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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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l’Angleterre que notre marine fût désorganisée par des troubles. L’Assemblée avait fermé les yeux sur ces désordres, même sur ceux, particulièrement graves, qui étaient survenus à Toulon. Au mois d’août 1790, il fallut reconnaître que l’indiscipline gagnait l’armée. Trois régiments s’étant révoltés à Nancy, l’Assemblée cette fois s’émut et chargea de la répression Bouillé qui commandait à Metz. La répression fut sévère et, pour les journaux « patriotes », les mutins du régiment de Châteauvieux : devinrent des martyrs. L’exemple de Nancy, l’énergie de Bouillé arrêtèrent la décomposition de l’armée, mais l’Assemblée intimidée n’osa plus sévir. Une insurrection générale des équipages, qui éclata bientôt à Brest, n’eut pas de sanction. En peu de temps, la discipline fut ruinée dans les escadres et dans les arsenaux. Des attentats eurent lieu contre les officiers eux-mêmes dont une grande partie émigra, abandonnant « des postes où il n’y avait plus ni honneur ni sécurité ». Bientôt la Révolution sera en guerre contre l’Angleterre, et sa marine ne pourra plus, comme le Vengeur, que se faire couler. Bouillé a du moins rendu le service de conserver debout l’ancienne armée dont la Révolution ne devait pas tarder à avoir besoin.
    « Cent folliculaires dont la seule ressource est le désordre, une multitude d’étrangers indépendants qui soufflent la discorde dans tous les lieux publics, une immense populace accoutumée depuis une année à des succès et à des crimes. » C’est Mirabeau qui peignait en ces termes l’état de Paris à la fin de l’année 1790, trois mois après la retraite définitive de Necker, le sauveur d’autrefois parti sous les huées. Mirabeau entreprit alors de modérer la Révolution sans rompre avec elle, en restant même affilié aux Jacobins. Il voulait utiliser le prestige que la royauté possédait encore, préparer de prochaines élections pour obtenir une Assemblée d’opinions moins avancées, réviser la constitution dans un sens raisonnable et qui ne diminuât pas à l’excès le pouvoir. Mirabeau n’était pas seul à former des projets de cette nature. Pour les exécuter, il fallait s’appuyer sur quelque chose, puisque les Jacobins s’appuyaient sur l’émeute. Mirabeau songeait depuis longtemps à arracher le roi et l’Assemblée à la pression de la démagogie parisienne. On n’y parviendrait qu’en protégeant cette espèce de retraite par une force armée, mais on ne pouvait pas compter sur la garde nationale et, d’ailleurs, La Fayette, pressenti, avait refusé. Restait l’armée régulière. Bouillé, le chef que la répression de Nancy avait mis en évidence, proposa un plan d’après lequel Louis XVI viendrait le rejoindre à Montmédy, après quoi il serait possible de réunir ailleurs qu’à Paris une Assemblée nouvelle.
    Personne ne peut dire ce que ce plan aurait donné si Mirabeau avait vécu. Aurait-il obtenu de l’Assemblée l’autorisation de laisser partir le roi, sous un prétexte quelconque, pour une place de la frontière ? Aurait-il même persisté dans ses projets ? Le secret n’avait pu être gardé, et les Jacobins, mis en éveil, réclamaient déjà des mesures contre l’émigration et les émigrés. En tout cas, Mirabeau mourut, après une brève maladie, le 2 avril 1791. Ses relations avec la Cour étaient connues. On lui reprochait tout haut d’en avoir reçu de l’argent pour payer ses dettes. Malgré les funérailles solennelles qui lui furent faites, son crédit commençait à baisser sous les violentes attaques de Desmoulins et de Marat. Il est probable qu’il aurait été bientôt réduit à se défendre : il avait prévu lui-même « l’ostracisme ». Il disparut. Ses plans, déjà peu sûrs lorsque son influence s’exerçait, devenaient bien aventureux. Cependant Louis XVI et Bouillé y persistèrent, virent même dans la mort de Mirabeau une raison de plus d’échapper à la tyrannie parisienne : le 18 avril, une émeute avait empêché le roi d’aller à Saint-Cloud, et un bataillon de la garde nationale, celui de Danton, avait tenu en échec La Fayette accouru pour dégager les Tuileries. Le roi, malgré la constitution, n’était plus libre. Le parti constitutionnel était impuissant à protéger sa liberté. Cet événement acheva de déterminer Louis XVI. Il quitta les Tuileries dans la nuit du 20 juin avec sa

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