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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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grand maître des chansons, qui ne peut rien pour lui que faire chansonner son affaire. Voltaire rage et cherche Rohan. En vain pendant deux mois entiers (février-mars). Il ne trouve partout que des mauvais plaisants, d'aveugles sots qui disent: «Tant mieux! le moqueur est moqué!»
    Le 6 avril un fait atroce, horriblement comique, fit oublier Voltaire, retourna la risée violemment contre Versailles. Au salon de la Bulle, où récemment Tencin et sa Tencine avaient manipulé le chapeau de Fleury, un coup de pistolet s'entend. Reste un cadavre, et tout est inondé de sang. La dame avait l'usage de garder les dépôts que des amants crédules lui confiaient. Ellele fit avec succès pour Bolingbroke, mais non pour la Fresnaye, désespéré, ruiné, qui se tua chez elle. En se tuant, il laissa de terribles explications sur cette tripoteuse, sur sa maison, un mauvais lieu. Ce qu'elle alléguait, en effet, c'est que l'argent gardé était très-bien gagné, le prix de la prostitution.
    Que faire de ce cadavre? Au lieu d'avertir la police, de faire lever le corps par l'autorité naturelle, la dame avertit ses amis, le premier président, le procureur du Grand Conseil, et ces magistrats complaisants fourrent le corps à Saint-Roch avec force chaux vive, pour détruire, pouvoir dire que c'était une apoplexie. Le Grand Conseil le dit, croit trancher tout. Mais le vrai tribunal à qui appartenait l'affaire, le Châtelet, ne se paye pas de cela. Le 10 avril, il empoigne la dame. Délivrée à l'instant par Versailles (Fleury-Maurepas) qui la tirent de ces mains sévères, la sauvent, la mettent à la Bastille.
    Cependant ce coup-là fut terrible pour eux. Ils rentrèrent sous la terre, s'aplatirent, se firent tout petits.
    Fleury parle de se retirer ( Rich. , V, 122). Le 20 avril, madame de Prie écrit ( Rich. , V, 128): «Tout est rentré dans l'ordre. Je suis plus en repos.»
    Si Hérault, la Police, lui restaient, elle avait des chances. Par le procès de Des Chauffours, elle eût terrorisé Versailles, mignons, évêques, etc. Mais Hérault la trahit. Il reçut le mot d'ordre d'en haut, agit contre elle, il lui prit son Voltaire. Admirable prison de grâce et de vengeance, la Bastille à la fois reçut et la Tencin que l'on voulait sauver, et Voltaire qu'onvoulait frapper. Au bout de quelques jours, on le mit hors de France (mai 1726).
    La de Prie enfonçait. Malade, horriblement maigrie, elle-même avait donné une maîtresse à M. le Duc. Fleury en profitait. Il disait doucement à celui-ci: «qu'on pouvait s'arranger si madame de Prie et Duverney allaient à la campagne.» Mot grave. M. le Duc y sentait un mot du Roi même, haineux, craintif aussi, n'osant la regarder ( Rich. , V, 119).
    On écarta cette tête de Méduse, le rude Duverney et leur dangereux satirique. Dès lors, tout est aisé; on peut étouffer Des Chauffours.
    Hérault, avec deux ou trois juges, croque l'affaire à la Bastille. Nul mot des hauts coupables, sauf un Tavannes, simplement exilé. Des deux jolis évêques de Laon et de Beauvais, l'un fait retraite au séminaire, l'autre en famille avec les novices des Jésuites. Pour les deux cents coupables, un seul, Des Chauffours, doit payer. Le Châtelet, sur ce procès qu'il n'a pas fait, va le juger. Il y est conduit (25 mai) le 26 au matin sur la sellette pour ouïr son arrêt.—Étonnante précipitation, exécuté le soir! On paya son silence. Avant de le brûler, on eut l'humanité de l'étrangler d'abord.
    On dira que l'ânier en mars, que Desfontaines en mai, les favoris en juin, et Des Chauffours enfin (mai 1726) sont des faits sans rapport?... Mais alors pourquoi cette précipitation pour escamoter Des Chauffours, l'étrangler sans qu'il ait le temps, le moyen de parler?
    Tout est fini. Versailles est rassuré. Plus de ménagement pour la de Prie, pour Duverney. Les créaturesde celui-ci, ses ministres, font sans lui les plus graves opérations de finances. Il l'apprend, il écrit à madame de Prie qu'il faut revenir ou périr. Chose assez curieuse, Fleury lui-même par des amis engage la dame à revenir. Vrai moyen de la perdre, de vaincre l'hésitation du Roi. Son horreur (ou sa peur) de madame de Prie, s'il se retrouvait devant elle, devait abréger tout et le décider à agir.
    Elle arrive comme un ouragan, d'autre part Duverney revient et parle en maître. Le Roi est interdit. Fleury n'en tirant rien, tombe aux pieds de M. le Duc, le conjure de rester en chassant madame de Prie ( Rich.

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