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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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, V, 141). Impossible. Elle pèse, et malgré tous reste à Versailles. Le Roi alors, timidement, en caressant M. le Duc, se sauve à Rambouillet (chez d'Épernon et la maman Toulouse), mais décochant derrière le trait mortel, un mot qui met le duc à Chantilly (11 juin 1726).
    Le 12 juin, au matin, les vainqueurs travaillaient ensemble, Fleury et Maurepas ( Rich. , IV, 135), le cardinal d'accord avec les camarades, la garde-robe et la sacristie, les nouveaux rois, la cour, l'Église.
    Ajoutons-y la Banque; Fleury en était assuré. Le redoutable corps des vieux maltôtiers du grand Roi, et la recrue nouvelle des agioteurs du Régent, voyaient avec indignation un des leurs, un financier même, Duverney, éclairer les comptes, trahir les mystères des finances. Ils traitent avec Fleury. Plus de Régie; partout les Fermiers généraux. Fleury leur laisse l' arriéré . Petit mot! grande chose? Ils empochent cinquante-six millions.
    Pour brusquer ce traité, il était nécessaire que personne n'éclairât Fleury, que Duverney ne pût lui écrire une ligne, que le vieil ignorant sans s'en douter fondât les hautes dynasties financières qui ont mangé la France un demi-siècle. Duverney est mis au cachot. On le tient dix-huit mois scellé dans la Bastille. Cent commis sont chargés d'éplucher son Visa. Et l'on ne trouve rien. Un absurde procès contre lui et Barême ne produit encore rien. On voit, non sans surprise, que sa fortune est peu de chose.
    Cependant madame de Prie, M. le Duc, étaient persécutés avec ces petits soins de haine dont les prêtres ont seuls le secret. À ce Condé, à ce chasseur, l'homme de la forêt, on interdit la chasse. Il tombe dans un tel désespoir qu'il a la platitude de demander grâce à Fleury par Gesvres, un des amis du Roi qui l'ont chassé. Son néant apparut. Son âme était partie avec madame de Prie.
    Celle-ci dut vivre à Courbépine, dans l'ennui d'un désert normand. Elle avait étalé d'abord un admirable stoïcisme. Au fond, elle se mangeait le cœur, et ne pouvait pas le cacher.
    Jamais lion ni tigre en sa cage ne s'agita tellement. Elle enrageait et faisait des chansons. Elle espérait mourir, et, dans les derniers temps, elle avait essayé de se tuer par un furieux libertinage. En vain. Elle n'y avait perdu que sa santé, sa fraîcheur, sa beauté. In extremis elle gardait encore dans son désert un amant, une amie. Celle-ci, très-maligne, très-corrompue, vraie chatte, était madame du Deffand, et, parmi les caresses, les deux amies se griffaient tout le jour.L'amant, jeune homme de mérite, s'obstinait à l'aimer, toute méchante qu'elle fût. Elle avait séché sans retour, et sa dernière punition était que par l'amour elle ne pût reprendre à la vie. L'orgueil la dévorait. Elle ne voulait plus rien que mourir à la Romaine, à la Pétrone. Trois jours avant, elle jouait encore la comédie, apprit et débita trois cents vers. Elle donna au jeune homme un diamant (pas trop cher, pour ne montrer nul attendrissement, nulle faiblesse de cœur). Elle lui dit: «Va-t-en à Rouen pour affaire. Ne me vois pas mourir.» Lui parti, pour farce dernière, elle fit venir son curé, bouffonna la confession, puis but un poison violent.
    Elle eut pourtant, dit-on, beaucoup de peine à mourir, souffrit cruellement, se tordit.
    Un faux ami, le duc de Bouillon (beau-père de la Trémouille qu'elle avait chassé de Versailles), vint juste à point. Heureuse occasion de faire sa cour à Fleury, au clergé. Il décrivit comment était morte la réprouvée, dans quelle torture d'enfer, avec des cris qu'on entendait au loin. Histoire invariable qu'on avait déjà faite pour la duchesse de Berry.
    Quelque sévérité que doive l'histoire à ce tyran femelle, c'est un devoir pourtant d'avouer la vigueur qu'elle mit à soutenir Duverney, ses tentatives hardies.
    Ce rude gouvernement, tout violent et cynique qu'il fût, eut des instincts de vie que l'on put regretter dans la torpeur mortelle de l'asphyxie qui fuit, sous la pesante robe qui couvrait nos vampires, Jésuites et Fermiers généraux.
    La de Prie valait mieux. Dans ses vices odieux, elle imposait pourtant. Impure et furieuse, chose bizarre, on l'aima jusqu'au bout.
    Un des meilleurs hommes de France, Argenson, jeune alors, avoue qu'il en fut fasciné. C'était un serviteur zélé des Orléans, donc opposé à la de Prie. Esprit libre, utopiste, membre de l' Entre-sol , le club de l'abbé de Saint-Pierre, rêveur non moins que

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