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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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un Arrêt du Conseil légalisa et proclama la chose.
    Cette grâce fut sans doute obtenue par l'homme qui avait en main la pauvre âme, les confessait tous trois, le bon P. Pérusseau.
    Le Roi était comme égaré. Il se laissait conduire où on voulait. Mais il n'eut nullement l'explosion de douleur de septembre 1741. Adélaïde et lui furent troublés bien plus qu'affligés. Elle ne pleura pas, et seule de la famille elle fut exemptée d'aller au service funèbre. Si la reine fut triste, ce ne fut pas longtemps. Elle reprit le jeu le 9 mars, un mois après cette mort. Le 12, Adélaïde étant incommodée, on joue dans ses appartements ( De Luynes , XI, 440, 455). [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XVI
MADAME ADÉLAÏDE—LES BIENS ECCLÉSIASTIQUES SONT SAUVÉS
1752-1756.
    Les tragiques et bizarres portraits d'Adélaïde la feraient croire capable de grands crimes (que certes elle ne fit jamais). Si l'on ne sait son nom, on dit en la voyant: «A-t-elle fait la Saint-Barthélemy?»
    Le vrai, c'est que le signe d'une fatalité très-mauvaise, d'une grande discorde de nature, d'esprit, de race, est là. Elle resta sauvage, extrême et violente et dans la haine et dans l'amour. Mais derrière tout cela, certain mystère physique existait qu'il faut expliquer.
    Sa mère naquit, grandit dans les alarmes, les plus terribles aventures. Petite et au berceau, dans les fuites de Stanislas, on l'emportait, on la cachait. À chaque instant, on se croyait atteint par la férocité des Russes. Elle fut même un jour oubliée par ses femmes égarées qui perdaient l'esprit. Ébranlementstrop forts pour une enfant qui jamais n'en revint. Son sang troublé parut impur dans ses enfants, la plupart très-malsains. Avant le mariage, elle avait des tendances à l'épilepsie. Même mariée, la nuit, agitée de peurs vaines, elle se levait, allait, venait.
    Madame Adélaïde semble avoir hérité beaucoup de cette agitation. Elle eut (dans l'expression, le geste, la parole), le bizarre et le saccadé de ces tempéraments. Ni l'âme ni le corps n'obtinrent leur harmonie. Elle était courageuse, avait l'audace de sa race, avec certaines peurs enfantines (du tonnerre, par exemple). Elle avait la manie, une vraie furie de la musique, sur tous les instruments, mais tous dans sa main discordaient.
    La reine aimait son père et en était aimée extrêmement, rendait sa mère jalouse. Adélaïde eut d'elle encore cela, aima éperdument son père, sans mesure ni raison. Ce fut sa sombre destinée.
    À six ans, elle jura qu'elle ne le quitterait pas, se jeta à ses pieds, pleura, le fit pleurer. Seule de toutes les sœurs, elle fut dispensée du couvent. Elle resta toujours avec lui. Elle logea, vécut chez lui pendant quinze ans, dans ses belles années de jeunesse. Et après, quand il eut la dureté de la renvoyer (1768), elle resta la même.
    À sa dernière maladie (horrible et répugnante), elle vint s'enfermer dans cette dangereuse chambre; elle voulait mourir avec lui.
    On vit combien elle l'aimait, à l'âge de douze ans, dans sa grande maladie de Metz (1744). La famille ayant eu ordre de s'arrêter à Verdun, elle eut lafièvre, de douleur, d'impatience. Il fallut la ramener à Metz.
    Ce fut un grand malheur pour cette nature passionnée de rester à Versailles, dans le mauvais air de la cour, gâtée et écoutée, et toujours applaudie. Tout ce qui chez sa mère était si contenu, chez elle eut un complet essor. Enfant, on la craignait. Elle s'emportait au moindre mot, frappait du pied. (Voyez Campan, pour l'histoire du menuet bleu .)
    Elle n'avait que onze ans lorsque la guerre fut déclarée à l'Angleterre. Elle prit quelques louis et partit. On la rattrape, on lui demande: «Où allez-vous, madame?»—«Je vais me mettre à la tête de l'armée. J'amènerai l'Anglais aux pieds de papa Roi.—Mais comment?» Elle savait l'histoire de Judith. Elle dit: «Je ferai venir les lords pour coucher avec moi, dont ils seront fort honorés, et je les tuerai tous l'un après l'autre.—Ah! Madame, en duel plutôt?...—Papa Roi défend les duels, et le duel est un péché.» ( Rich. , VIII, 77, 78.)
    Si fière, elle méprisait tout. Nul, hors le Roi, ne fut homme pour elle. Elle avait quatorze ans, quand une de ses femmes eut l'indignité de lui prêter un livre obscène, de honteuses gravures. Mais on ne voit pas qu'elle ait eu de petites faiblesses vulgaires. Sa passion innée et l'orgueil la gardaient. On la prenait par là. Ces

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