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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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(septembre).
    Voltaire la remercia, par une autre imprudence,—vaillante et honorable.—C'était le moment triste où le traité brusqué qui finit cette guerre, d'un trait de plume nous ôtait nos conquêtes, toutes ces places fortes que l'on venait de prendre, ce royaume des Pays-Bas. Le maréchal de Saxe entourait et tenait Maëstricht, la clef de la Hollande,—bien plus l'occasion d'infliger aux Anglais un affront solennel, de voir prendre la place, à leur nez, sans rien faire. Il gémissait, écrivait à Versailles. Et Versailles était sourd. Excessives étaient les misères, il est vrai. Il ne restait d'argent que pour les fêtes. Les dévots d'autre part, la famille, toujours avaient maudit la guerre, fait des vœux pour les Autrichiens. On précipitait tout. On jetait les fruits de la guerre et du sang de tant d'hommes, on brûlait de se dépouiller. Peu réclamaient. Voltaire l'osa. Dans certains vers, au Roi et à la Pompadour, il finit par ce trait: «... Et gardez tous deux vos conquêtes .»
    Le traité était fait, mais n'était pas signé (il ne le fut que le 18 octobre). Plus il était honteux, plus on trouva blessant le conseil de Voltaire. On n'avait pas osé s'irriter pour Sémiramis . Pour les vers, on cria. Mesdames et leur parti s'élancent et courent au Roi (V. Laujon dans Hausset ). L'État, le Roi étaient perdus, si un homme de sa maison, son domestique , osait lui donner des avis, mêlant impudemment au nom duRoi la Pompadour. Celle-ci s'aplatit, ne dit pas un mot pour Voltaire. Pour bien faire comprendre à Mesdames qu'elle n'était plus rien près du Roi, qu'une amie, une ancienne amie, elle joua la vieille Baucis (nov. 1748). Le Roi la releva de ces humilités en la nommant surintendante de la maison de la reine ( Campan ). La reine, refroidie pour ses filles ( Luynes , VIII, 173), d'autant mieux recevait les respects de la Pompadour.
    Le vrai mot, juste et fort, sur la paix d'Aix-la-Chapelle, fut dit aux Halles, resta proverbial. Pour injure, on disait: «Bête comme la Paix.»
    Nous rendions un royaume , les Pays-Bas; et un empire , les Indes, où notre grand Machiavel Dupleix faisait l'œuvre de ruse, de cruauté, de force, qu'ont fait les Anglais par lord Clive.
    Nous avions dans les Indes un génie, un héros. Nous ruinons Dupleix, emprisonnons la Bourdonnais.
    Et cette paix contenait la guerre. Le traité fut si vague et si mal fait pour l'Amérique qu'à volonté l'Anglais pouvait mordre sur nous. D'où la guerre de Sept Ans.
    Étrange chose qu'après Fontenoy, nous subissons encore la vieille honte de Dunkerque, le rétablissant, comme il fut, quand l'Anglais mit le pied sur la tête de Louis XIV.
    Un trait encore nous entra plus au cœur: l'hospitalité de la France violée cruellement, pour obéir à l'étranger . Louis XV avait donné parole à Charles-Édouard de ne jamais le renvoyer. L'Angleterre l'exigea. Ce héros, Polonais et fou, n'entendit à nulle offre, nulleraison, nulle prière. Il n'obéit pas plus à une lettre de son père. Dans son hôtel garni, avec tous ses vaillants, il était armé jusqu'aux dents. Peut-être il avait quelque écrit. Il voulait se faire tuer, et pouvoir à jamais déshonorer le roi de France. On croit de plus qu'il était amoureux, aimait mieux mourir que partir. On le surprit en traître à l'Opéra, on le lia. Pendant ce temps on prit tous ses papiers. On l'emporta. Il faillit crever en route de fièvre et de fureur, criant «Paris! ou Paradis!» ( Arg. III, 221-227.)
    Tout cela fut cruel, nous retourna au cœur notre plaie de Dunkerque. Chacun se sentit avili. Un jeune homme, Desforges, qui avait vu la chose à l'Opéra, ne put se contenir. Il fit les vers fameux qui le mirent pour longtemps en cage à Saint-Michel. Tous les dirent et les surent:
    Peuple, jadis si fier, aujourd'hui si servile!
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XV
M me HENRIETTE—LES BIENS D'ÉGLISE DÉFENDUS ET SAUVÉS
1748-1751
    Cette ruine d'honneur, parmi tant de ruines, ce guet-apens royal fut senti, je crois, du Roi même. Pris en ce vilain cas, comme homme et gentilhomme, il semble que dès lors il commence à se mépriser. Je le vois tombé bas, et dans telles choses honteuses qui jusque-là lui auraient répugné. Il a goût à l'argent, tripote et boursicote. Puisant à volonté au Trésor, il n'en est pas moins faufilé dans la bande des loups-cerviers, spéculateur en blé.

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