses malles, elle donnait de grands dîners ( Arg. , IV, 330). Le roi ne sortait pas encore, n'y allait pas. Mais par Bernis, son homme, elle lui avait fait trouver bon qu'on tâtât les gens des Enquêtes, qu'on vît si justement entre ces grands crieurs la corruption ne mordait pas. Il voulait vivre. L'affaire de Damiens, où l'on ne voyait goutte, l'inquiétait et de plusieurs façons. Par Bernis ou par d'autres, il lui revint qu'on n'accusait que les Jésuites, le parti du Dauphin. Un jour il oublia qu'il était blessé, s'habilla, alla se promener... chez madame de Pompadour (15 janvier).
    Cette infortunée, toute en larmes, fut difficile à consoler. Elle voulait, exigeait pour cela que le roi chassât Argenson. Grande était la difficulté. Le roi se souvenait de la tragique scène qu'il avait eu de sa famille pour le renvoi de Maurepas. Il est vrai qu'il était frappé de l'empressement de d'Argenson pour le Dauphin. Il s'en voulait un peu lui-même d'avoir,étant si peu blessé, donné le pouvoir, et à qui! Moins à ce gros enfant qu'aux Jésuites de robe courte. Muy le fanatique, et l'intrigant la Vauguyon. Les Pères eux-mêmes ne lui plaisaient pas trop avec leur fausse austérité. Gens trop connus pour leur peu de scrupule. Dans sa correspondance étroite avec l'Espagne, qui ne cessa jamais, il savait l'audace inouïe des Jésuites (1753), lorsque leur Paraguay fit la guerre à deux rois.
    Cela trancha. Mais en immolant Argenson, il compensa la chose par une autre fort agréable à la famille: l'exil de seize conseillers, la destitution de Machault, du fameux ennemi du Clergé, contre qui depuis huit années on employait Adélaïde. Cela la calmait à coup sûr; la tempête était désarmée.
    Pendant que cette affaire se brasse

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