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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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Très-dangereux trafic. Dans quel but? Augmenter un peu l'argent de poche, de jeu, de fantaisies furtives. Il a quitté l'armée pour toujours. Le travail, qu'on lui fit aimer un moment, la Pompadour a su fort aisément l'en dégoûter. Que faire? Enterré aux malsains cabinets de Versailles, aux malpropretés de Choisy, il fuit le jour. La nuit, il s'amuse à griser ses filles.
    Il était tout à fait indigne et incapable de soutenir la grande révolution, qui, de Law aux Pâris, de ceux-ci à Machault, Turgot, alla marchant toujours dans la pensée du siècle et qui devait plus tard se formuler ainsi: unité d'administration , suppression graduelle du privilège (et de classes et d'états) ,— égalité d'impôt .
    La nécessité impérieuse, l'embarras infini où se trouva l'État après la guerre, faisait mettre les fers au feu, par un premier appel, timide encore, aux quatre milliards du clergé. Chacun croyait qu'en France il possédait le tiers des biens. S'il daignait faire l'aumône à l'État d'un minime don , la charge portait toute sur les curés, le bas clergé. Le haut, de luxe et de luxure, dépassait la cour même. Clermont, vaillant abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui avait deux mille bénéfices à donner (et à vendre), vivait avec les filles, enlevait des danseuses, tenait bon gré mal gré par force ou peur la Camargo.
    La France agonisante pria ces fiers seigneurs de payer quelque peu. Machault voulut d'abord que l'impôt du Vingtième , commun à tous, s'étendît au Clergé (1749). Puis il lui demanda une Déclaration de ses biens (1750).
    L'obstacle était que, nulle réforme ne se faisant dans les dépenses, plusieurs (d'Argenson, par exemple) croyaient qu'on ne ferait qu'augmenter le gâchis. L'obstacle était la défiance qu'opposaient les pays d'États, leur attache à leurs privilèges. L'obstacle était surtout la désespérée résistance du grand privilégié, du plus gras, le Clergé.
    Si celui-ci eût été prévoyant, par quelque sacrifice,il se fût honoré, soutenu sur la pente où il glissait. Il préféra l'abîme. Il mit son adresse à périr. Il sut, par deux moyens, entraîner le Roi avec lui. Moyens grossiers, qui réussirent:
    1 o Dès qu'on parle d'argent, le Clergé, calme depuis dix ans, redevient fanatique. Il alarme le Roi, se bat avec le Parlement, reprend la guerre aux Jansénistes, aux Protestants, bref, fait craindre une Fronde.
    2 o Il obsède le Roi directement par la famille, employant sans scrupule l' ultima ratio , la seule force efficace auprès d'un homme si vicieux, l'énervante influence, l'aveugle dévouement de Mesdames qui s'y immolèrent.
    Mesdames Henriette, Adélaïde, vrais jouets de l'intrigue, de la fatalité, avaient le cœur très-haut, n'avaient ni adresse ni ruse. Leur sœur l'Infante fort justement disait que c'étaient «deux enfants.» Celle-ci était tout autre formée par la Farnèse, si dépravée. C'est depuis son voyage en France (1748-1749) que le Roi vécut cyniquement à l'italienne, ne ménagea plus rien.
    L'Infante, presque chassée d'Espagne, et pas encore en Italie, existait comme en l'air. Elle venait mendiante, affamée, sans chemise, demandant de l'argent, beaucoup d'argent, une grosse pension, puis des grandeurs, un trône, et le premier vacant, Naples? Espagne? Pologne? la Corse au moins. Elle était prête à tout. Ayant vu la faiblesse du Roi pour Henriette, elle, la préférée, comptait avoir bien plus. Elle disait venir pour quinze jours. Elle resta un an, serait restée toujours, si elle eût pu, eût oublié sans peine sonennuyeux Infant qu'elle n'avait presque jamais vu. Elle était partie si petite que le Roi, qui lui écrivait sans cesse, ne la connaissait pas. Il alla au-devant et eut l'agréable surprise de la trouver fort belle, grande, fraîche, parée d'une gentille petite fille. Elle avait un grand air, et ses sœurs à côté semblaient de maussades bourgeoises.
    Elle avait fort bien deviné que la Pompadour, en haine de Mesdames, lui ferait bon accueil, ne lui nuirait pas près du Roi. Elle eut en effet tout d'abord (chose mortifiante pour Henriette) la chose que celle-ci demandait, que le roi hésitait de lui donner, l'appartement de l'escalier secret qui permettait de le voir à toute heure. Faveur inestimable pour l'Infante qui avait tant à dire, tant à demander.
    Ce qui fut bien plus dur pour Henriette et pour la famille, c'est que la Pompadour fit chasser Maurepas (avril 1749), Maurepas, leur

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