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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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trouver dans ce lieu vénérable la machine aux pamphlets, aux libelles ecclésiastiques. La cabale employa près du Roi un moyen puissant, l'indignation d'Adélaïde. Avec une décision brusque, surprenante à son âge (dix-neuf ans), elle quitta le logis de faveur, l'escalier si commode,et s'éloigna du Roi. Comme Achille irrité, elle se retira sous sa tente, je veux dire dans l'appartement lointain, toujours vacant, de la duchesse du Maine ( Luynes ).
    Cette férocité dura un mois ou deux. Le Roi vint à composition. Fontainebleau, lieu fatal, fait toujours ces miracles. Cette fois, sans retour. Le Roi, dès ce moment, put feindre, varier d'apparence, traîner, flatter le Parlement. De cœur, d'intention, il fut pour le clergé. On ne fit rien à temps. On ne prépara rien. La guerre nous trouva désarmés.
    À ce brillant Fontainebleau (le plus brillant qui fut jamais), le roi ne parlait guère. Elle parlait à sa place, et très-haut. Elle ordonnait en reine, disant du roi et d'elle: «Nous»—réglant le présent, l'avenir: «Nous ferons ceci ou cela.» ( Argenson. )
    Elle avait un mordant, autant que la Pompadour en avait peu.
    Elle aimait la musique, comme son frère le Dauphin. Mais, comme lui, elle était baroque. Elle apprit tous les instruments avec une ardeur furibonde. Son père souvent par jeu lui mettait dans les bras un violon ( Luynes , XI, 168). Son excès d'ardeur, déréglée, était trop dissonante. Elle ne put arriver à rien.
    La majesté surtout lui manquait et la grâce. Hautaine, s'il en fut, c'était pourtant toujours, à vingt ans, un page de quinze, un mutin petit page. Elle avait beaucoup moins le charme d'une femme que d'un ardent petit garçon, âpre, colère. La colère rend vulgaire; elle avait des mots lestes, qui n'allaient guèreà son sexe, à son rang. Ses risées de la Pompadour étaient souvent très-basses. Elle l'appelait: «Maman putain.» Les petites Mesdames le répétaient. Et le roi l'entendait. Cela faisait penser à tous que c'était fini d'elle, qu'elle serait chassée de la cour ( Arg. , sept. 1752).
    Que ferait-on pour elle, pour lui donner les Invalides? Elle eût voulu être duchesse, ne l'obtint pas; mais seulement prit son tabouret chez la reine, qui la souffrait chrétiennement.
    Le signe le plus fort qu'on crut voir de sa chute, c'est que ses parrains, ses patrons, les Pâris, crurent prudent de lui tourner le dos (ils lui revinrent plus tard). Pâris Duverney, le guerrier de la famille, voyant venir la guerre, apporta ses offres et ses plans à l'ennemi de la Pompadour, à d'Argenson cadet. Pâris Montmartel apporta sa bourse, offrit sa caisse à l'archevêque de Paris, en cas qu'il fût saisi et frappé dans son temporel.
    L'Autriche, parfaitement au courant de la situation, au moment décisif du triomphe d'Adélaïde (sept. 1752, Fontainebleau), crut que nous revenions aux alliances catholiques. Pour nous brouiller à fond avec l'Angleterre et la Prusse, elle envoya Kaunitz, le magnifique ambassadeur, attentif à se faire Français.
    Un mois après Kaunitz, arriva notre infante de Parme, tout aussi Autrichienne, possédée du grand rêve de faire sa fille impératrice. Elle fut très-habile, enveloppa Adélaïde. Elle pleura dans ses bras ( Luynes , XI, 161), ne voulut loger qu'avec elle et chez elle (où était la vraie royauté).
    Tel est Fontainebleau dans ce mémorable moment. La représentation du Devin du village , le succès de Rousseau, applaudi de la cour, en est la forte date. Un philosophe avait contre les philosophes levé le drapeau rétrograde (le Discours contre les sciences ), frappé sur son parti. En cette même année 1752, Frédéric fait brûler un livre de Voltaire! Quelle joie pour les dévots! Montesquieu et Buffon plient devant la Sorbonne.
    Diderot, enfermé à Vincennes (1749), ne commence l'Encyclopédie qu'en prenant pour patron un ministre jésuite (1751), ne la sauve du coup de mars 1752 qu'en acceptant des censeurs prêtres. Il la continuera à travers les saisies, les défections (celle de d'Alembert, et les mortels coups de Rousseau 1757).
    L'opposition a bien peu d'unité. Le Parlement n'est pas moins divisé que le parti philosophique. Avec son vieux fond janséniste et sa jeune minorité politique, révolutionnaire, il marche de travers, il boite ridiculement. Tout en attaquant l'archevêque, il attaque l'Encyclopédie; il s'affaiblit ainsi, et tue sa popularité.
    Les Jésuites et leurs hommes, les meneurs du

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