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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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homme, leur ministre. La reine et ses filles en pleurèrent. Le prétexte de la maîtresse fut certaine chanson sur ses infirmités de femme, «sur les fleurs (les fleurs blanches) qui naissaient sous ses pas.» Plus, une accusation ridicule de poison, renouvelée de la Tournelle. Ce que celle-ci n'avait pu, si belle, au moment le plus tendre, la Pompadour fanée le fit, mais par l'appui sans doute de l'escalier secret à qui on ne refusait rien.
    L'Infante paraissait s'établir tout à fait. Le Roi, que cela plût ou déplût à la reine, lui faisait rendre mêmes honneurs. Elle siégeait l'égale de sa mère, près de ses sœurs humiliées. Elle usait, abusait, demandait toujours davantage. Elle eut la forte pension. Il eûtfallu de plus que le lendemain de la guerre, on y rentrât pour la faire reine. Reine? c'est peu. Son idée fixe était de conquérir l'Empire, de faire sa fille impératrice .
    Funeste idée! Elle en viendra à bout, et pour cette sottise le sang coulera par torrents. Mais il y faut le temps. Sa folle impatience fatiguait, excédait le Roi. Son départ fut pour lui et pour tous un soulagement (octobre 1749).
    Elle fut très-funeste à ses sœurs. Le Roi, fait au laisser aller du Midi, se lâcha, et pour le ressaisir, Mesdames durent descendre beaucoup. C'était Fontainebleau, et le moment des chasses qui finissaient le soir par de longs soupers de chasseurs où l'on buvait la nuit. Il fallut que Mesdames subissent et la fatigue de ces courses, et l'orgie, où, jeunes demoiselles, elles étaient tellement déplacées. On s'y contenait peu; car, depuis cette année, on trouva que la Pompadour même gênait: on ne l'emmena plus.
    M. de Luynes, si timide, n'ose omettre pourtant ce qui crevait les yeux. À ces retours de chasse , le Roi n'eut plus personne que Mesdames, toutes seules, aux petits cabinets ( Luynes , 22 déc. 1749, 12 nov. 1750).
    Quels étaient ces repas? D'Argenson nous l'apprend (III, 550); il parle d'une cuisine nouvelle , ailleurs du goût des salaisons, âcres, irritantes, qu'elles prirent, des vins dangereux d'Espagne qu'elles buvaient. Indigne amusement de voir ces pauvres dames enivrées par obéissance. Adélaïde, si jeune, ayant six ans de moins, était vaincue sans doute par le vin, le sommeil. La malade Henriette, elle-même bientôt frappée etaveuglée, endurait cette veille et ces excès forcés qui la menèrent vite à la mort.
    Une chose surprend, c'est que le Dauphin, si pieux, et qui avait tout pouvoir sur ses sœurs, n'ait pas essayé quelque chose pour les sauver, n'ait pas obtenu d'elles que, par excuse de santé ou autrement, elles éludassent cette honteuse tyrannie. Le Roi ignorait tout à fait ce qu'il était ou faisait dans l'ivresse (Voy. Hausset , l'aventure du privé et de la d'Estrades à Choisy). Le matin, aucun souvenir.
    Versailles tâchait de ne pas voir. Mais le Roi, comme le Régent, eut besoin de montrer les choses. Parfois, ayant soupé sans elles, il lui passait l'idée de les voir, et il les voulait, mais telles qu'elles étaient, sans paniers ( Luynes , X, 173, 23 déc), dans le déshabillé de cette heure avancée.
    Les paniers étaient tellement dans l'habitude, qu'une femme sans cela semblait nue. À Choisy, il était permis de s'en passer, d'aller en robe flottante (de là plus d'un scandale). Mais à Versailles, lieu de cérémonie, c'était bizarre, choquant. Elles obéissaient, et traversaient ainsi appartements et corridors, non sans pâtir sans doute, et faire pâtir aussi d'excellents serviteurs qui voyaient et baissaient les yeux.
    La Pompadour, un vrai premier ministre, et partant responsable, sentait la royauté s'avilir, s'abîmer. Elle n'entreprit pas, comme la Nesle, de défendre au Roi l'orgie du soir. Elle priait qu'au moins la chose ne fût pas solitaire, dans le secret des cabinets. Elle voulait que le Roi soupât en bas, et dans une belle salle, moins fermée, qu'on faisait exprès ( Luynes , ibid. ). Le Dauphin aurait dû, ce semble, y aider fort, obtenir par ses sœurs que l'on se rangeât à cela. Sa cabale montra une étrange immoralité, et on peut dire aussi une grande dureté pour la malade, cet instrument qu'on immolait. On voulut l'employer à mort et jusqu'au bout. Elle était bien commode pour le parti dévot. Tant muette fût-elle, on la faisait parler. On cachait le Dauphin. On montrait Henriette, comme la personne dirigeante de la famille, et le chef du conseil ( Arg. , III, 311).
    Tout cela était peu

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