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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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gouvernement et de choisir entre les théories constitutionnelles à la mode. Il s’agissait aussi de gouverner en constituant. Tout en construisant les étages de sa constitution, l’Assemblée gouvernait et les mesures qu’elle prenait devaient avoir des répercussions qu’elle ne calculait pas, De plus, il fallait compter avec les ambitions personnelles, les hommes qui aspiraient au pouvoir, les partis, déjà apparus, et qui lutteraient pour le conquérir. La constitution monarchique que l’on préparait serait éphémère. Pour les mêmes raisons, celles qui la suivirent ne devaient pas l’être moins.
    Pour se guider à travers ces événements confus, il faut s’en tenir à quelques idées simples et claires. Tout le monde sait que, jusqu’au 9 thermidor, les révolutionnaires les plus modérés, puis les moins violents furent éliminés par les plus violents. Le mécanisme de ces éliminations successives fut toujours le même. Il servit contre les Constitutionnels, contre les Girondins, contre Danton. Le système consistait à dominer la Commune de Paris, à s’en emparer, à tenir les parties turbulentes de la capitale dans une exaltation continuelle par l’action de la presse et des clubs et en jouant de sentiments puissants comme la peur de la trahison et la peur de la famine, par laquelle une grande ville s’émeut toujours, puis à intimider par l’insurrection des assemblées remplies d’hommes hésitants et faibles. La politique financière, la politique religieuse, la politique étrangère des deux premières Assemblées, la Constituante et la Législative, aidèrent singulièrement au succès de cette démagogie qui triompha sous, la Convention.
    Le pouvoir exécutif était suspendu et les ministres ne comptaient pas. Souverainement, l’Assemblée légiférait sans trêve. Elle remaniait la France, simplifiait jusqu’à la carte, divisait les provinces en départements de taille à peu près égale, mettait l’uniformité où était la diversité. Cette toute-puissance s’arrêtait devant le déficit. L’Assemblée aggravait même la détresse du Trésor par des innovations qui ouvraient de nouvelles dépenses en obligeant à des rachats et à des remboursements en même temps qu’elles tarissaient d’anciennes ressources sans en apporter de nouvelles ; l’abolition des privilèges fiscaux ne donna rien, parce que ceux qui payaient déjà demandèrent et obtinrent d’être dégrevés dans la mesure où les ci-devant privilégiés paieraient à l’avenir. Quant au recouvrement des impôts, nous avons déjà vu que l’anarchie en rendait les résultats presque dérisoires. Ils étaient et ils devaient être de plus en plus inférieurs aux prévisions en raison du relâchement de l’autorité, de la désorganisation générale et du bouleversement des fortunes.
    Dès l’automne, l’Assemblée s’était trouvée devant un véritable gouffre. Necker, avec ses vieilles recettes, n’était plus écouté. Le magicien d’hier avait perdu son prestige. Il fallait trouver quelque chose. On trouva ceci. Le clergé possédait des propriétés foncières considérables. Il consentit à les « mettre à la disposition de la nation » pour une opération de crédit assez semblable à celles qui avaient lieu sous l’ancien régime où l’État empruntait volontiers par l’intermédiaire des grands corps et des municipalités. Le clergé fut dépouillé vainement. Dès que l’Assemblée put « disposer » de cet énorme capital, la tentation lui vint de le monnayer pour sortir d’embarras d’argent pires que ceux auxquels elle s’était flattée de remédier. Les biens ecclésiastiques, grossis bientôt de ceux de la couronne et de ceux des émigrés, formèrent les biens nationaux qu’on mit en adjudication. Les assignats furent d’abord des obligations hypothécaires garanties par les biens nationaux et qui représentaient une avance sur le produit des ventes. Seulement, la valeur des terres à aliéner étant considérable (on a pu l’estimer environ deux milliards), on voulut éviter un échec et, afin d’attirer les acquéreurs, on stipula qu’ils auraient douze ans pour se libérer. Ces dispositions eurent des conséquences d’une portée historique auxquelles personne ne s’attendait.
    En effet, les 400 millions d’assignats-titres émis au mois de décembre 1789 furent rapidement absorbés : les besoins du Trésor étaient immenses et toujours croissants.

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